Monday, July 31, 2006

Coup de gueule


Il y a mon cerveau. Et la file d’attente. l'embouteillage. D’idées. De frustrations. D’impuissance. D’incrédulité. Devant la stupidité. L’arrogance. Le deux poids deux mesures. Alors, mon cerveau bouillonne et n’arrive plus à aligner deux idées cohérentes de suite. Je saute du coq à l’âne. Et de l’âne à la girafe. Et la girafe trouve ça trop lourd. Et tombent les idées. Idées reçues. Idées saugrenues. Idées timides. Idées orphelines. Et se noient les idées dans l’océan désert, broyées, digérées par des vagues affamées qui ne diront pas non. Et je me tais. Parce que sinon, il y aurait carambolage, accidents et blessés. Car les mots blessent aussi. Mais pas autant que les missiles, les roquettes, les tirs de chars et autres instruments dits de défense quand ils ne sont que d’agression. Et on regarde la télé. Et les sites web. Et les images nous sautent à la gueule, comme saute le fauve affamé au cou de la gazelle chétive. Et nous sommes chétifs. Notre âme est chétive. Fragile. Sensible. Devant tant de violence, tant d’horreur. Tant de subjectivité. Tant d’injustice. L’arrogance. Le vingt et unième siècle sera un siècle d’arrogance. Le monde n’aura jamais autant ressemblé à une jungle. Et les faibles n’auront jamais été aussi faibles. Encore hier, la jungle avait quelques rêveurs, quelques romantiques. Ça rêvait de paix, d’amour, de lendemains meilleurs. Faites l’amour, pas la guerre. Il n’y en a plus. Le plus fort frappe et dit qu’il se défend. Et les autres de glorifier celui qu’il ne faut pas. Mais que faire ? Il faut se rallier. Avec nous ou contre nous ? Je ne peux pas être avec vous. Je ne peux pas accepter l’injustice. Je ne peux pas. Je refuse. Combien de radicaux voulez-vous fabriquer ? Des milliers, me répondent-ils. Vous êtes servis. Vous êtes servis. Vous allez gagner votre pari. Comment ? Un nouveau Moyen-Orient ? Oui, bien sûr. Je vois ça. Je vois le Moyen-Orient. Je vois l’Irak. La Palestine. Je vois par extension l’Afghanistan. Je vois vos dents s’aiguiser quand il s’agit de la Syrie et de l’Iran. Du beau monde. Bientôt, au lieu d’exporter le pétrole, ces pays exporteront une nouvelle denrée. Les larmes. Les pleurs. Les images d’horreurs. Un nouveau Moyen-Orient. Je dirai détruit plutôt que nouveau. Détruit, vidé, peuplé de radicaux. Et vous allez nous sortir des statistiques, des données, vous allez nous faire des films. Preuves à l’appui, vous nous démontrerez qu’ils sont cruels, méchants, belliqueux. C’est dans leur nature. Ils naissent comme ça. Terroristes jusqu’à preuve du contraire. Et les musulmans seront les juifs de ce beau siècle. Ensuite, en 2048, le remords aidant, vous choisirez peut-être une terre pour la leur donner. Ce ne sera pas en Scandinavie. Ni en Amérique du Nord. Non. Ce sera en Afrique. Sur une terre déserte. Infertile. Aride, mais peuplée. Et naîtra un autre conflit. Mais qu’importe. Ce sera l’Afrique. L’Afrique, on s’en fout. L’Afrique, c’est la poubelle du monde.

Il n’y a qu’un ennui. Ils sont plus qu’un milliard. Alors, bonne chance…Y a du pain sur la planche.

Thursday, July 27, 2006

Toujours Gnawa

Extrait de la chanson Charla-town :

Well welcome well come well
Welcome to Charla-town
Don't believe the liar
The super radio TV vampire

Pointés sur Bagdad et sur le Sud Liban
Dans ce Moyen-Orient, quelques chars sont latents
Latents les attentats du Hamas et du Hezbollah
Et moi j'attends la Palestine depuis cinquante ans

De retour les vampires du processus de l'épée
Qui viennent s'occuper des territoires occupés
L'Intifada appelle le monde, mais ça sonne occupé
Ses enfants ne connaissent de la paix que vos traités maltraités

Charlatan, attends un peu que j'te parle
Charlatan, recule tes chars et va-t-en
Charlatan, attends un peu que j'te parle
Charlatan, recule tes chars et va-t-en

L'ONU depuis le début ce sont des charlatans
Le Monde arabe et ses petits princes aussi sont des charlatans
Comme le Mossad ils brouillent les oeufs à la sauce Charlatans.
Dessine-moi un mouton avec des cornes, charlatan
L'épuration ethnique, tu la pratiques, charlatan
Charla-t'en fais pas pour nous, on va faire des enfants
Fabricant de guerre, de kamikazes et de colons, qu'est-ce que le TPI attend ?

Charlatan, attends un peu que j'te parle
Charlatan, recule tes chars et va-t-en
Charlatan, attends un peu que j'te parle
Charlatan, recule tes chars et va-t-en

Ça ne vous rappelle rien ?

Monday, July 24, 2006

La phrase qui tue

Hier, au milieu du tohu-bohu, au milieu des confidences, le beau-père cite Aragon et lâche la phrase qui tue :

Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard.

C'est beau. Triste. C'est tout à la fois. C'est la vie en une phrase.

Chez toi ou pas chez toi ?

Dimanche 23 Juillet. Ma blonde est née le 29 Juillet. Son frère et son père sont aussi nés fin Juillet. On fête tout le monde ensemble. Je travaille. Tu nous rejoindras. Oui, mais je ne connais pas le chemin. Je te fais un dessin et je t'explique. Le dessin est clair. Je serai capable. Je serai capable.
15h 00. Je sors du boulot hâtivement, le feu au cul. La liberté, c'est un mot qu'on ne saurait décrire, mais qu'on ressent de temps en temps. Au fond du coeur. On respire et c'est la liberté. Je me sentais libre, léger. Je démarre. 720 Ouest. 20 Ouest. Pas de traffic. Jusqu'ici tout va bien, comme dirait l'autre. Sortie "les cèdres - Saint-Lazare". Tourne à gauche. Prends la direction "les cèdres". Je prends la direction les cèdres. Je ne suis pas loin. Bientôt, la bière fraîche. Bientôt la pétanque. Bientôt le vin rouge et les discussions enflammées. Bientôt, on va me parler du Liban. Bientôt, je vais m'emporter encore, expliquant, citant des exemples, parlant des lobbys, des médias, du terrorisme et du dernier livre que j'ai lu. Bientôt, j'arriverai et le party commencera. Je vois un stop. Sur le dessin, on tourne à gauche sur un stop. Je tourne à gauche. Je me perds. Si près du but. Je me suis perdu. Je m'arrête. Heureusement qu'ils ont inventé le cellulaire. Heureusement. Sinon, je serai vraiment perdu. Tante M. m'explique le chemin. Je reprends la 20 Ouest, je refais tout. Mais le stop, ne t'arrête pas. C'est le prochain stop. Ma blonde veut m'expliquer. Je suis d'accord, mais c'est pas ça qu'il y a sur le dessin. J'arrive. Ça joue à la pétanque. Ça boit. Ça rit. Je sors le dessin. Je le brandis comme la preuve de mon innocence. Mais on est déjà venus ici milles fois. C'est pas moi qui conduisais. Oui, mais ton sens de l'orientation ? Je ne peux en avoir, je ne me situe pas. Je suis des indications. Oui, mais...Écoute, je ne suis pas chez moi, je n'ai pas su le chemin. Quand on va au Maroc, tu n'es pas chez toi, ici, tu n'es pas chez toi, tu es chez toi où, alors ? Et c'est là que le bât blesse. Je me raidis. Je grimace. B. me parle du Liban. Je suis essoufflé. Oui, oui, ils vont les massacrer. Je suis essoufflé B. Si tu savais où j'étais maintenant. Si tu savais où cette déclaration m'a envoyé, dans quelles ténèbres elle m'a enfouie. Tu es chez toi où ? Justement, je ne sais pas. Nulle part, je présume. L'éternel étranger. Tu connais Camus ? Meursault, c'est moi. Le nomade. Le perdu. Et puis, est-ce que j'existe vraiment ? Ne suis-je pas que le fruit de leur imagination ? Tu n'es chez toi nulle part. Et pourquoi pas tu es chez toi partout ? C'est plus romantique, plus beau, plus noble. Plus faux, surtout.
Je reste hébété quelques minutes. Abruti. Hagard, devant cette vérité troublante. Non, je ne t'en veux pas. Tu as raison. Tu fais toujours semblant d'être touite, mais tu n'en es pas. Je ne fais pas semblant. Crois-moi, si je pouvais trouver la place sans appeler, je l'aurais fait. Mais j'en ai été incapale. Je ne suis pas chez moi, ici, aux cèdres. Je suis un peu plus chez moi à Montréal. Un peu plus. Mais pas tant que ça. Un peu moins à Casablanca. Un peu plus à Grenade. Un peu moins ailleurs. Sais-tu quoi, je me serais probablement plus retrouvé à Tarragonne. Petite ville dont on fait le tour en quelques heures. C'est beau, Tarragonne. Mais la 20 Ouest, la 40, trois stops, un pont, le lac. Je ne sais pas moi. Je me perds. Je ne suis pas d'ici. Je n'existe pas. Mon esprit est ailleurs. Et si tu vas ailleurs, il sera plus loin qu'ailleurs.
La soirée fut belle quand même. Après mes 7 tasses de café (sic), je me suis bien entendu emporté, j'ai bien entendu parlé du Liban, des médias, du terrorisme et même des Grecs orthodoxes. Ça existe-tu ça des Grecs pas orthodoxes ? Alors, pourquoi la précision ? Orthodoxes Grecs, d'accord. Mais...enfin, passons. A. nous fit un bon repas. Le vin était bon. Je fis un don involontaire de sang aux multiples moustiques qui se régalèrent de mon sang exotique qui...ne vient pas d'ici. Puis, Montréal. Le pont Champlain. L'est de la ville. La rue Sherbrooke. Le centre-ville. Les nids de poule. Demain, c'est lundi. Le soleil brillera. L'université m'accueillera à bras ouverts. Je prendrai le vélo. Je saurai le chemin. Je n'appelerai personne. C'est chez moi ici. C'est chez moi...

Thursday, July 20, 2006

Gnawa Diffusion



















Si vous me demandez qui est mon groupe de musique préféré, je ne vous répondrai pas les "Rolling Stones" ou les "Beatles", je ne vous dirai pas les "Oasis". Non. Mon groupe préféré, celui que j'écoute tous les jours (ou presque), celui que je vais voir dès que possible en concert, c'est "Gnawa Diffusion". Euh, pardon ? Gnawa qui ? Gnawa Diffusion. Gnawa Diffusion. Retenez bien ce nom, parce que...vous n'en entendrez jamais parler à l'échelle mondiale, vous ne le verrez jamais au top 10 du top 50 d'un classement mondial ou Britannique ou Américain. Non. Jamais. Parce que de la bouche d'Amazigh (le leader, le chanteur..) sortent des mots qu'on ne veut pas entendre, qu'on voudrait étouffer. Parce que Gnawa Diffusion, c'est l'anarchie, le refus de baisser la tête, Gnawa Diffusion, c'est l'Afrique, l'Algérie, le Maroc, la France. Gnawa Diffusion, c'est une belle aventure qu'on espère, ne finira jamais.

D'abord, il y a Amazigh, fils de l'écrivain de renommée et d'expression française : Kateb Yacine. Un jongleur de mots. Et quels mots ! Je vous donne des exemples : "L'intifada appelle le monde mais ça sonne occupé", "Le tiers-monde est un nigaud, l'Amérique est un maquereau", "Je voudrais être un fauteuil/ Dans un salon de coiffure pour dames/ Pour que les fesses des belles âmes/ S'écrasent contre mon orgueil" et j'en passe. Un chanteur entier qui n'a pas hésité à chanter un poème d'Aragon (Gazel au fond de la nuit) à sa manière, ou reprendre (d'une manière très réussie) un classique arabe, vieux de plus d'un siècle (Chara’allah).
Ensuite, il y a les autres. Des Français, Marocain(s ?) et Algériens, qui visiblement aiment la musique, aiment les gens, aiment la fête.



J'ai assisté quatre fois à des concerts de Gnawa Diffusion. Je fus toujours envoûté. Même leur anti-Américanisme pur et dur ne m'a pas dérangé. (vous a-t-on déjà demandé de sauter haut et fort comme si vous sautiez sur la gueule de Bush lors d'un concert ?) Je ne l'ai pas déploré. Je le sais intelligent, parce que je connais Amazigh l'artiste et ses convictions. Je connais aussi et surtout les dérives de la politique Américaine. Alors, à quoi bon défendre le diable ?

J'ai assisté quatre fois à des concerts de Gnawa Diffusion. Et une fois à Amazigh et un autre membre de Gnawa Diffusion dans un petit bar de Montréal. Ce fut mémorable. Amazigh, grippé, arborant un t-shirt appelant à la "libération" de la Palestine, nous a livré une sorte d'Unplugged, chaud, intime, unique. Nous étions, mes amis et moi, au ciel. Mémorable. Une belle surprise.

Je suis allé les voir au Maroc, deux jours de suite. Meknès un Mardi et Fès un Mercredi. La foule a bien répondu. Amazigh était plus en forme le Mardi que le Mercredi. Le concert était d'ailleurs plus long. Et cette foule. Et ces jeunes. Fougueux. Aux rêves révolutionnaires qui se manifestent jusque dans leurs habits, jusque dans leurs cheveux, jusque dans leurs démarches. Cette foule est ma seule source d'espoir. Face à un Maroc de plus en plus divisé entre religieux qui prônent le retour aux traditions (et ce qui vient avec...), et jeunes (et moins jeunes) modernes (mais qu'est-ce que la modernité ?) et libres d'esprit qui prônent la..liberté ! Face à ce Maroc, j'ai un parti pris, j'ai un parti pris sans prix, je sais cependant que 2007 (élections législatives) sera peut-être une année fatidique dans l'histoire du Maroc, mais ça c'est une autre histoire...

Je voudrais que Gnawa Diffusion soient éternels. Je voudrais leur anarchie contagieuse. Je voudrais Amazigh toujours plus inspiré, toujours plus artiste. Je voudrais une belle révolution. Belle et calme. La liberté. Des peuples opprimés. Des peuples opprimés.

Thursday, July 13, 2006

Photo insolite















2005. Bali.

Tsunami à 5500 roopies.

Qui dit mieux ?

Zidane. Ou la tête a ses raisons que la raison ne connaît pas.



J'ai lu une multitude d'articles là-dessus. Des journalistes qui prédisaient l'avenir. D'autres qui traitaient tous les curieux (comme moi) de cons et de parfaits navets humains. D'autres encore qui cassaient l'image de Zidane ou au mieux l'analysaient. Zidane a voulu briser cette image de surhumain qu'on faisait de lui. Zidane a voulu se suicider footballistiquement parlant. Zidane, Zidane. Je ne voulais pas dire un mot sur ça. Parce que je sais que je ne serai pas objectif. Parce que je sais que Zidane le footballeur, je l'admire. Et l'homme ? Je m'en fous, je ne le connais pas. Et je ne compte pas l'inviter à dîner. Le footballeur est un génie, un cerveau, une poésie. Et le reste m'importe peu. La morale ? Je m'en fous comme de mes premières chaussettes. Et les enfants qui ont vu leur idôle frapper un joueur d'un coup de tête ? Et les milliers de leçons qu'on leur a faites, leur expliquant que la violence, que les coups de tête ou de poings...? Eh bien, chers amis, c'est le moment de leur dire que dans la vie, il y a la théorie et la pratique. Que la violence, c'est pas bien, mais que se faire marcher dessus, c'est pas bien non plus. Bien sûr que j'ai eu le même réflexe que tout le monde au début. Bien sûr que j'ai pensé que Zidane a été con de faire ça. Dernier match de sa carrière. Finale de la coupe du monde. À quelques minutes du sacre. À quelques minutes de la sortie-la-tête-haute. Et tu fais ça Zinedine ? Devant toutes ces caméras ? Devant le président de ta république ? Devant tes joueurs qui t'ont appuyé jusqu'à la fin ? Putain que tu es con. Mais après. Avec du recul. Après mûre réflexion. Je crois que j'aurais fait pareil. (C'est bien la première fois que le recul mène à la violence !). Oui, je l'aurais frappé. Peut-être pas avec la tête. Peut-être pas à la manière du bouc. Mais j'aurais répondu à ces interminables provocations. D'une manière ou d'une autre. Je lui aurais baissé son short. Je l'aurais tâclé et j'aurais pris un carton jaune. J'aurais fait quelque chose. À un moment donné, c'est assez. Mais analysons (quand même) les faits. Qui a vu Zidane faire le bouc ? Aucun arbitre. Ou peut-être le quatrième arbitre. Et depuis quand le quatrième arbitre a son mot à dire dans cette coupe du monde ? C'est bien la première fois. Alors, qui ? La reprise vidéo. Oh. La reprise vidéo. Cette "chose" que la Fifa refuse d'implanter depuis des années. Alors, pourquoi l'utiliser maintenant ? Pourquoi pas quand l'Italie a bénificié d'un penalty inexistant contre l'Australie à la dernière minute du match ? Pourquoi pas quand la France a marqué son deuxième but contre la Corée ? Pourquoi pas quand Le Brésil a marqué un deuxième but contre le Ghana en position d'hors-jeu ? Non. Toutes ces fois-ci, on a fermé les yeux et blâmé l'arbitre. Le pauvre arbitre qui n'a qu'une tête et deux yeux. Il ne peut pas tout voir l'arbitre. Ni ses collègues de touche. La preuve. Le monde entier a vu Zidane faire le bouc. Sauf l'arbitre. Qui a dû voir ça une fois chez lui, douché et stressé par une finale aussi folle. Alors ? Alors, la Fifa a créé un précédent qu'elle devra assumer maintenant. Alors, Zidane mérite son carton rouge. Si l'arbitre l'avait vu. Ou si la Fifa acceptait la reprise vidéo. Tout ça n'est pas clair. Attention, je ne parle pas de conspiration. Il ne peut pas y en avoir. C'est faire preuve de mauvaise foi. Je parle de bourde énorme de la Fifa. Je parle d'un système fragile qui ne sait que faire, ni quand le faire.

Tout le monde a parlé de la violence physique de Zidane. Tout le monde l'a pointé du doigt. Ça ne se fait pas. Et les insultes de Materazzi ? Et la violence verbale, est-elle excusable ? Est-ce parce que c'est monnaie courante qu'on doit l'accepter ? Et les enfants qui regardent par milliers la finale ? Ne leur a-ton pas (aussi) dit qu'il ne fallait pas insulter son prochain ? Materazzi ne devrait-il pas aussi s'excuser ?

Maintenant que Zidane n'a pas voulu nous dire ce que Materazzi lui a dit, conseillé par une équipe énorme de marketteurs, psychologues, psychopathes, businessmans verreux et spécialistes en quoi-dire-au-lendemain-d'un-coup-de-tête-en-plein-poitrine-de-l'adversaire, nous devons aller de l'avant. Vivre avec notre frustration. Vivre avec cette question qui trotte dans ma tête depuis la finale : et s'il ne l'avait pas frappé ? Trezeguet aurait-il tiré ? Si oui, aurait-il raté ? Et puis, pourquoi faire tirer Trezeguet, lui qui n'a joué qu'un match et quelques minutes de toute la coupe du monde ? Était-ce un bon choix monsieur Domenech ? Oui, je sais vous êtes arrivés en finale. Mais, tactiquement parlant, vous en avez fait des bourdes. La finale n'excuse rien. La finale, ce fut un incident collectif. Autour d'un joueur exceptionnel qui jouait chaque jour son dernier match. Autour d'un des 4 ou 5 génies que le football a connus. Autour d'un Zidane, intègre, timide et diseur de peu de mots. Il parlait avec le ballon, Zidane. Il ne parlera plus maintenant. Hasta siempre capitàn !

Sur un mur de Séville, la vérité !


"Aucune armée ne défend la paix."

Sans commentaires. Je n'ai rien à déclarer, monsieur le président.

Tuesday, July 11, 2006

Le cimetière

Il fait soleil. Un soleil haut et fort qui ne vous laisse pas respirer. Nous marchons d’un pas décidé. Elle me guide de la main. Nous pénétrons le cimetière. Elle cherche un monsieur. Il lirait la prière de la bonne manière. Des jeunes nous demandent si on a besoin d’eau. Il y en a beaucoup. Je pense aux vautours. Puis, je m’en veux. Ils se défendent. Il faut bien se défendre dans la vie. Il faut bien gagner son pain. On trouve le prieur. On se dirige vers les trois tombes : mon oncle et ses deux parents, mes grands-parents. Grand-père est mort un mois d’octobre, mon oncle un mois de novembre, ma grand-mère un mois de décembre. Et alors ? Alors rien. Je viens de le remarquer. Depuis que j’ai pénétré ce cimetière, tout ce que je remarque me parait pertinent. Et je remarque beaucoup de choses. Les prieurs qui sont nombreux. Les jeunes porteurs d’eau ou de plantes. Les tombes désolées qui n’ont pas été visitées depuis des siècles. Les maigres insectes. Les plantes qui sortent de n’importe où .

Le prieur lit le Coran à haute voix. On a commencé par l’oncle. Il est mort jeune. La quarantaine. Je me rappelle encore de sa mort. J’étais en Espagne. 1998. La nouvelle m’avait foudroyé, pendant quelques heures. Ensuite, j’avais décidé qu’on n’y pouvait rien. Que c’était comme ça. Et je suis sorti. Comme d’autres soirs. Comme si de rien n’était. Nous crèverons tous.

Le prieur lit, chante le coran à haute voix. Je le regarde. Un brave type. Une cinquantaine d’années. Je m’imagine sa vie. Il se réveille, fait sa toilette, prend son petit déjeuner et se dirige vers le cimetière chaque jour. La mort a-t-elle le même sens pour lui que pour moi ? Ressent-il la même chose quand il voit ou apprend la mort de quelqu’un ? Est-il désormais immunisé à la douleur que la mort produit chez les autres, chez moi ? Autant de questions sans réponses. Un brave type tout de même. Une longue Djellaba blanche en rayures. Des chaussures marron. Et un parapluie. Un parapluie rose. Prévenant, le monsieur, par-dessus le marché. La couleur du parapluie importe peu dans un cimetière. Qui fait attention aux parapluies dans un cimetière, à part moi ? Personne, j’en suis convaincu. Et s’il avait plu ? Je m’imagine la scène pendant quelques secondes. Une pluie du tonnerre. Un fils et sa mère. Une tombe. Et un prieur lisant le Coran à haute voix et qui est à l’abri de la pluie grâce à un parapluie rose. Aurait-il offert le parapluie à ma mère ? S’en serait-il même servi ? Pluie, déchaîne-toi sur nous qu’on en ait le cœur net ! Pluie, ne nous épargne pas, je veux voir le parapluie rose trôner sur ce cimetière lugubre !

J’entends une voix. Une voix étouffée. Je me retourne vers ma mère. Elle pleure. Son frère est mort depuis 8 ans, sa mère depuis 12 ans et son père depuis 14 ans. Elle pleure. Certaines plaies ne se referment jamais. En entrant au cimetière, ma mère me dit tout bonnement qu’on finira tous ici un jour. Je lui réponds que oui, malheureusement. Elle me dit que ce n’est pas malheureux, qu’il y a tant de choses à faire et à découvrir. Je ne suis pas convaincu. Pourquoi pleure-t-on alors ? Pourquoi ces larmes maman ? Elle pleure. On passe à la tombe de grand-mère. Il y a des plantes. Un jeune à qui on avait demandé de couper l’herbe débordante, arrose la tombe. Les plantes sont vertes. Des insectes montrent leur petit bout de tête. Je les maudis. Elle est morte. Pourquoi ne pas la laisser tranquille ? Pourquoi s’acharner sur ces petits bouts de plantes qui recouvrent sa tombe ? Quelques petites, très petites roses sont éparpillées parmi les plantes vertes. Elles sont rouges. Une abeille se plante sur l’une d’elles, puis repart. La vie dans la mort. La vie de la mort. L’eau qu’on vient de verser sur la tombe est une source de vie. L’eau est une source de vie. Je me rappelle de ce verset du Coran qu’on dit souvent : Et de l’eau on a fait tout vivant. Ca n’a jamais été aussi vrai. Le prieur lit toujours. Ma mère pleure toujours. Maintenant, j’ai les larmes aux yeux. Je ne pleure pas la mort de ma grand-mère, je pleure parce qu’elle pleure. Elle qui m’a donné la vie. Elle pleure sa mère qui lui a donné la vie. Elle la pleure. Qui d’entre nous deux pleurera l’autre ? Qui souffrira pendant que l’autre sera ailleurs ou nulle part ? La mort n’est pas drôle, c’est le moins qu’on puisse dire. Elle pleure. Je la sens tendue. Je la sais qui revit ces douloureux moments de la mort de ces êtres chers qu’elle ne cessera jamais d’aimer. Elle me dit que sa mère aimait les fleurs. Elle me dit que la dernière chose que sa mère a faite, c’était d’arroser des plantes chez elles, aidée par deux de ses filles (dont ma mère) pour s’approcher des plantes. Elle me le dit avec émotion. Avec dignité aussi. Je sais qu’elle pourrait tomber ici par terre et pleurer fort sa mort, je le sens. Mais elle se retient. Digne jusqu’au bout. Le prieur est arrivé à bout de sa prière. Il prie pour nous maintenant. Que Dieu nous aide. Que Dieu aide le fils (moi) à réussir dans la vie. Ma mère le paye. Il y a toujours paiement au bout d’un effort. Presque toujours. Le prieur nous remercie, au suivant. Le jeune est payé aussi. Jeune et serviable. Jeune Marocain malchanceux à qui la vie n’a pas souri. Pas pour l’instant en tout cas. La vie ne fait pas de cadeau. Nous partons. Ma mère pense à mon père. Il est loin des siens. Lui aussi voudrait aller visiter ses parents morts. C’est important. Il devrait y aller. Autant de mots aspirés par l’océan qui nous guette en face. L’océan. Lui est durable. Il mourra aussi. Mais ne sera pas enterré dans un cimetière. Personne ne le visitera. Aucun prieur ne lira le Coran pour lui. L’océan. Je l’aime. La constance. Sa majesté l’océan. La beauté. La tranquillité. Le bleu emprunté au ciel. Sa majesté le ciel. Je les envie. Majestueux et durables. Moi, petit et périssable. Nous marchons vers la voiture. De jeunes marchands vendent toutes sortes de choses. De l’eau de rose. De l’eau tout court. Un policier vérifie les papiers des véhicules de taxi. La vie continue en dehors du cimetière. D’autres viendront. D’autres pleureront. La vie puis la mort. La mort puis …je ne sais quoi.

Saturday, July 08, 2006

De retour

De retour, de retour. Reposé et fatigué en même temps. Content et triste d'être revenu. Des sentiments contradictoires. J'écrirai bientôt.

Donner le temps au temps..