Thursday, August 31, 2006

Albert Cossery

La mort de Mahfouz me fait penser à Cossery. Mahfouz était né en 1911, Cossery en 1913. Ils sont tous les deux Égyptiens. Mais ça s'arrête là. L'un a gagné le prix Nobel de littérature et est devenu un personnage médiatique. L'autre est un vieux garçon qui habite dans une chambre d'hôtel et qui déclare vouloir ne jamais rien posséder. L'un écrit en arabe, l'autre écrit en français.
Le premier roman de Cossery que j'ai lu est peut-être son meilleur : "Mendiants et orgueilleux". À travers un personnage charismatique (Gohar), ancien professeur d'université qui démissionne et se transforme en mendiant, parce qu'il ne voulait pas enseigner des mensonges, Cossery dépeint son Égypte : pauvre et crasseuse, regorgeant de personnages uniques : Un policier homosexuel, la femme d'un homme-tronc qui est jalouse de ses discussions avec la gente féminine, un jeune bourgeois qui se laisse séduire par le policier, mais le déteste...Cossery fait sa révolution avec sa plume. Ses personnages sont toujours un tantinet philosophes, sa vérité est pleine de dérision, la paresse plâne sur ses romans. Il voudrait que le monde cesse de tourner dans le mauvais sens et pour ce, il écrit.
En ce moment, Cossery vit encore en France où il est arrivé en 1945, à bord d'un bateau et est resté. Il vit dans la même chambre d'hôtel depuis, à Saint-Germain-Des-Prés. Il a un cancer du larynx, ce qui l'empêche de parler. Inutile de vous dire qu'avec une plume comme la sienne, on n'a pas besoin de parler. On écrit. Et croyez-moi, c'est un plaisir immense que de le lire.

Certains faits à savoir :
- Cossery était admiré, entre autres, par Camus et Miller.
- Le premier recueil de Cossery "Les hommes oubliés de Dieu" fut découvert et traduit par Henry Miller.
- Quand on lui demande pourquoi il écrit, Cossery répond : "Pour que quelqu'un qui vient de me lire n'aille pas travailler le lendemain".

Certaines déclarations de Cossery, vous donneront une idée de sa personnalité :
- Quand vous achetez une voiture, vous devenez esclave, vous vous constituez prisonnier.
- Pourquoi travailler quand on peut l'éviter ?
- Je ne sais qu'écrire.
-
Le progrès social commence toujours par l'indépendance des fesses.
-
Enseigner la vie sans la vivre était le crime de l'ignorance la plus détestable (Mendiants et orgueilleux).

Un extrait de Mendiants et orgueilleux :

"A part cette chaise, il n’y avait rien d’autre qu’une caisse en bois retournée sur laquelle trônaient un réchaud à alcool, une cafetière et une gargoulette contenant de l’eau potable. Gohar vivait dans la plus stricte économie de moyens matériels. La notion du plus élémentaire confort était depuis longtemps bannie de sa mémoire. Il détestait s’entourer d’objets; les objets recelaient les germes latents de la misère, la pire de toutes, la misère inanimée; celle qui engendre fatalement la mélancolie par sa présence sans issue. Non pas qu’il fût sensible aux apparences de la misère; il ne reconnaissait à celle-ci aucune valeur tangible, elle demeurait toujours pour lui une abstraction. Simplement il voulait protéger son regard d’une promiscuité déprimante. Le dénuement de cette chambre avait pour Gohar la beauté de l’insaisissable, il y respirait un air d’optimisme et de liberté. La plupart des meubles et des objets usuels outrageaient sa vue, car ils ne pouvaient offrir aucun aliment à son besoin de fantaisie humaine. Seuls les êtres dans leurs folies innombrables, avaient le don de le divertir."


Wednesday, August 30, 2006

Surnuméraires

J'ai la joue enflée. Anesthésie. Je viens de me faire enlever une de mes nombreuses dents surnuméraires. J'ai faim. La salade me guette. Je mange petite bouchée par petite bouchée. Je prends mon temps. Cela fait combien de temps que je n'ai pas mangé aussi lentement ? Les choux-fleurs, la tomate, le brocoli, ont brusquement un autre goût dans ma bouche. C'est un autre monde. Un monde à ma portée, que je fréquente chaque jour, mais que je ne prends jamais le temps de connaître.

Joue enflée. Mal pour un bien.

Condoléances


Naguib Mahfouz, premier écrivain arabe à gagner le prix nobel, est mort.

Ce fut un grand. Son livre "Les fils de la Médina" m'avait laissé un doux souvenir.

Il nous quitte, mais ses livres restent.

Mes condoléances au monde littéraire.

Tuesday, August 29, 2006

Heureuse blague

Dimanche soir. Au milieu d'une discussion drôle, au milieu de remarques ludiques, la blague.

Une voyante lit dans la main d'un monsieur.

- Vous allez vivre longtemps, lance-t-elle.

Le monsieur est très content. Il lui donne son dû et la quitte le sourire jusqu'aux oreilles.

En traversant la rue, il se fait écraser par une voiture et meurt.

Et la voyante de lancer : Ah, que le temps passe vite !

Et le rire de Y. et le mien de retentir chez K. et S.

gnawa diffusion live in mulhouse-france


Enregistrement amateur. Le son n'est pas extra. Mais pour vous donner une idée...le chanteur est Amazigh, fils de feu Kateb Yacine, grand écrivain Algérien d'expression française. L'un des rares artistes vivants que je respecte.

Ce Maroc que je n'ai pas connu

On peut ne pas aimer ce genre de musique. Mais il faut reconnaître l'effort. Il faut reconnaître la fougue. On ne peut que respecter. Vive la jeunesse !

La poisse

Le film est à 21h00. Il est 8h 30. Je démarre la voiture. Enfin, j'essaie de la démarrer. Rien. Aucune réaction. Heureusement que j'ai un vélo. Et qu'Excentris, ce n'est pas si loin...

Il est minuit, la voiture a pris sa route vers le garagiste. Sans moi.

Je n'aime pas me plaindre. Mais, depuis quelques mois, tout ce que j'entreprends tombe à l'eau. Tout.

Aurais-je brisé un miroir dernièrement ? Un crapuleux sorcier m'aurait-il jeté un sort ? Est-ce un mauvais rêve ?

Pincez-moi que je me réveille !

Monday, August 28, 2006

Écrivain méchant


La Presse. Sur une page, un titre : Danger, écrivain méchant. Sur une autre page, un autre titre : Crawford utilise le botox. La vie est faite de contradictions. De suite de scènes, allant du burlesque au touchant. La vie est banale. La vie est intrigante. La vie est tout et rien. Et nous en sommes les marionnettes. Ou les malheureux protagonistes. Danger, un écrivain méchant. Ça m'intéresse. C. utilise le botox. Qu'est-ce je m'en fous ! Elle pourrait se mettre du beurre rance sur le troisième cil de l'oeil droit que je trouverai ça tout aussi insignifiant. Mais écrivain méchant, ça, c'est du matériel.

Chacun ses intérêts dans la vie.

Mais qui est cet écrivain méchant ?

Je l'ai connu à travers Les mots des autres. Et je l'ai respecté. Belle plume. Belles histoires. Et un courage. Et une dignité. Et une singularité qui sort du lot. Quand Lepage et Tremblay émirent leurs opinions controversées (sic) sur la souveraineté, VLB leur sauta au cou et les condamna publiquement. Extrémiste. Je l'ai trouvé extrémiste et impulsif. Ce n'est pas pour autant que j'ai discrédité l'écrivain. Les mots des autres, c'est toujours aussi bon. Pourquoi ne le serait-ce pas ? Ce sont toujours les mêmes mots, la même poésie, la même histoire d'un homme qui aime la littérature, qui aime les livres, que ce soient les siens ou ceux des autres.
Voilà qu'il nous sort cet essai annoncé depuis 33 ans sur James Joyce. Car VLB fait partie de cette infime partie des gens (dont je ne suis pas membre) qui encense Ulysse. Ou plus exactement, qui a compris Ulysse. Je dois vous avouer que je suis encore à la 600ème page. Et que je ne comprends pas grand-chose. P'tite tête que je suis. P'tite tête avec peu d'intelligence. VLB, lui, a compris. Et quelques uns dans ce monde. Fante le citait dans un des ses livres. Et d'autres. Comme mon ancien prof, devenu ami depuis, Ivan, qui trouve que c'est le meilleur écrivain du 20ème siècle. Demandez à n'importe quel orgueilleux intello s'il a lu Ulysse. Il vous dira que oui. Ne lui demandez pas, ensuite, de vous en faire le résumé. Surtout pas devant tout le monde. Attention, je ne suis pas en train de vous dire que tous les gens qui comprennent ce que raconte Joyce sont fous ou prétentieux. Je vous dis juste qu'ils sont rares. Tellement rares que, des fois, il faudrait s'en méfier.

Revenons à nos moutons.

L'article nous dépeint VLB exactement comme je l'imaginais. Provocateur. Particulier. Peu con. Un homme dans le vrai sens du terme. Un homme avec des poules, des chiens, une ferme. Amoureux authentique de la littérature. Un homme qui dort 4h par nuit, se réveille tôt, écrit, puis prend soin de ses animaux. Un homme dont l'affiche de la propriété dit : Attention, écrivain méchant. Un homme avec qui on voudrait prendre une bière et discuter. En s'attendant à ce que, de temps en temps, il nous énerve et qu'on veuille lui foutre un coup poing sur la gueule. Un vrai homme, vous savez ? Pas un homme programmé. Pas un homme qui suit des règles ou des conventions. Pas un homme prévisible. Non. Un homme respectable.

L'article me laisse rêveur. Si j'avais à écrire un livre avec, comme protagoniste, un écrivain, je l'aurais imaginé comme ça. Exactement comme ça. Vivant en campagne. Avec des animaux. Une pipe. Une barbe hirsute. Disant des énormités de temps à autre et les assumant. Écrivant de bons et de moins bons livres. Vivant de sa plume. Vivant de son cerveau. Loin des cons. Victor-Lévy Beaulieu est un personnage finalement. Et j'aime les personnages.

Sa majesté l'Été


J’ai passé tous les étés de mon enfance au bord de la mer. Du début du mois de Juin à la fin du mois d’Août. Je devenais noir. La protection solaire ? Je ne connaissais pas ça. J’étais petit. Les cheveux raides. Et je courais. Et je me baignais. Je mangeais peu. La mer, pour moi, c’était, c’est, le paradis sur terre. Quand la fin du mois d’Août approchait, quand cette brise de fin d’été se ressentait, je commençais à avoir la gorge serrée et mes yeux naturellement tristes, prenaient la couleur d’un soir frais d’automne, où seuls les oiseaux pubères osent braver nus ce froid subtil qui vous ronge les os. Pour moi, c’était ça la fin de l’année. Pas Décembre. Pas Noël. Pas le réveillon. Non. La fin de l’été était la fin de l’année, tout court. Et le début de l’année scolaire. D’autres amis. D’autres maîtresses d’école. D’autres étrangers. Neuf longs mois avant la prochaine baignade torse nu et nez au ciel, dans le royaume de la mer salée. Seul ou avec mes cousins, au bord de la mer, avec rien ou presque, nous faisions le tour du monde. Nous inventions des histoires, des châteaux, des guerres et des princesses à sauver. Aucun réalisateur au monde ne pouvait prétendre avoir plus d’imagination que nous. Et quand le coucher du soleil approchait, arrivait le moment de la dernière baignade de la journée, dans une eau plus chaude, plus calme. Cette dernière baignade avait quelque chose d’intime. Nous étions, la mer et moi, deux amis de longue date, qui faisaient un tour ensemble. Tout était magique. Le silence régnant. Le peu de baigneurs. Le soleil qui s’éclipsait peu à peu. Et ma solitude. Je chéris cette solitude, tête-à-tête avec la mer, pleine d’innocence et de fraîcheur. Je la chéris et je la recherche encore de temps en temps, quand dans un lac d’eau douce, je m’isole au bord de l’eau et je plonge, m’inventant l’odeur de l’eau salée, les vagues de l’Atlantique et ces épaves de canettes ou de bouteilles de plastique, traînant sur l’eau, preuve, s’il en fallait, du désordre social et humain de mon pays natal. Désordre apparent jusque dans ses plages.

C’est depuis que je honnis l’arrivée de l’automne. C’est depuis qu’une journée grise d’été a des allures de traîtresse dans mon cœur. Comment oses-tu ô Dieu du mauvais temps et des nuages lugubres me voler ma journée d’été, que je ne reverrais jamais ? N’en as-tu donc pas assez avec tes autres deux cent soixante-quinze jours de l’année ? T’en faut-il d’autres pour te rassasier la panse ?

Dimanche, il a plu toute la journée. Aujourd’hui, j’ai mis un pull et je n’ai même pas osé prendre mon vélo. Un petit froid règne. Ce n’est pas Janvier et ses tempêtes de neige. Ce n’est pas Décembre et ses arbres de Noël, grossièrement maquillées de guirlandes insignifiantes. Ce n’est que la fin d’Août. Ce n’est que la fin d’un autre été. D’une autre année, qui s’en va à pas de géant, rejoindre ces autres années passées, assises au même coin du ciel, me guettant tranquillement, regardant paisiblement l’horloge de ma vie qui avance, mais ne recule guère. Petit à petit, ces années font foule. Petit à petit, elles se font plus nombreuses que celles qui nous restent. Et nous avançons, pressés et inconscients vers ce mur qu’on ne franchira pas.

Été 2006, adieu !

Saturday, August 26, 2006

Montréal. 23h 19.

Deux bouteilles de vin à deux. Un souper. Je conduis. La sirène. Les gyrophares. Je mâche du chewing-gum. Je le jette. Votre permis s’il vous plaît. Oui, bien sûr. Mais vous connaissez la blague de l’âne ? Le paysan arrive affamé à l’auberge. J’ai faim, mais j’ai pas d’argent. L’agent me coupe net : il ne veut rien savoir de ma blague. J’arrête. Excès de vitesse. Je plaide ma cause. L’embouteillage. Montréal en chantier. Demain, je travaille tôt. Très tôt. Je n’ai jamais eu de contraventions. Ici au Québec, on s’entend. Je plaide ma cause. Et le policier me trouve sympathique. Il me trouve hâbleur, mais pas trop. Mes yeux rouges ? Les allergies, monsieur l’agent. Si on pouvait couper toute cette herbe à poux, le monde irait mieux. Et j’aurais les yeux moins rouges. Monsieur l’agent a des airs de Lénine. Avec son crâne dégarni. Sa petite barbichette. Son petit sourire malicieux. Lénine est frappé par le Dieu de la clémence. Il me dit qu’il mettra une note sur mon dossier. Oh, oui. Faites donc. Je ferai attention la prochaine fois. Fichtrement attention. Au revoir, Lénine. Je roule aussi vite qu’avant. Mes yeux rouges, vous l’aurez deviné, ce n’est pas seulement les allergies. Rue Mont-Royal. J’aperçois un comédien dans un taxi à proximité. Il a l’air rond. Quand je suis rond, dans ma tête se crée le royaume des ronds. Ils sont tous mes frères. Le comédien, j’ai envie de le prendre dans mes bras et de le féliciter d’avoir atteint le même nirvana que moi. Comment t’appelles-tu ? Mes neurones, ah, mes neurones, si vous pouviez ne jamais me lâcher quand j’ai le plus besoin de vous. L’alcool ? Eh bien, habituez-vous ! Comment t’appelles-tu ? Je t’ai vu à la télé. Une pièce théâtrale. Une adaptation. Par un dimanche soir froid et calme. Ulysse. Oui. Ulysse. Son nom me revient. Mais pas son prénom. Papineau. Hey, Papineau, ils sont fous ces gens, n’est-ce pas ? Papineau me sourit. Il m’a reconnu. Il a reconnu son frère. Au regard. Aux yeux mielleux. Oui, ils sont fous. Très fous. Feu vert. J’avance. Ah, la rue Mont-Royal. Que je te préfère à dos de vélo. Que j’aime tes bouquinistes. Tes boulangeries. Tes cafés. Que je n’aime pas tes habitants trop snob et tes légumes trop chers. Mais comme ça, en voiture, à presque minuit, avec un embouteillage pareil, je ne t’aime pas, je ne te déteste pas. Tu es insignifiante. Tu me grignotes. Tu m’ingurgites. Je suis trop petit devant ton enfer. J’avance à pas de souris. Et la pollution. Et le bruit. Foutues villes. Foutu stress. À quoi bon tout ça ? À quoi bon courir ? Et vers quoi ? Je roule. Virage à droite. Rue lugubre et noire. Airs d’un mauvais film Américain. Ne manque que la musique de pacotille. Et un type qui se fait tabasser. Et moi qui arrive. Et ma cape noire. Et je leur tombe dessus. Et l’homme est sauvé. Et je m’éclipse. J’arrête la voiture. Je me délecte à l’écoute du silence. À la vue du noir. J’éteins les phares. Et j’écoute mon cerveau qui bourdonne. Je lui parle. Pourquoi ne pas te calmer ? Pourquoi ne pas prendre du repos ? Es-tu maudit ? Le cerveau répond par une multitude d’idées incohérentes et peu linéaires. Je ne te comprendrai jamais. Ne suis-je pas ton maître ? Pourquoi ne m’écoutes-tu pas ? Le silence. Même les oiseaux dorment. Le trottoir qui me regarde du coin de l’œil. Le ciel qui se repose tranquillement. Je redémarre. Quelques rues plus tard, je stationne. Je ne suis plus au royaume éthylique. Je suis redescendu sur terre. Et je n’ai plus de cape. Demain sera une longue journée. Mais je survivrai. Comme j’ai toujours survécu.

Le nouveau monde

Je veux un navire

Majestueux et fonceur

Je serai chevalier

De mon Océan fidèle

Je te frèrerai ô vent

Et tu me porteras ô vague

Sur ton échine épaisse

Vers d’autres cieux

Beaucoup plus heureux

Vers d’autres terres

Jamais encore foulées

J’écrirai du bout des doigts

Avec des oiseux rêveurs

Qui me murmureront leurs vérités

D’une voix tintée

D’authentique bonté

La nouvelle histoire

Du nouvel univers

De la nouvelle vie

Où je serai seul

Seul et demain

Au bout du nouveau monde

Banalités

Il fait beau aujourd'hui. À 8h 00 du matin, j'ai de l'ambition. Je veux bouger. Je veux un lac. Je veux des arbres. Je veux des oiseaux. Je veux tutoyer ce beau soleil qui se fera bientôt rare. Mes amis dorment. Ou sont en voyage. Je sors Sur la route. Il ne me reste qu'une dizaine de pages. Fini. Ah, ce Dean Moriarty. Ah, ce Sal Paradise. Ah, cette route, cette épopée. Cette Amérique que je lis depuis longtemps, mais que j'ai pas encore visitée. Je me dirige vers ma bibliothèque. Je remets le livre à sa place. Et je découvre que j'ai un autre Kérouac : Maggie Cassidy. J'aime ce genre de surprises. Allez hop, tu seras peut-être le prochain. Toi ou Ferdydurke de Gombrovicz (J'en ai avais lu une dizaine de pages) ou encore La civilisation, ma mère de Chraibi. Vous ai-je déjà parlé de Chraibi ? Du Passé simple ? De Lu, vu, entendu ? du Monde à côté ? De son inspecteur Ali ? Un humour cinglant ce cher Driss. Je l'aime bien. Un écrivain courageux...
J'allume la télé. Lyon marque un deuxième but face à Nice. Hors-jeu ou pas hors-jeu ? Je me fais une omelette. J'ouvre les fenêtres. Je respire. Quelle belle journée ! J'appelle Fred. Souper ? Rôti de boeuf. Maison du rôti, tu ne perds rien à attendre ! Alors, je me calme. Quel agité ! Dean Moriarty aurait-il perverti mon esprit ? Je ne le sais guère. Je me pose sur le canapé. Je pense. Quelle belle journée dehors ! Assez belle pour rester oisif chez soi. Oisiveté. Déesse de mes heures perdues. Perversion de mes ambitions. Je t'aime...

Thursday, August 24, 2006

Souriez !

Quel beau souvenir ! Dans 10 ans, ils (elles) pourront constater les traces du temps qui a passé...

Arthur, ton nom est trop beau pour toi

André Arthur. Ça fait noble, ça fait chevalier des Arts et des Lettres, ça fait dramaturge. Je ne sais pas moi. Ça fait un tas de belles choses, mais pas un politicien qui ne sait pas ce qu'il dit. "Je n'ai aucune compassion pour les 15 500 Libanais rapatriés au Canada." D'accord, tu as le droit Arth, mais peux-tu nous expliquer pourquoi ? "Ils gardent leurs passeports pour venir skier au Canada et ramener leur tante se faire soigner." D'accord Arth, décortiquons ce que tu dis. D'abord, des Libanais qui skient, c'est aussi courant que des Japonais qui font du Curling ou des Botswanais qui font du 4x100 mètres Crawl : il y en a quelques uns, mais ils ne sont pas légion. Ça vient de la Méditérranée, ces gens-là, pas des Alpes. Okay, Arth ? Deuxième partie de la déclaration. C'est là que tu t'engouffres Arth. "Ramener leur tante se faire soigner". Tu devrais t'informer un peu plus, lire 7 fois avant de cracher tes mots. Ce n'est pas parce qu'on est citoyen qu'on peut ramener facilement sa tante se faire soigner. D'abord, il lui faudra un visa. Ensuite, pour se faire soigner, elle paiera le plein prix : comme n'importe quel étranger non-résident au Canada. C'est la loi mon vieux. Et puis, puisqu'on en parle. Même toi Arth, Canadien de souche, si tu vas vivre en Namibie 2, 3 ans, pour enrichir tes connaissances, apprendre à vivre et à parler, tu perdras ta résidence et donc ta carte d'assurance-maladie. Si tu tombes malade et tu viens te faire soigner au Canada, tu paieras le même prix que la tante du dit Libanais. C'est clair ? À moins que je t'aie perdu quelque part...
J'aimerais avoir des politiciens plus cultivés au Canada. Je ne leur demande pas de connaître Shakespeare et l'Odyssée par coeur, ni de savoir résoudre des équations différentielles, mais un minimum : s'ils parlent de quelque chose, qu'ils s'informent avant. S'ils sont politiciens, qu'ils sachent au moins les lois de leur pays. Parce que quand ils parlent, ça va loin, jusqu'aux oreilles et aux yeux des (malheureusement) nombreux lecteurs du Journal de Montréal, de Québec, et tout autre journal indécent qui vend des nouvelles de sensation. Et c'est la désinformation. Et c'est l'amalgame. Et c'est la connerie. Nourrie, logée, blanchie !
Dis-moi Arth, comment un chroniqueur de radio aussi controversé que toi est devenu député dans ce beau pays qu'est le Canada ? La controverse, mon vieux. La démocratie. La démocratie. Foutue démocratie ! Il faudrait ouvrir un chapitre "exceptions" dans cette démocratie. Si l'élu est con comme ses pieds, l'élection ne tient plus et le poste reste vacant. Sauf que, à ce moment-là, avec un gouvernement conservateur, beaucoup de postes resteront vacants..

Wednesday, August 23, 2006

La statue




Chanson de Brel que j'adore. Pourquoi ?



D'abord, les paroles :

J'aimerais tenir l'enfant de Marie
Qui a fait graver sous ma statue
" Il a vécu toute sa vie
Entre l'honneur et la vertu "
Moi qui ai trompé mes amis
De faux serment en faux serment
Moi qui ai trompé mes amis
Du jour de l'An au jour de l'An
Moi qui ai trompé mes maîtresses
De sentiment en sentiment
Moi qui ai trompé mes maîtresses
Du printemps jusques au printemps
Cet enfant de Marie je l'aimerais là
Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

J'aimerais tenir l'enfant de carême
Qui a fait graver sous ma statue
" Les Dieux rappellent ceux qu'ils aiment,
Et c'était lui qu'ils aimaient le plus "
Moi qui n'ai jamais prié Dieu
Que lorsque j'avais mal aux dents
Moi qui n'ai jamais prié Dieu
Que quand j'ai eu peur de Satan
Moi qui n'ai prié Satan
Que lorsque j étais amoureux
Moi qui n'ai prié Satan
Que quand j'ai eu peur du Bon Dieu
Cet enfant de carême je l'aimerais là
Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

J'aimerais tenir l'enfant de salaud
Qui a fait graver sous ma statue
" Il est mort comme un héros
Il est mort comme on ne meurt plus "
Moi qui suis parti faire la guerre
Parce que je m'ennuyais tellement
Moi qui suis parti faire la guerre
Pour voir si les femmes des Allemands
Moi qui suis mort à la guerre
Parce que les femmes des Allemands
Moi qui suis mort à la guerre
De n'avoir pu faire autrement
Cet enfant de salaud je l'aimerais là
Et j'aimerais que mes enfants ne me regardent pas


Les subtilités :

- À la dernière phase, Brel dit "mes enfants", à la différence des deux autres où il parle des enfants, en général. C'est dire qu'il monte le ton. C'est dire que cette fois, ça sera encore moins beau que les deux autres fois...

- Il prie Dieu quand il a peur de Satan, et Satan quand il a peur de Dieu. Il ne croit ni en Dieu, ni en Satan. Fidèle à lui, Brel est un esprit libre, et en riant de lui (car prier pour Satan quand on a peur de Dieu ou le contraire, n'est-ce pas risible ?) il rit de ces "conventions" que l'être humain s'est créées.

- La chanson se moque de ces statues, mais plus généralement de ces "révisions" biographiques qu'on fait pour les gens qui viennent de perdre la vie. Il nous rappelle que ce n'est pas parce qu'on meurt, qu'on est forcément héroïque ou bon. On est ce qu'on est ou plus précisément dans ce cas : ce qu'on a été.

- Enfin, Brel montre sa modestie à travers cette chanson. Ne me portez pas aux nues quand je mourrai, semble-t-il nous dire, je n'étais pas si....

Dans un certain sens, cette chanson ressemble beaucoup aux autres chansons de Brel : il se moque de la connerie de l'être humain, de sa capacité à maquiller des faits et les rendre plus beaux, plus nobles, plus historiques. Le courage qu'il démontre en se ridiculisant lui-même (ou le personnage de la chanson) (moi qui suis parti faire la guerre parce que je m'ennuyais, pour voir si les femmes des Allemands, mort à la guerre parce que les femmes des Allemands...) est digne de lui-même : aucune crainte du ridicule, critique de la nature humaine, il puise jusque dans le fond de nous, de vous, de lui, et en sort une réflexion, un constat.
Dans un autre sens, cette chanson est complètement différente des autres de Brel : elle est violente. (cet enfant de salaud, je l'aimerais là et j'aimerais que mes enfants ne me regardent pas). À travers cette violence à peine suggérée, Brel se montre intolérant face à la stupidité, à la connerie, d'une façon agressive et impulsive. De mémoire, seule la chanson "les Flamingants" portait en elle autant de violence que celle-ci.

Avec "ces gens-là" qui est un peu plus connue,"La statue" est ma chanson préférée de Brel. Et vous, laquelle vous touche le plus ?

(Jacques, s'il y a un paradis, j'espère que je t'y verrai chanter...)

La question du jour

Pourquoi l'herbe à poux existe-t-elle ? Ah que j'en ai ras le bol de mes propres éternuements, de mes yeux rouges, de mon pauvre nez qui n'arrête de couler !

Des envies de meurtres...

The confederacy of Dunces


Ignatius Reilly parle comme un dictionnaire, vit avec sa mère, refuse de travailler et écrit des notes dans un vieux calepin. Il commet une bourde. Sa mère l’oblige à travailler pour se racheter. Commence alors le périple d’Ignatius et de tous ceux qui croiseront sa route.

Cela fait plus d’un an que j’ai lu ce livre. J’ai eu et j’ai encore du mal à le décrire. Un roman riche, un personnage puissant, des réflexions intelligentes, des personnages hauts en couleur et des situations aussi drôles qu’uniques. Ignatius est un de ces personnages que tout écrivain aurait rêvé de créer. Il est drôle, exécrable, intelligent, rustre. Il est tout et son contraire.

La conjuration des imbéciles est un des rares romans à m’avoir laissé bouche bée. Devant tant de génie, je n’ai pu que m’incliner. Devant tant de richesse, je ne pourrai que crier haut et fort : John Kennedy Toole a écrit un des romans les plus puissants du vingtième siècle.

10/10.

Tuesday, August 22, 2006

Coq 1 - Âne 1


L’été tire à sa fin. Et avec sa fin, s’envolent ces journées de chaleur qui en irritent plus qu’un. Mais pas moi. Je préfère de loin un 40 de chaleur à un -40 de froid. Je résiste. Je vis. Est-ce grâce à mon Afrique Natale ? À ma peau basanée ? Je ne saurai vous dire. Il est sûr que le -40 et moi, nous ne serons jamais copains. Je ne le connais d’ailleurs que depuis 8 ans. L’amitié avec moi, ça prend du temps. Et des preuves d’amitié. Et de la fidélité. Tout ce que monsieur -40 ne m’a pas encore montré.

Revenons à ma chère Afrique Natale.

D. est d’origine Asiatique. Il me dit qu’il ne parle que mal la langue de ses parents. On parlait comme ça. Et je me suis qualifié d’Africain. D. a sursauté.

- Tu n’es pas Africain.

- Pourquoi ?

- Tu n’es pas noir.

- L’Afrique est un continent. Est dite Africaine, toute personne étant née dans ce continent. Charlize Theron, tu connais ? Monster, Celebrity, the yards, the devil’s advocate. Un oscar… Tu connais ? Elle est Africaine, mon cher. Aussi Africaine que Nelson Mandela.

D. est sceptique. Il ne conçoit pas cette réalité. Je le laisse avec ses incertitudes (ou est-ce des certitudes plutôt ?) et je m’en vais, chargé des miennes.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Comme ça. Y a pas de morale. Enfin…tous les Asiatiques ne sont pas bridés, tous les Africains ne sont pas noirs, toutes les tomates ne sont pas rouges. Toutes les pommes ne sont pas vertes.

L’été s’en va. Et s’en vont avec quelques rêves, quelques vies, quelques fleurs. Ne restent que les souvenirs. Et ce demain qu’on espère meilleur.

Le film de la semaine

Conversation(s) with other women.

Une longue conversation entre deux ex-amants. Un écran divisé en deux. Une caméra toujours braquée sur les deux acteurs. Un dialogue très maîtrisé, qui ne baisse jamais de rythme. Et la nostalgie du passé et les questions existentielles et le cynisme et la jalousie...

J'ai adoré.

Sunday, August 20, 2006

L'amour maternel

Romain Gary, dans son roman ô que poétique "La promesse de l'aube" avait dit ceci : Avec

l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais
.

Je fouillais dans mes "boîtes" et j'ai trouvé ce poème écrit en Avril 2001. Je le relis avec du

recul. Il y a une certaine jeunesse dans ces pseudo-vers. Une certaine naïveté. Que je ne

retrouverai peut-être jamais...

Elle, je ne sais si princesse ou déesse

Elle, je sais que richesse

Je sais que tendresse

Elle, c'est ma folie et ma sagesse

Mon espoir et ma promesse

Avec elle

Avec cette irréelle

Avec cet ange sans ailes

Je suis l'empereur de Chine

Je suis Anthony Quinn

Même l'amour, je te le dessine

Mais, sans elle

Sans cette rare perle

Je ne suis qu'un officier de marine

Je suis cette guerre en Palestine

Jour et nuit j'hallucine

Avec ma seule, mon incontestable star

Avec cette oeuvre d'art

Je suis un tableau de Renoir

Je suis une idylle entre le jour et le soir

Je suis cet amour qu'on n'ose croire

Deux continents plus tard

Je ne suis qu'un bâtard

Mon coeur est dans un corbillard

Je suis un clochard sans mémoire

Je suis une femme sans miroir

Il m'arrive d'ailleurs des choses bizarres

Il m'arrive de me surprendre

De temps en temps

Ou même souvent

Interpellant des gens

Chuchotant à des passants

Qui ne parlent qu'allemand

Que ce mois de printemps

Est un mois envoûtant

Où point de serpents

Point de Satan

Que le chiffre douze est supérieur à cent

Qu'elle, c'est un monument

Mais ils ne m'écoutent pas

Ils passent comme ça

Sans se soucier de moi

Ils pensent sûrement

Que je suis alcoolique

Ou que je fais ça pour l'argent

Mais je ne viens guère d'Amérique...

Alors moi

Les yeux soleil

Le sourire jusqu'aux oreilles

Je m'invente son odeur

Mon coeur se remplit de fleurs

Et je remercie le seigneur

Non pas pour sa grandeur

Mais pour cette mère qui a trop de coeur

Ma mère, grâce à toi j'ai un coeur

Ma mère, merci de me remplir de chaleur

Merci d'avoir toujours mis dans ma vie des couleurs



Saturday, August 19, 2006

Le royaume des étoiles

Un samedi matin. Alors que le lac me fait de l'oeil. Alors que les nuages assombrissent le ciel. Une voix me parle. J'obéis :

L’envie de partir

Au pays du néant

L’envie de marcher en rampant

Voler en marchant

Nager en volant

L’envie de partir

Loin du brouhaha

De gens insignifiants

Qui ne savent pas

Que je ne parle pas leur langue

Que le bonheur est exsangue

Dans leur pays de malheur

L’envie de partir

Cueillir des poissons

Pendus sur des arbres géants

Parler aux braves animaux

De ceux qui marchent debout

Sont-ils bêtes ?

Sont-ils fous ?

Font-ils semblant ?


L’envie de partir

Sur un champ désert

Parsemé de fleurs incolores

Qui refusent la couleur

Dans un acte de courage

Je m’étendrai

Je m’écroulerai

Et le temps d’un cri muet

Je regarderai les étoiles

De mes yeux d’enfant

Je regarderai les étoiles

Belles et esseulées

Au milieu du ciel vaste

Belles et brillantes

Dans leur champ désert

Étoiles filantes

Étoiles stagnantes

La solitude

Au milieu de la multitude

Étoile, tu es ma sœur

Je suis ton frère

Étoile, tu n’es plus seule

Je t’ouvre mes bras

Et mon cœur de soie

Ici, tu seras chez toi

Ici, au royaume des étoiles

Au royaume sans roi

Friday, August 18, 2006

Ulysse et Dieu

Un passage d'Ulysse que j'aime :

Celui Qui s'engendra Lui-même, médian à l'Esprit-Saint, et Soi-même s'envoya Soi-même, Racheteur, entre Soi-même et les autres, Qui, maltraité par ses ennemis, dépouillé de ses vêtements et flagellé, fut cloué comme chauve-souris sur porte de grange, souffrit la faim sur l'arbre de la croix, Qui se laissa ensevelir, se releva, dévasta les enfers, s'installa au ciel où il est assis depuis dix-neuf cents ans à la droite de Son propre Soi-même, mais reviendra au dernier jour pour passer sentence sur les vivants et les morts alors que tous les vivants seront déjà morts.

Page 288 de l'édition traduite par Auguste Morel et revue par Valery Larbaud.

Thursday, August 17, 2006

Mémoires d'un souverainiste en devenir

Depuis que je suis arrivé au Québec, j'ai dû frustrer nombre de Québécois souverainistes par mon refus de leur idéologie. J'ai passé de longues soirées à refuser seul contre 10, 15 souverainistes, cette idée de séparation qu'ils souhaitent pour cette belle province. Ces pseudo-débats atteignaient leur paroxysme quand j'osais dire que "Trudeau n'était pas con..". Je ne m'attarderai pas sur ce sujet, car ce n'est pas le but de ce bref billet. Toujours est-il que je me suis toujours obstiné à dire et redire que l'identité Québécoise était manifestement différente, unique au Canada. Par conséquent, il n'y avait pas besoin de se séparer du Canada pour fonder un pays qui, sachons-le, trimera au début avant d'atteindre sa pleine mesure. Souvent, et c'est ce qui me mettait mal à l'aise, je remarquais que les Québécois dits de souche prenaient mon refus pour une sorte de traîtrise au pire des cas, ou de non-compréhension des faits, de la culture locale, de l'ignorance (disons le mot) de la réalité Québécoise, au meilleur des cas. Cela m'offusquait. D'abord, parce que, comme le dit si bien Mr Dion des Québécois (dits de souche) fédéralistes, ça existe. Ensuite, parce qu'on ne peut pas demander à un immigrant d'assimiler toute la culture Québécoise, leur mal de vivre, leur quête d'identité qui dure depuis des siècles, en quelques années et devenir souverainiste, pur et dur. Ultimement, je dois avouer que les immigrants souverainistes, j'ai toujours trouvé ça louche, voire opportuniste. En effet, quelle meilleure façon de s'intégrer ? Quelle meilleure manière de crier haut et fort aux autres (dits de souche) qu'on est des leurs et qu'on les comprend. Louche, hautement louche à mes yeux. Mais, bien entendu, pas toujours vrai.
Je change.
La politique me change.
Harper me change.
Harper me dégoûte.
Et j'en arrive à rêver, par une nuit paisible et chaude d'été, d'un pays au Québec, dont nous élirons ensemble un premier ministre, qui prendra des décisions judicieuses, non dictées par certains lobbys forts et lourds (dans tous les sens). Bien sûr, je sais que j'idéalise. Mais j'ai toujours été idéaliste, ce n'est pas maintenant que je changerai. Et puis, mon idéal, mon rêve est tout à fait légitime. Le Québec est manifestement plus à gauche que le Canada. Nous sommes socialistes, progressistes. Comme le sont souvent les peuples révolutionnaires. Nous sommes verts. Comme devrait l'être tout le monde de nos temps. Nous sommes en crise d'identité ? Soit. Alors, construisons ensemble une identité...
La bataille n'est pas gagnée. La bataille entre moi et moi-même. Comme l'avait dit Foglia dans un de ses articles, il y a quelques années : "On ne rejoint pas un pays pour le séparer " (pas exactement en ces mots, mais l'idée est là). Je ne veux pas me séparer. Donnez-moi un leader libéral qui se tienne et peut-être que je changerai d'avis. Mais si c'est Ignatieff, un autre qui serait allé en Irak, un autre qui aurait approuvé les attaques démesurées d'Israel au Liban, un autre qui pue la droite et le capitalisme, si c'est Ignatieff, tout est perdu. Le NPD ne gagnera jamais les élections. Entre con-servateurs et con-libéraux, le résultat sera le même. Restera la souveraineté. Un pays. Un premier ministre de gauche. Des débats comme il en faut. Et...quelques années de vaches maigres. Mais, savez-vous quoi ? Je préfère un pays pauvre à un pays criminel.

Tuesday, August 15, 2006

Antisémitisme et judéophobie

Je reviens sur la controverse de Falardeau et Julien Poulin.

Voilà une semaine ou deux, Mel Gibson, star mondiale du cinéma, se fait arrêter saoul au volant de sa voiture. D'après les médias (et ses excuses viendront confirmer les faits), il aurait dit quelque chose qui ressemble à : "les juifs sont les responsables de toutes les guerres au monde." et aurait ensuite demandé au policier s'il était juif. La communauté juive cria à l'antisémitisme.

Manifestation à Montréal de solidarité avec le Liban. Il y a Duceppe, Boisclair, Québec solidaire, Falardeau, Poulin. Il y a S., K., et les parents de S. Mais ils sont moins connus. Il y a des Libanais, des Québécois, des Français... Montréal est là, dans cette manifestation. La presse parle de 15 000 personnes. Les organisateurs parlent de 60 000 manifestants. Quelques personnes lèvent le drapeau du Hizbollah. La communauté juive crie à l'antisémitisme des souverainistes Québécois.

Y a-t-il une différence entre ces deux faits ? Y a-t-il une marge ? Une nuance ? Manifester par solidarité avec le Liban, est-ce la même chose que dire "les juifs sont les responsables de toutes les guerres du monde" ? Je pose les questions. Je ne donne pas de réponses. De la maïeutique 101.

Petit Robert. Sémite : se dit des différents peuples provenant d'un groupe ethnique originaire d'Asie occidentale et parlant des langues apparentées. Les arabes, les Éthiopiens, les juifs sont des sémites. Cour. (mais abusif) Juif.
Abusif ! (c'est le dictionnaire qui le dit...) Alors pourquoi s'approprier ce mot ? Pourquoi ne pas, plutôt, employer un mot plus "clair", plus judicieux : judéophobe ? maïeutique 101 toujours..

Petit Robert. Judéophobie. N'existe pas. Judéo-phobie. N'existe pas...Même le dictionnaire refuse d'être plus exact !

Nous ne sommes pas (tous) des moutons


J'ai vu Falardeau sur LCN. J'ai rarement ri autant. S'il y a un esprit libre au Québec, c'est bien ce cher Pierre. On le dit souvent vulgaire et grossier. C'est réducteur. Il est surtout lucide. Lui, et rares le sont d'abord au Québec, ensuite au monde, il s'informe. Lui, il cherche les vrais faits, au lieu de se contenter de ce avec quoi les médias nous nourissent, nous bombardent, jour après jour, sans se soucier de leur vraies raisons d'être : l'information, la neutralité, l'objectivité. Falardeau, c'est la preuve qu'un citoyen peut et doit faire ses devoirs. Lire, questionner, critiquer, chercher. Et peu importe si, dans une même phrase, Falardeau se contredit ("je ne lui ai pas dit que j'allais la tuer, je lui ai dit que si elle rappelait, j'allais l'écraser avec mon char"), il reste que c'est une personne vraie et entière, il reste que c'est un citoyen dans le bon sens du terme. Il reste que c'est une personne qui refuse la connerie et surtout la (vraie) grossièreté : prendre les autres pour des cons.

Chapeau monsieur...

Monday, August 14, 2006

L'homme le plus complet du vingtième siècle

Sur la rue Sanguinet, par un bel après-midi d’été, une fille snob à souhait, tirée à cinq épingles, parfumée et maquillée, maquillée et parfumée, se dandine un sac rose à la main. Jusqu’ici, rien d’anormal. Une scène tout à fait anodine. La banalité. Sur le sac rose, une image. Un portrait. Qui cela peut-il bien être ? Je suis en vélo. Les roues tournent et le portrait se fait plus clair. C’est Ernesto Guevara, dit Che. J’ai mal au cœur.

Dans un pub branché à Rabat, dont le nom évoque Cuba et sa Havane. Des jeunes dansent. Des jeunes boivent. Des jeunes mangent et rient. L’alcool coule à flot. Le patron sourit à pleines dents derrière le comptoir. Ils consomment, à moi la grosse somme. Je souris un sourire de touriste. Je bois et je mange aussi. Je danse épisodiquement. Je me dirige vers la salle de bain. Le chanteur Américain du bar, un Charles Brown à la noix de coco, dîne entre deux chansons avec une fille qui ne semble pas faire dans la danse classique. Je le juge tout de suite, me basant sur ma pauvre imagination et quelques films de série B. Il doit devoir de l’argent à quelques mafieux de deuxième degré. Il se terre au Maroc. Loin des gros bras. Passons…Juste au dessus de leurs deux têtes, un grand cadre. Un portrait. Un homme au sourire charmeur fume un gros cigare Cubain. Ernesto Che Guevara. Je dessaoule.

J’ai lu sa biographie. J’ai lu des articles sur sa vie. J’ai lu quelques uns de ses écrits. « L’homme le plus complet du vingtième siècle » disait Sartre. J’ai admiré l’homme qu’il fut. Son courage. Son dévouement à sa cause, ses convictions chevaleresques. Un Homme comme il ne s’en fait qu’une fois par siècle. Et des ignares accrochent sa photo n’importe où, n’importe comment. Certains ne connaissent même pas son identité. Le prennent pour Nelson Mandela, Bob Marley ou Fidel Castro. Un prof universitaire qui encourageait ses étudiants à lire des livres - ce qui est la plus belle et subtile façon de se faire passer pour un intello – me dit un jour, voyant le t-shirt que m’avait offert K. en revenant de Cuba : Ah, Che ! Il est Cubain, c’est ça ?! Était-il obligé de savoir ? Non. Il aurait pu se la fermer par contre. Et que faisais-tu avec un t-shirt du Che, toi qui critiques justement ces gens-là ? Moi, je le connais. Je mérite de le mettre, le t-shirt…

On brandit sa photo partout dans le monde. Dans chaque manifestation alter mondialiste. Chez des islamistes qui osent le comparer à l’infâme Oussama. Même le jeune Montréalais juif qui partait faire la guerre au Liban la dernière semaine, et qu’on osa, et qu’on eut l’indécence et le mauvais goût de présenter comme un héros aux téléspectateurs de notre chère télévision Canadienne publique, dite neutre et objective, même lui, portait un t-shirt du Che.

Che aurait-il aimé cette surexploitation de son image ? Aurait-il aimé se savoir vendu à coups de dollars Américains dans des villes de Cuba et d’ailleurs à des gringos qui ne le connaissent même pas, qui ont été normalement programmés par leurs propres gouvernements pour le haïr, pour le honnir ? Aurait-il accepté que des jeunes favorisés de pays sous-développés, claquent des sommes faramineuses, équivalentes de mois de labeur du bas peuple, devant son portrait ? N’est-ce pas contre cette même injustice qu’il se battait ? N’est-ce pas pour le partage de richesse, pour ce peuple justement absent de ces places huppées, qu’il est mort en Bolivie ?

Il est parfaitement compréhensible de voir la figure du Che planer sur notre monde en manque de vrais héros. Nous n’avons pas eu notre Mai 68, ni notre festival de Woodstock. Nous n’avons pas connu les vrais artistes. Nous n’avons pas reçu les gouttes de sueur de Brel sur le visage. Nous n’avons pas lu des articles de Romain Gary fraîchement imprimés dans les journaux. Nous n’avons, après tout, peut-être pas connu la vraie vie. Ni moi, ni ma génération. Nous rêvons donc, collectivement, d’un héros, beau, romantique et courageux. Nous voulons cette image. Nous en avons besoin. Nous, les contemporains de Britney Spears et Ricky Martin, de Tom Hanks et de Julia Roberts, de Marc Lévy et de Dan Brown. Nous avons besoin de cette vraie magie que nos parents avaient connue – ou du moins, c’est ce que nous croyons. La figure de Che Guevara vient, alors, combler un certain vide que notre génération connaît. Mais, il y a des limites. Il faudrait respecter l’Homme Che Guevara avant d’afficher son image à tous les coins de rue, avant de l’associer à tout projet douteux, qui nous paraît un tantinet révolutionnaire. Il faudrait, surtout, respecter ses convictions et ne pas le vendre pour le moindre dollar. Ainsi, il ne se retournera pas dans sa tombe. Ainsi, quand on arborera un t-shirt à son effigie, ce sera pour les bonnes raisons : parce que ce fut l’homme le plus complet du vingtième siècle.

Galloway on Israel and lebanon

Une goutte dans l'océan. Mais quelle goutte !

Tuesday, August 08, 2006

L'oiseau


Vous êtes-vous déjà réveillés un jour trop tôt, à cause d’un chant d’oiseau ? Moi, oui. Ça m’est déjà arrivé. Surtout au Maroc. Dormant au bord d’une fenêtre ouverte, je me suis réveillé moult fois frustré par un oiseau insolant, que je jugeais trop matinal et trop bruyant. L’oiseau, un lendemain d’une bonne cuite, est votre pire ennemi. Il vous réveille, à petits cui-cui, et bonjour la migraine. Vous prenez deux aspirines. Vous buvez de l’eau. Vous essayez de vous rendormir. Mais il n’en sera rien. La même nuit, avant de dormir, vous fermez les fenêtres et vous vous couchez. Vous vous réveillez à 3h du matin, suffoquant de chaleur, et vous les rouvrez machinalement, oubliant votre mésaventure de la veille. Et rebelote. Ah, ces oiseaux, qu’est-ce que je les ai détestés. Mais voilà qu’on me raconte cette histoire et je change d’avis. Voilà que l’oiseau a une autre dimension. Jugez-en vous-même.

B. est Algérienne. Sa nièce est mariée à un Palestinien. Ils vivent dans les territoires occupés. Ils ont un fils. Appelons-le W. W. a entendu parler de la mort dès son jeune âge. W. ne pose d’ailleurs plus de questions. Il se tait et regarde ce monde. Il entend les pleurs, les cris, les lamentations. Il voit de ses yeux d’enfant ce que vous et moi, de nos yeux d’adultes, ne verrons probablement jamais. W. vient passer l’été en Algérie. W. adore l’Algérie. Il peut jouer dans la rue. Il peut côtoyer des enfants souriants, joueurs, dynamiques. W. adore l’Algérie. Il peut marcher dans la rue sans entendre le bruit des tirs. Il a des tantes, des cousins, des cousines. Il joue au foot dans la rue, il saute, il tombe, il mange, tout ça dans la joie. Tout ça en vivant. W. a tout de même une activité préférée. W. monte au toit et s’assoit pendant des heures. Devinez ce qu’il fait ! Il regarde l’horizon ? Il pense à sa Palestine occupée ? Il est amoureux d’une Palestinienne qui lui manque, alors il passe son temps à la rêver ? Non. W. regarde les oiseaux. Il ne les regarde pas comme vous et moi. Nous sommes tellement habitués qu’on ne les regarde plus, on les voit. W. regarde les oiseaux. Parce que chez lui, là-bas, dans les territoires occupés, il n’a jamais vu d’oiseaux. Ou peut-être dans les manuels scolaires. Mais jamais, jamais de sa courte vie, W. n’a vu un oiseau poser ses maigres pâtes sur un toit et couicouiner paisiblement, tout en ramassant de temps à autre une maigre graine de pain traînant par terre. W. est, donc, hébété devant cette poétique bête que la nature nous a offerte, devant sa légèreté, son chant porteur d’espoir, son bec pointu, ses pâtes triangulaires. W. reste là des heures. L’oiseau atterrit. Marche. Becquette. Fait demi-tour. S’envole. Et vient un autre. Et s’envole. Et vient un autre. W. aimerait peut-être s’envoler aussi. Ou bien il aimerait être un oiseau et vivre librement. Ou bien même aimerait-il plutôt en attraper un et le ramener chez lui ? Faire une expérience ? Voir si l’oiseau sera neutre dans le conflit ? S’il sentira la souffrance des Palestiniens ? S’il sera le premier oiseau kamikaze de l’histoire ? Oui, il prendra quelques graines de pain dans le bec et ira les jeter sur Haïfa. Peut-être qu’Israël va alors rappliquer. Quelques avions de guerre, quelques tanks, quelques roquettes. Plusieurs morts suivront. « Ils avaient dressé l’oiseau pour venir nous bombarder. Le dresseur habitait dans le quartier. Nous étions obligés de raser cette portion de la ville. Nous ne faisons que nous défendre. » Plusieurs morts suivront. Est-ce à ça que W. pense ? Je ne le sais pas. Personne ne le sait. W. n’est pas encore arrivé à cet âge douteux où on verbalise nos pensées. Il est encore dans cet âge poétique, innocent et rêveur, où on se tait et on laisse nos yeux, nos sourires, parler pour nous.


Et pourtant. Pourtant il n’avait jamais vu d’oiseau avant…


Maintenant, j’aime les oiseaux.

Monday, August 07, 2006

Une image vaut mille maux

J'aurais voulu être un artiste


C'était au coin de René-Levesque et Saint-Laurent. 10$ l'entrée. 20$ si vous le souhaitez. Tous les profits vont à la croix-rouge. Il y avait une longue file. Il y avait Radio-Canada. Il y avait ce chanteur que je ne connaissais pas. Patrick Watson. Belle voix. Quand il vous dit "Beyrouth" avec son accent anglais, vous vibrez. Je vibrais. Et il y avait Lhasa. Lhasa De Sela. Yeux bridées. Simple. Attachante. Je la croise devant le bar. Elle s'en allait fumer. "Gracias por haber hecho esto", que je lui lance. "De nada" qu'elle me répond. Souriante. Simple. C. était avec moi. Il la connaissait vaguement. J'ai ses deux albums. "C'est une artiste, C., Pas une star". C. rit de bon coeur. C. aime ce genre de réflexions. C. aime les artistes. D'où son coup de coeur pour Brel quand je le lui avais fait découvrir. C. aime les interprètes. C. a adoré Lhasa ce soir-là. Pourtant, elle n'a pas beaucoup chanté. Mais quand elle l'a fait. C'était comme toujours. Avec du coeur. Intense. D'une belle intensité. M. et A. étaient là aussi. Deux Libanais. Lhasa parle. Elle va chanter du Fairouz. "Iitini Nnaya wa ghanni". Il n'a pas fallu plus que deux minutes, avant que A. pleure. Il lui pleuvait des larmes. Je vibre aussi. Je ne suis pas Libanais. Mais Fairouz est une diva dans le monde arabe. Avec quelques chansons patriotiques qui vous réveilleraient un mort. "Tu sais, Fairouz chez nous, c'est comme le drapeau" qu'il me lance. Non, je ne sais pas. Mais je comprends. J'imagine. Surtout maintenant. Avec ce qui arrive au Liban. C'est tout à fait normal pour un Libanais de pleurer, alors que Lhasa, hispanophone, francophone, anglophone mais pas arabophone pour deux sous vous chante du Fairouz en arabe. Et pas de n'importe quelle manière. Elle chante avec du coeur, avec authenticité. Comme si c'était elle qui avait écrit ce beau poème de Gibran Khalil Gibran. J'ai vibré. C. a vibré. Tout le monde a vibré.
Le concert bénéfice se termine dans la fraternité. On nous annonce qu'on a ramassé au delà de 10 000 $. Une goutte au milieu d'un océan. Des routes, des maisons, des infrastructures détruites. Et surtout des morts. Des enfants qui ne verront jamais l'âge adulte. Des familles déchirées. Mais ce n'est pas le 10 000$ qui importe ici. C'est la retransmission du concert à Beyrouth. C'est la fraternité au delà des frontières. C'est le geste spontané d'artistes qui méritent leur titre. Ce n'est, à mon avis, que là que cette chanson bien connue, trouve chez moi un sens. Ce n'est que là que j'ai envie de chanter : J'aurais voulu être un artiste. Pour changer le monde...

Tuesday, August 01, 2006

Pourquoi je n'aime pas les Outgames

La première fois de l'été que K. vient avec moi à l'UQAM jouer au basket. On stationne à 17h 50 devant le centre sportif. Des gens sortent en groupe. Ils ont des badges. Ça ne clique pas dans ma tête. Dans la tête de K., oui. Outgames. Et si..? Je descends voir. Désolé, le centre est fermé aux étudiants pour toute la semaine. Grrr ! Déjà que je suis contre ces jeux. Manquait plus que ça. Mais pourquoi tu es contre ces jeux, Jean-Jacques ? Disons que contre n'est pas le bon mot. Je ne suis pas pour. La première raison étant que c'est inutile. Oui, tout à fait inutile. Un homophobe ne le sera pas moins en voyant deux homosexuels faire de la lutte greco-romaine. Ça ne fera que renforcer ses préjugés. Alors, pour l'ouverture, la sensibilisation, on passera. Ensuite ? Ensuite, c'est le cirque médiatique autour qui m'exaspère. Il paraît que le premier ministre doit se présenter à l'ouverture. Hello ! Il y a des gens qui meurent au Proche et moins Proche-Orient. Bon, d'accord. Qu'il vienne ou pas, ne changera rien à la situation. Ils meurent quand même. N'empêche qu'il a des choses à faire le premier ministre. Et si c'était les jeux Olympiques, serait-il venu ? Aurait-il eu l'obligation de venir ? Mais, ce ne sont pas les jeux Olympiques. Ce sont des jeux qui rassemblent des gens d'une certaine orientation sexuelle, ainsi que les autres qui n'ont pas la même orientation sexuelle, mais qu'on accepte. (ouf, longue, la phrase !). D'accord ? En plus, que vient faire l'orientation sexuelle dans le sport ? Tu ne sais pas ce que tu dis, Jean-Jacques. Dans un sport macho, il est presque interdit de dire qu'on est homosexuel. Okay, okay. Et alors ? Je répète ma question. Que vient faire l'orientation sexuelle dans le sport ? Pourquoi un sportif doit-il se sentir mal à l'aise de CACHER son homosexualité aux autres, puisqu'il n'est pas censé en parler ? On fait du sport là, on ne fait pas dans les confidences. Je n'ai jamais raconté à mes coéquipiers du basket, par exemple, que ma tante S. était anorexique et qu'elle voulait absolument que mes cousins et moi fassions une sieste tous les après-midis. Jamais je ne leur en ai parlé. Pourtant, je ne me sens pas mal. On jouait au basket, c'était ça le but. Et puis, si on fait des jeux gais, pourquoi pas des jeux de femmes, de grecs, d'irlandais, de noirs, de juifs, d'arabes, pendant qu'on y est ? Où est cette société qu'on veut bâtir ? Une SOCIÉTÉ. Pas la somme hétéroclite de minorités. Une société. Un groupe. Un tout. Pourquoi continuer à diviser les gens ? Je reste perplexe.
Je ne suis pas là en train de dire que les gais ne souffrent pas de leur "différence". Je ne dis pas que leurs problèmes sont résolus, ou qu'ils n'existent pas. Je dis que faire des jeux gais ne me semble pas la bonne solution aux dits problèmes. Je dis que la division qu'on fait de notre société ne nous mènera à rien. Nous sommes citoyens d'un pays. Nous sommes tous différents. Nous partageons cependant des valeurs. Ce qui fait (ou devrait faire) de nous un pays. L'orientation sexuelle, la religion, la couleur sont des détails qui ne devraient pas intéresser les autres. Ce qui devrait nous intéresser, c'est les valeurs de chacun de nous. Aiderais-tu ta voisine si elle tombait dans les escaliers ? Recycles-tu ? Volerais-tu ton prochain ? Telles sont les questions, à mon avis, qui devraient nous intéresser. Ce que les gens font dans leur lit, leur temple, leur salle de bain...ne devrait nous être que trivial.

Un panneau de signalisation pas comme les autres


Traduction libre : "Arrête-toi, espèce d'âne !".

Et mon rire de résonner sur la ville de Fès...