Wednesday, February 28, 2007

Pensées d'un presque-papa - Extraits

Il sort son petit museau. Il est enveloppé d’un tissu blanc. Il bouge la tête. Il a les yeux bridés. Je plane. Il bouge la tête encore. On dirait qu’il me regarde. Nous sommes six dans la chambre. Nous sommes deux dans la chambre. Il n’y a que lui et moi. Il est beau. Il est mignon. Il est charmant. Il est gracieux. Il est élégant. Oui, oui. Élégant. Le tissu blanc lui va si bien. Ses yeux sont d’un magnétisme. Son sourire est envoûtant. Je plane. Je suis sur un nuage. Je suis ému. Je suis sans voix.

La vérité existe finalement.

Je n’avais jamais rencontré d’ange…depuis que j’avais vu ma petite sœur la première fois.

Labels:

Tuesday, February 27, 2007

La vie, la vie

Ce n'est pas que je vous snobe. Ce n'est pas que je ne sois pas inspiré (enfin, un peu, je dois l'avouer). Ce n'est pas que j'aie déserté la blogosphère. Mais...

- Onassis reçoit un GRAND ami du Maroc pour deux semaines. Il faut faire le tour de Montréal. Il faut lui montrer la régie d'assurance-maladie. Il faut visiter l'Oratoire St-Joseph. Il faut boire du vin. Il faut parler. Il faut dormir peu. Il faut se mater des films. Et surtout, il faut se mettre à jour....

- Onassis a une maîtrise à finir..

Mais la grande nouvelle. La nouvelle que j'attends depuis quelques semaines maintenant :

- A. est né ce matin à 6h 03. A. est le fils de K. et S. Mes GRANDS amis. Je suis content. J'ai des papillons dans le coeur. Je sautille sur mon fauteuil. Je ne peux le voir que ce soir à 18h. Je vais y aller en courant, en galopant, en volant. Je suis content, content, content.

Bref, je suis encore là. Mais je suis aussi ailleurs. Je sais que vous comprendrez...

Le bonheur est une vague divine qui se meurt trop vite, si on n'en profite pas.



Friday, February 23, 2007

Guide de l'écrivain perdu

Que fait-on quand on a perdu l’inspiration pour écrire ?
- On se fait des œufs aux champignons.
- On prie Manitou pour que ça revienne.
- On lit.
- On boit.
- On va voir un sorcier et on se fait préparer une amulette.
- On se trouve une muse.
- On arrête d’écrire et on se met à la peinture.
- On écoute de la musique du monde.
- On fume des substances illicites.
- On se mate des films stupides, histoire de réveiller l’être intelligent en soi.
- On part en voyage dans un pays ensoleillé, où les murs sont blancs et la mer est bleue. On boit du vin et on parle à des autochtones en baragouinant dans leur langue des phrases incompréhensibles.
- On se réveille en pleine nuit en pensant avoir une idée de génie. On allume l’ordinateur. On écrit « C’était… » et on s’arrête net en se rendant compte que ce n’était pas du tout une idée de génie. Tout juste l’air d’une chanson débile qu'on entendait chanter par des copines de classe : C’était un jeune marin qui arrivait de guerre…Voilà qu'on est nostalgique.

Voilà qu'on est nostalgique.

Voilà qu'on couche sur l’écran une tonne de vieux souvenirs qu'on avait rangé dans un des tiroirs poussiéreux de notre cerveau. Voilà que l’inspiration revient. Voilà qu'on ne peut plus faire des œufs aux champignons. Voilà qu'on ne croit plus en manitou. Voilà qu'on ne lit plus. Voilà qu'on n'a plus le temps de boire. Voilà que l’idée d’aller voir un sorcier nous paraît saugrenue. Un sorcier ? Je suis un écrivain, moi. Je ne crois pas à ces sottises. Voilà qu'on passe à côté de toutes les muses qu'on aurait pu avoir. Voilà qu'on se rend compte que la peinture, c’est pas notre fort….

Que fait-on quand on est un écrivain prolifique ?

How the hell would i know?

Demandez à Marc Levy.

(Le snob en moi pense : on meuble des kiosques d’aéroport. Mais ça, je ne le dirai pas. Je le garderai pour moi.)


Wednesday, February 21, 2007

J'annonce mes couleurs



Le 26 Mars, je vote pour elle.

Elle ne gagnera pas ?

Personne ne gagnera, croyez-moi !

Et puis, depuis quand on vote pour les gagnants ?

P.S : Pour mes ami(e)s d'ailleurs : Françoise David est une des deux leaders du parti politique Québec Solidaire (tout nouveau) qui oeuvre au niveau provincial. Pour de plus amples informations, veuillez vous référer à l'URL : http://www.quebecsolidaire.net/

La vie des autres



Ami(e)s cinéphiles, allez voir ce film. Vous ne serez pas déçu(e)s.

Monday, February 19, 2007

Une genèse parmi d'autres

2001. Janvier ou février. Il neige dehors. Quelques centimètres de neige. Il est jeune. Il a un cours à l’université. Il a un bus à prendre. Il est pressé. Il hâte le pas. Une dame d’un certain âge marche en avant. Elle marche doucement. Elle titube. Ça glisse. Elle a les cheveux dorés. Elle met un manteau en fourrure. Il hâte le pas. Il veut la dépasser. Il va rater le bus. Elle tombe. Elle crie. Elle a mal. Sa jambe lui fait très mal. Il s’arrête. Il veut l’aider. Il ne peut pas tout seul. Un passant s’arrête et se propose de lui donner un coup de main. Ils portent tous les deux la dame vers le centre commercial à côté. La dame hurle encore. Elle ne parle pas français. Ou alors, la douleur lui a fait oublier son latin. Elle hurle. Les hurlements n’ont pas de langue. Ça sort. Ça gicle. Ça fait grincer les dents. Il a mal pour elle. Mais il n’y peut rien. Il a mal pour elle. Mais il ne lui dit pas. Il ne lui dira jamais. Ils arrivent au centre commercial. Ils la déposent. Ils appellent l’ambulance. Elle parle une langue de l’Europe de l’est. Il ne comprend pas. Mais il imagine. Il imagine des J’ai mal. Il imagine des aidez-moi. Il imagine des je ne sens plus ma jambe. Il pense que sa jambe est peut-être cassée. Il pense que la vie est dure pour les personnes âgées. Il pense que les dieux de la météo devraient être plus cléments. Il pense beaucoup de choses. Mais le fait est là. La dame hurle en Européen de l’est. Et lui est là, incapable de faire quoi que ce soit. Une momie. Un épouvantail. Un squelette vivant. L’ambulance arrive. Il regarde la dame dans les yeux. Elle se tait un moment. Il la regarde intensément et il part. Il prend le bus. Il monte dans le bus. Une mélodie se met à chanter dans sa tête. Une mélodie se met à le hanter. Les mots se déversent dans son cerveau. C’est presque une chanson. Quand il arrive à l’université, il couche ces mots sur un papier. Ce fut la première fois qu’il utilisait cette forme d’expression. La première fois. Et non la dernière.

Les feuilles tombaient d'un jaune orangeâtre
Le vent soufflait comme d'habitude
Je passais voir Pierre
Alors Pierre qu'est ce qu'on fait ce soir?
Ce soir c'est de la bière frère
Ce soir que de la bière

La neige tombait
Flocons par flocons
D'un blanc très blanc
Il neigeait sans façon
Comme tous les jours
Je m'en allai voir Pierre
Alors Pierre quoi de neuf ce soir?
Ce soir moi et la bière, ce soir c'est de la bière

Les oiseaux chantaient
Les arbres dansaient
D'un vert très vert
Comme toujours
Je fis un tour du côté de chez Pierre
Alors Pierre ce soir on va voir ta mère ?
Ma mère c'est ma mère
Ma mère c’est ma mère
Mais ce soir c'est de la bière

Le soleil tapait
Le ciel si bleu aveuglait,
Comme chaque soir
J'ai appelé Pierre
Alors Pierre ce soir qu'est-ce qu'on va faire?
Ce soir toujours de la bière
Ce soir encore de la bière

Les arbres sont en deuil maintenant
Le sol est pour les feuilles un cimetière
Je ne vais plus voir Pierre
Maintenant je suis veuf de Pierre
Pierre il a dit
De la bière même en enfer
Pierre était pour moi un ami et un frère
Il a choisi la bière
Au lieu de son cher
Alors moi je dis
Feu Pierre
Maudite bière



Quel est le rapport entre ces deux événements ? Quel détail dans l’incident de la dame a pu déclencher cette « pensée » ?

Sunday, February 18, 2007

Nieve, te quiero...a veces !

Il vente. Elle est blanche. Blanche et brillante. Je la caresse des pieds. Je l’effleure des joues. Je la respire. Et elle me couvre. Nous sommes l’univers. Je marche. Je souris. Jeune, je croyais que le froid, la neige, les degrés sous le zéro, gardent notre aspect physique intact. De la neige chaque jour et je n’aurai jamais de rides. De la neige chaque jour et mon visage n’aura pas d’âge, et mon visage aura éternellement vingt ans. Voilà que j’ai dix ans. Voilà que la neige est ma fontaine de jouvence. Je sors mon visage et le met en évidence. Je suis narcissique. Oui, je suis narcissique. Douce neige, cajole mon visage. Douce neige, chasse dame Vieillesse à grands coups de pieds. Je vole. Je vole et mes ailes sont blanches, et le ciel est la mer, et le vent est un radeau, et le soleil n’est pas, et je marche, galope, chemine, trottine, je cours, je me dandine. Tout est blanc. Le blanc m’apaise. Les graines de neiges brillent. Elles sont splendides. Elles sont belles. Belle est cette soirée. Belle est la lumière du lampadaire qui me guette d’en haut. Beaux sont les passants anonymes qui se cachent sous leurs lourds manteaux. Beau est le silence que la neige, reine de l’hiver, impose au cosmos. Le silence, quelle poésie, quel lyrisme, la beauté du minimalisme, le repos des sens, la paix du corps et de l’esprit.

Je marche sans but. Je suis la neige. Elle est mon guide et je suis son disciple.

Tous les chemins mènent à Rome disent-ils. Rome, c’est chez moi. Il se fait tard. Une bouquinerie me fait de l’œil. Des livres et la poésie est complète. Des mots et le nirvana est atteint. J’ouvre la porte. La lumière. Le parfum des pages jaunes. La vie. Je plonge. Rome attendra.

J’arrive. J’arrive. Mais qu’est-ce que j’ai jamais rien fait d’autre qu’arriver.

Saturday, February 17, 2007

El castigo de la espalda - 2

J'ai trouvé un autre centre de massothérapie. J'avais rendez-vous jeudi après-midi. Dès que je suis rentré dans la salle de massage, la massothérapeute m'a regardé droit dans les yeux et m'a demandé :

- Tu parles espagnol ?
- Euh...si.

Et on a parlé pendant toute l'heure !!


RECHERCHE MASSOTHÉRAPEUTE MUETTE OU PARLANT SEULEMENT RUSSE.

Wednesday, February 14, 2007

La pensée romantique de la journée

Vous allez me trouver grossier. Mais, c'est vraiment la seule pensée romantique que j'ai eue de la journée.

Qu'est-ce que je pisse souvent !



Je sais. Je suis tellement charmant...pour un 14 Février.

Tuesday, February 13, 2007

El castigo de la espalda

Dans une salle de massothérapie du centre-ville de Montréal. Un lundi à neuf heures du matin.

- Bonjour monsieur O., je m’appelle Kathy.
- Bonjour.
- Veuillez me suivre s’il vous plaît.
Kathy est à la fin de la quarantaine. Un peu ronde. Un peu brune. Son accent me dit quelque chose. Kathy, hmm…
- Alors, voilà. Vous allez vous mettre sur ce « lit ». Je vais vous laisser vous mettre à l’aise. Si vous gardez vos sous-vêtements, ils risquent d’être tachés. On utilise des huiles.
- Euh. D’accord.
Elle ferme la porte. Mon cerveau travaille. Que faire ? Suis-je à l’aise de me mettre tout nu devant Kathy ? Je ne la connais ni de Hawwaâ ni d’Adam. Et si j’avais des réactions physiques à son massage ? Mon cerveau me pose plein de questions. Et si c’était Angelina Jolie qui allait te masser le dos, te serais-tu déshabillé ? Je balaye ces questions du revers de l’oreille. Ce n’est pas Angelina Jolie. C’est Kathy. Avec des si…ma décision est prise : je garderai mon caleçon.
Kathy rentre. Souriante.
- J’ai gardé mon caleçon.
- Comme vous voulez. C’est pour les huiles…
- Ok.
Tel un Panoramix qui prépare sa potion magique, Kathy prépare je ne sais quoi dans un grand seau. J’ai choisi le massage aux pierres chaudes. Quand elle met les pierres chaudes au bas de mon dos, je sens un tel bonheur, une telle extase, que j’ai presque envie de crier.
Kathy me met une serviette sur les yeux. Kathy parle. Cet accent me dit quelque chose. Kathy. Hmm…Ma curiosité n’a pas de limites.
- Dites-moi Kathy, vous êtes originaire d’où ?
- Mère Française, père Marocain. Je suis née en France.
- Je me disais bien. (sourire)
- Et vous ?
- Maroc.
- J’allais au Maroc chaque été quand j’étais jeune.
- Vos parents sont séparés ? (ai-je des préjugés ? Non. J’ai deux oncles mariés à des Européennes. L’un des deux a divorcé depuis plus qu’une dizaine d’années. L’autre ? C’est un jeune couple. Ça fait 50% de taux de divorce ça. L’échantillon ? Bof. Je m’en fous un peu).
- Non. Ma mère s’est convertie. Mon père est mort.
- Et comment ça s’est passé ? Les parents de vos parents..?
- C’est ma mère qui n’a pas été acceptée facilement. Mon père était berbère. Une femme non-berbère pour des berbères, ça ne passe pas.
- Je vois…
- Le problème, c’est que je m’appelle vraiment Kathy.
- Ce n’est pas un problème…
- Je suis musulmane vous savez. Et pratiquante…
- Oui, oui, je n’en doute pas. (C’est pas parce que je fais des massages que je ne suis pas musulmane…)
- Je suis mariée à un Marocain. Deux enfants. Il vit aux États-Unis. Nous sommes allés vivre un peu là-bas. Mais les études coûtent cher. Et ma fille va au Cégep maintenant. Ici, c’est beaucoup moins cher. Mon mari est informaticien.
- Bien…
- Vous, vous faites quoi ?
- Je travaille à temps partiel. Je suis encore aux études.
- En quoi ?
- En informatique.
- Vous devriez aller aux États-Unis. Là-bas, il y a beaucoup d’opportunités. Surtout que vous êtes encore jeune.
Kathy me masse les jambes. Elle rentre sous le caleçon pour me masser jusqu’au bout de la jambe. Je me tais.
- Mes enfants. Je fais très attention à leur éducation.
- C’est bien.
- Ils traînent avec des Algériens.
- Les Algériens et nous, c’est exactement pareil.
- Vous trouvez ?
- Oui. J’ai des amies Algériennes. Nous sommes exactement pareils.
- Ah oui ? Moi, je les aime pas. Ils sont souvent à traîner dans la rue. À faire des conneries.
Est-ce que je la mords ou je lui donne un coup de pied ? Relax, relax, tu es venu te faire masser.
- Ça dépend. Il y a plein de Marocains qui traînent aussi et qui font des conneries. Tout dépend de l’éducation.
- Oui, mais les Algériens, c’est souvent comme ça…
Je prépare ma bouche pour la mordre. Mes dents sont prêtes. Je les grince pour les préparer à la grande morsure.
- Tournez-vous monsieur, on va passer au dos.
- Ah oui. C’est pour mon dos que je suis venu en fait.
- Vous auriez dû me le dire plus tôt.
- ….
- C’est un certificat cadeau ?
- Non, je suis assuré.
- La prochaine fois, demandez un massage de dos. Demandez Kathy. Je vais vous arranger ça.
- D’accord.
- J’ai des diplômes. J’ai travaillé en France. Je suis ici juste pour dépanner. Ils ne payent pas assez.
- Oui. Je comprends.
Le massage de dos me fait trop de bien. Je ne la mordrai pas finalement. Mon cannibalisme latent en restera là. Lâche. Je suis lâche. Je le sais. Mais j’ai mal au dos. Ça se comprend.
Le reste du massage Kathy n’arrêtera pas de parler. Elle a travaillé pour des juifs. Ils sont sérieux. Pas comme nous. Ils ont le contrôle du monde. Les Américains sont gentils. Ils ne sont pas racistes. On paye moins de taxes là-bas. C’est mieux qu’ici. C’est mieux qu’ici. C’est mieux qu’ici…
Kathy me baisse légèrement le caleçon pour me masser le bas, très bas, du dos. Je suis gêné. Mais je ne dis un mot. Lâche. Je suis lâche. Mais j’ai mal au dos. Ça se comprend.
Fin du massage. 50 minutes. Pas une de plus. On peut pas être aussi folklorique pour le temps ? Tu veux pas continuer à parler Kathy (tout en me massant le dos) ? Tu veux pas continuer à creuser, alors que tu es dans le trou ? Je t’en prie, ne te gêne pas !
- Je vous laisse vous habiller, monsieur.
- D’accord. Merci.
Ça me prend cinq minutes pour retrouver mes esprits. Mon dos ! Ah, mon dos ! Si tu savais ce que j’aimerais te faire masser chaque jour. Peu importe quelle conne te masse. Je te ferai masser. Peu importe quelles bêtises mes oreilles écoutent. Je te ferai masser. Tu me fais souffrir. Tu me rends lâche. Tu me feras toujours souffrir. Je le sais. Et je dois faire avec.
Kathy me fait le tour de l’établissement. Est-ce que je veux un café. Est-ce que je veux un jus. Est-ce que je veux un journal. Non. Merci. Je dois m’en aller. Je paye. Je m’en vais. Il neige dehors. Je suis fatigué. Je suis épuisé. Le massage m’a calmé les nerfs. Les paroles de Kathy m’ont fait l’effet contraire. Est-ce que je reviendrai ? Sûrement pas. Je trouverai un autre centre de massothérapie. Il y en d’autres. Sans Kathy.

Deux semaines plus tard, les assurances me remboursent. Pas 80%. Moins. 60%. Le montant réclamé est trop élevé pour le service reçu. Notre maximum est de 95$.

Maudite Kathy. En plus tu coûtes cher.

Monday, February 12, 2007

Wenthworth, le Hockey sur lac gelé et quelques autres contrastes

Laurentides. Wenthworth. Une trentaine de minutes de Saint-Sauveur. Trois Marocains et une Libanaise née au Sénégal. Deux voitures. Je suis avec C. Quelle musique on met ? Techno. Tiësto nous réchauffe. Et on vole. Pardon ? Comment je fais pour passer d’Alain Lefèvre et son hommage à André Mathieu à Tiësto ? Bein, c’est clair. À chaque saison, ses fleurs. À chaque plat, sa saveur. À chaque ambiance, sa musique. Et l’ambiance est festive, frivole, jeune.

La route est simple et plate jusqu’à Saint-Sauveur. Ensuite, elle se déforme, elle fait des détours. Il fait noir. La neige est partout. Curieusement, d’autres voitures nous suivent. Curieusement. Parce qu’on se serait cru dans un coin perdu où personne ne va jamais. Mais non. Il fait noir, mais on n’est pas seuls.

Le chalet est petit. Deux étages. Une salle de bain. Un salon avec un foyer. Nous mangeons tranquillement avec un vin rouge Québécois que j’avais acheté il y a quelques mois au vignoble qui le produit. Le vin est pas mal. La bouffe est bonne. On discute. On rigole. On se taquine. Devant, il y a un lac gelé. Le voisin a pelleté fort. Une petite patinoire se dessine. On sort le projecteur. On sort les bâtons de Hockey. Et on se fait des passes. Imaginez-vous trois Marocains qui se font des passes de Hockey sur une pseudo-patinoire à Wenthworth. Ce n’est pas drôle ? Et si je rajoute qu’ils n’ont jamais joué au Hockey, qu’ils ne mettent pas des patins, mais des bottes d’hiver et que souvent ils tapent le sol au lieu de la rondelle ? C’est plus drôle maintenant. C’est plus drôle. Dieu que j’aime le folklore !
Refroidis, les bières consommées et les deux rondelles perdues dans les bancs de neige, nous rentrons et nous servons quelques verres de whisky. Nous descendons en bas, allumons le foyer. Jouons au poker ! 5$ chacun. C. n’arrête pas de nous faire des full house. J’ai quatre dollars. J’ai trois dollars. Il est minuit. Il est une heure. Je m’endors. Je n’en peux plus. Onassis n’en peut plus. Il est debout depuis 6 heures du matin. Ses yeux se ferment. Au lit. Tout le monde, au lit. Je me réveille à 4h du matin et je lis une revue niaiseuse de la vie des stars Québécoises. Décidément, mes problèmes de sommeil me suivent même aux Laurentides !

Le lendemain, nous nous levons de bonne humeur. Il fait un peu froid. H. cherche les deux rondelles. Il aime ce genre de défis. Il les trouve. Et nous regarde l’air fier. Il rentre enfin se joindre à nous pour le petit-déjeuner.
Que pouvons-nous faire ? Et si nous faisions le tour du lac ? Quelques pseudo-passes de Hockey plus tard, nous voilà à marcher le long du lac. Les chalets sont beaux. Il y a cette immensité du lac, cette grandeur, cette largeur qui vous remplit les yeux et vous enivre les narines. Le silence. Quelques jappements de chien. Quelques skidoos qui passent et nous polluent l’air pur. Et un soleil constant, témoin de nos pas lents sur un lac gelé, qu’on a du mal à imaginer dégelé. On parle. On parle. Et plus ça va, plus il fait froid. Je demande à S. si elle a la nationalité Sénégalaise. Elle ne l’a pas. Je lui demande tout un tas de choses. Je suis curieux. Son parcours est encore plus original que le mien. J’ai très froid maintenant. On est de l’autre côté du lac. Le soleil s’est évanoui. Ne reste que le vent et nos murmures qui se perdent au milieu de la nature. Nous pressons le pas. J’ai froid aux oreilles. Ça me rappelle mon premier hiver au Canada. Ça me rappelle cette fameuse fois que j’avais eu tellement froid aux oreilles que dans mes yeux, des larmes s'étaient incrustées. K. m’avait passé sa tuque. Et les larmes de rebrousser chemin. Les souvenirs. Les souvenirs. Nous rentrons et grignotons un petit quelque chose. La belle-mère de C., fine cuisinière, nous a concocté quelques chefs-d’œuvre culinaires, que nous nous empressons d’engloutir. Et la fatigue de montrer le bout du nez. À côté du foyer, quelques paroles ont le courage de se faufiler à travers nos bouches. Mais bientôt Morphée nous accueille les bras grands ouverts. Au réveil, bien qu’un peu sonnés, nous sommes déjà d’aplomb pour une nouvelle activité. Il paraît qu’ils pèchent dans un lac à côté. Il paraît qu’ils font des trous et vont à la conquête du poisson. Allons voir. La bière est dans la voiture. Nous sommes habillés jusqu’aux oreilles (C’est le cas de le dire). À la recherche des pêcheurs vont les pécheurs. Quelques virages plus tard, quelques renseignements plus tard, nous sommes au lac. Il y a du monde. Des voitures. Les gens sont souriants. Je suis curieux. Ils font comment pour pêcher ? Ça coûte combien ? S. a peur en voiture. Elle dit que marcher lui ferait moins peur. Mais en voiture, elle a peur que le plancher cède. Nous stationnons. Munis de nos bières, nous nous approchons. Il y a des trous. Et des sortes de bras en bois. Et la pêche se fait toute seule. Bof. Je ne suis pas impressionné. Aucun contact avec la nature. Aucune quête du poisson. Ça se fait tout seul. Comme avec une télécommande. Les gens boivent quelques bières et parlent. Des enfants s’extasient devant des trous dans le lac. Une cabane laisse échapper de la fumée. Nos souvenirs folkloriques venus de Rabat et de Dakar nous poussent à croire que peut-être dans cette cabane, on vend du poisson frit. Les pêcheurs vendent sûrement leur poisson fraîchement cueilli. Naïfs ! Mais quelle belle naïveté. Nous leur demandons. C’est pour se réchauffer. Il n’y a que deux personnes qui ont eu des poissons aujourd’hui. Quel genre de poisson ? De la truite. J’en ai l’eau à la bouche. Je bois une gorgée et je m’imagine un bout de truite dans la bouche. Saloperie d’imagination. Voilà que j’ai faim. Nous restons quelques minutes à parler à nos pêcheurs. Puis, on s’en va. Tout le monde est souriant. Je pense à Hérouxville. 4 arabes, chacun muni d’une bière, se sont présentés aujourd’hui au lac, cherchant une cabane qui vendrait du poisson frit. Il va falloir rajouter aux nouveaux règlements qu’ici, à Hérouxville, nous n’accommodons pas les immigrants. S’ils veulent du poisson frit, qu’ils le préparent chez eux. Et on ne boit pas de la Heineken. On boit de la Molson. Coudonc, c’est pas difficile. À Rome, on fait comme les Romains. Je pense à ces conneries. Et je me dis que je suis en vacances cette fin de semaine, qu’il faut relaxer, oublier la bêtise humaine, oublier les journaux à deux sous, les télés à sensations, les ambitions politiques, les débats qui n’en sont pas. C’est ici que ça se passe. Sur le visage de ces gens heureux, souriants, buveurs, accueillants. C’est ici. Le reste est irréel puisque monté comme une mauvaise pièce de théâtre, puisque mascarade parmi les mascarades.

Il est déjà 16h ou 17h. Un dernier café/chocolat chaud à Saint-Sauveur. Avant, nous passons à la SAQ. Un bon vin s’impose. On ne sait jamais ce qui va se passer ce soir. La nuit est encore longue. La nuit est encore jeune. À la SAQ, les vins sont, comme le savent mes lecteurs Québécois, catégorisés par pays, régions. Sur une des tablettes, c’est écrit « Afrique du Nord ». Je connais déjà à peu près tous les vins Marocains, Tunisiens, Algériens qui sont importés au Québec. Mais qui sait ? Peut-être y a-t-il des nouveautés ? Le premier vin sur lequel je tombe est Libanais. Le deuxième est Libanais. Le troisième est Libanais. Ils sont tous Libanais. Je me prends un vin Australien (sur une autre tablette) et je me dirige vers la caisse. S. se met à côté de moi à ma demande. Je m’adresse à la caissière tout de go :
- Dans la section Afrique Du Nord, tous les vins sont Libanais.
- Et ?
- Le Liban, c’est pas en Afrique Du Nord mademoiselle.
- Oui, mais, c’est parce que d’habitude, on met des vins de l’Afrique du Nord, mais là, on a eu un arrivage du Liban.
- Alors, changez d’enseigne…

S. veut calmer l’atmosphère.
- C’est parce que, lui, il est Africain du Nord et moi je suis Libanaise. Et on s’aime pas.
L’autre caissier se prononce :
- La chicane est toujours poignée oui.

Parlait-il d’Israël et le Liban ? Parlait-il du Darfour ? Parlait-il du Maroc et le Polisario ? Parlait-il de l’éternelle rivalité Montréal-Québec ? Comment le savoir. Avec ses connaissances géographiques avoisinant la température extérieure du Québec en hiver, je ne peux deviner de quelle partie du monde, il parlait. Nous sommes partis. S. m’a dit que j’avais raison d’en parler. Maudit que j’avais raison !

De retour vers Montréal, je remis Tiësto. Et nous nous enflammâmes encore à l’écoute de la deuxième chanson du CD. Je ne saurais la nommer : je suis un inculte de la musique techno.

Quand je reviens chez moi, à Montréal, je suis content. Quand je m’éloigne de chez moi, de Montréal, je suis content aussi. C’est tout comme Tiësto et Alain Lefèvre. C’est tout comme Antoine Doinel (Domicile conjugal – Truffaut) et Néo (The Matrix – Wachowski bros). C’est tout comme les restos espagnols avec du bon vin rouge et les escargots, trempés dans de la sauce piquante, vendus et dégustés dans les petites ruelles du Maroc perdu.

Contrastes, je vous aime.

Friday, February 09, 2007



Parti pour deux jours. À lundi !

Tuesday, February 06, 2007

Quand les cons vont chez les cons

J’ai pris le journal gratuit ce matin en m’en allant à l’université. Sur une des pages, je lis : Jaziri, l’Imam de la mosquée Al-Qods, est allé à Hérouxville avec une femme voilée pour tester la tolérance de ses habitants. Il aurait discuté quelques trente minutes avec un commerçant de la ville. J’étais encore un peu dans les vapes. C’était le matin et je n’avais encore rien avalé. La nouvelle m’a secoué. Elle me secoue toujours d’ailleurs. Et il est 19h 30. Quel con, ce type !! Mais quel con ! S’ils font « le dîner des cons 2 », je pose sa candidature. Pas besoin de casting monsieur Veber, vous avez là un champion. Un vrai champion. Un Federer de la connerie.

D’abord, on fait comment pour tester la tolérance des gens ? Y’aurait-il un toléromètre et je ne serais pas au courant ? Comment tu fais, hein, Jaziri, en trente minutes ? S’ils ne te crachent pas dessus, ils sont tolérants ? S’ils ne lapident pas la femme voilée, ils sont tolérants ? (D’accord, le jeu de mots n’est pas des meilleurs, mais, il était trop facile. Pourquoi faire difficile quand on peut faire facile ? ) Jaziri, réfléchis-tu des fois ? Ou serais-tu aussi provocateur que le maire d’Hérouxville est analphabète ?

Ensuite. Ensuite, ‘me semble que c’est clair. Ensuite, ‘me semble qu’ils te l’ont dit clairement. Ils n’en veulent pas de voilées, de kirpannés, de kippanés. Ils n’en veulent pas. Ils veulent que tu t’assimiles. Ils veulent que tu ailles là-bas, que tu leur fasses des baklavas, que tu parles avec ton accent folklorique, que tu manges du cochon et que tu sacres en ciboire et en calice. C’est comme ça. Il l’a dit à la télé. T’sais, l’émission Tout le monde en parle. T’sais l’émission où un suffisant invite quelques morons pour se foutre de leurs gueules. Bein, le moron de service, l’autre fois, c’était le maire d’Hérouxville. Alors ? À quoi bon aller tester la tolérance des gens d’Hérouxville ? N’ont-ils pas assez eu de publicité comme ça ? Ne l’as-tu pas entendu dire qu’il voulait que le premier ministre du Québec décrète l’état d’urgence ? Tu as entendu ? L’état d’urgence ! Serais-tu twit l’Imam ?

Je vous pose la question. Qui voudrait aller vivre à Hérouxville ? Pas moi en tout cas. D’abord, je ne savais même pas que ça existait. Ensuite, je n’ai rien à faire là-bas. Avec un maire aussi illettré que ça, j’aurais honte. Comme j’ai honte quand ce Jaziri, pas moins illettré que le désormais tristement célèbre maire d’Hibouxville, se dit représentant des musulmans ou je ne sais quel autre bouffonnerie. Tu me représentes, toi ? Ça ne va pas ? L’ambition a des limites…

Cette histoire a pris des proportions disproportionnées (fallait la trouver, celle-là !). Un sondage et c’est la dérive. Certaines personnes en font un capital politique. D’autres sortent une frustration fondée sur quelques cas isolés que les médias, âme commerçante et buts capitalistes indéniables, se plaisent à étaler, à exagérer, à vendre. Beaucoup d’immigrants eux-mêmes seraient contre certains accommodements déraisonnables. Dire qu’on n’aurait pas le droit de lapider une femme est équivalent à dire qu’on n’aurait pas le droit de poignarder son mari au lit. C’est une tautologie. C’est un truisme. C’est une connerie tout simplement. Car tout le monde est contre la lapidation des femmes. Tout le monde sensé. Les autres ? Bein, s’ils le font, ils auront affaire à la justice. La justice Canadienne. Il faut faire confiance à la justice. Il faut faire confiance au système de notre société. Cette société qui a été bâtie au fil des siècles et à laquelle on adhère tous. Même quand on a pris le bateau plus tard que d’autres.

Ça suffit le niaisage !

Quelques achats

Achetés la semaine dernière dans un magasin à côté de chez vous :


J’ai vu Alain Lefèvre donner quelques entrevues. La plupart sur des télés locales. Il parlait avec tellement de passion d’André Mathieu, un génie Québécois mort inconnu, que je n’ai pu résister. Et dire que je ne suis pas un expert en musique classique. Loin de là. Victime du marketing ? Nâh. Je vous parle de passion. Je vous parle d’art. Je vous parle d’un artiste qui veut rendre hommage à un artiste mort.




Ma voisine, A., m’a parlé de ce roman comme l’un des meilleurs romans Québécois. Il y a quelques mois, j'ai lu L’hiver de force, et ce fut un grand coup de cœur. Alors, si Va savoir est bon, je suis preneur.





J. m’avait parlé, voilà quelques mois, dans un café hippie du centre-ville (bon choix, J. !), de ce livre qui est presque aussi bon que la vie devant soi. La vie devant soi, tu dis ? Okay, J. Okay. Je vais plonger. Je vais sauter. Je vais nager. Et lira bien qui lira le dernier.

Monday, February 05, 2007

Parlons tous de sang *

J’avais 17 ans et quelques mois. Nancy. Journée de collecte de sang. Je fais la file. Une bonne demi-heure. Je suis fier de pouvoir servir à la société. J’arrive au bureau de la préposée. Nom. Prénom. Date de naissance. Un message rouge (sic) s’affiche sur l’écran. Vous n’avez pas 18 ans. Vous ne pouvez pas faire don de votre sang. Je fais une moue triste. Je me lève et je repars.

Trois et demi en Espagne. Nuit. Nuit. Nuit. Alcool. Alcool. Cinéma. Alcool. Donner mon sang ? À quoi bon ? La vie n’a pas de sens. Et puis, j’ai trop d’alcool dans le sang. Ce ne sera vraiment pas la peine. Ce ne sera vraiment pas utile.

Canada. Nouvelle vie. Nouveau départ. Don de sang ? Mais bien sûr. La vie est belle. Il faut s’entraider. Il faut sauver des vies. Les fleurs, les oiseaux, le soleil. Tout est beau. Alors, oui, donnons du sang. En plus, je suis B négatif. Ils sont rares les B négatif. Ils sont rares.

Je fais la file. Une bonne demi-heure. Je suis fier de pouvoir « servir à la société. J’arrive au bureau de la préposée. (C’est toujours une préposée, pourquoi ?...). Êtes-vous homosexuel ? Non. Avez-vous des rapports non protégés ? Non. Avez-vous vécu en France entre …et … pendant plus que six mois ? Oui. On ne peut pas prendre votre sang monsieur. Pourquoi ? La vache folle, blablabla, blablabla…Je fais une moue triste. Je me lève et je repars.

Au moins, l’intention est là
, me lance la préposée. Ouais, ouais. L’intention. Elle ne sauvera aucune vie l’intention.

Personne ne veut de mon sang.

Je suis déçu.

Je suis très déçu.

Et puis, pourquoi demander si je suis homosexuel ? Le sang qu’on donne, on le vérifie , non ?

J’espère qu’un jour, je ferai don de mon sang. Ailleurs qu’au Maroc…

* C'est notre chère Rédactrice et ses déboires sanguins qui m'ont inspiré ce texte...

Thursday, February 01, 2007

Le cerveau qui flanche



Ça doit faire deux mois que j'ai ce nom dans la tête. C'est même un titre plutôt qu'un nom. Mais qui a tué Veronika Palmer ? Je ne comprends pas d'où ça vient. Je ne connais aucune Veronika Palmer. Je ne connais aucune Veronika, tout court. Réflexe de mon temps, je suis allé sur google. Veronika Palmer. Que dalle. Essayons un VeroniCa classique. Bingo. Elle aurait co-écrit un livre avec un autre Palmer : Alan. Le livre s'appelle : Who's who in Shakespeare's England. Je lis les informations sur le livre. Je descends plus bas. Informations about the author. Veronica Palmer, recently deceased , was a classic graduate of Lady Margaret Hall, Oxford. Bon Dieu. Elle est morte ! La question s'impose : Comment est morte VeroniCa Palmer ? D'autres recherches. Les deux auraient co-écrit d'autres livres d'histoire. Je n'arrive pas à trouver la cause de sa mort. Mon ami Wikipédia ne semble pas la connaître. Bredouille et mains vides. (Ça sonne bizarrement comme Chapeau melon et bottes de cuir !)

Je laisse tomber.

Mais pourquoi cette question qui me hante dernièrement ?

Un jour, j'en ferai une oeuvre. Un jour. Ce sera visuel ou sur du papier. Mais VeroniCa Palmer revivra. Avec une lettre différente. Et une histoire différente. Mais elle revivra.

Qui a tué VeroniKa Palmer ?

J'aime ce titre...

Mon cerveau m'inquiète.

Mais ce n'est pas nouveau.