Sunday, May 18, 2008

Ces approximations historiques voulues

Je continue sur la lancée de mon dernier texte. Je ne peux m'en empêcher. Dire qu'il fait beau dehors et que je m'en allais faire une petite trotte en vélo. Mais c'est plus fort que moi.

On mangeait au restaurant jeudi soir. On discutait de tout et de rien, quant Y., grande petite amie et grande grande soeur, évoqua le sujet, non sans demander notre permission : le sujet palestinien nous est douloureux et aurait pu gâcher l'atmosphère ludique qu'on voulait à notre soirée.
"Je faisais ma revue de presse matinale quand j'ai lu ceci : 60ème anniversaire de l'indépendance d'Israël...! J'étais scandalisée..."
Nous étions tous scandalisés.

Ce matin, je parcours la page principale de cyberpresse.ca. Richard Hétu, correspondant de la presse à New York, titre : Israël et son problème américain"., et parle au début de son texte de la même fausseté historique : L'indépendance d'Israël.

L'indépendance d'un pays, c'est d'abord son existence, ensuite sa colonisation, avec souvent des mouvements de libération, un soulèvement du peuple, des meurtres, des disparitions, etc., pour finalement aboutir à cette indépendance tant voulue, tant espérée, tant rêvée.
L'Afrique en connaît long à ce sujet. Mais pas seulement l'Afrique. L'Asie, L'Amérique du sud...

L'indépendace d'Israël, c'est une foutaise. Il n'y avait pas d'Israël. On l'a fondé, créé, offert (oubliant qu'il y avait des gens qui habitaient sur cette terre depuis fort longtemps) aux juifs pour en faire un pays.

Je salue néanmoins le courage de Jeffrey Goldberg - dont parle le texte de Richard Hétu - qui affirme que le lobby pro-Israël aux États-Unis est l’un des obstacles majeurs à un règlement du conflit israélo-palestinien. Courage, car on le sait bien : il ne faut critiquer ni Israël ni le lobby juif, ni même la politique étrangère des États-Unis, sous peine d'être taxé au mieux d'antisémite ou de terroriste latent, au pire de terroriste antisémite actif et d'être envoyé à Cuba, muni d'un billet aller et d'une tenue orange (gage des bons moments à passer) aux frais de la princesse.


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Friday, May 09, 2008

Le droit de rêver

Le 14 mai, Israël fêtera 60 ans d'existence.

Pendant ce temps...Alors que les trois principaux candidats à la présidentielle des États-Unis se disent alignés à Israël. Alors que les palestiniens vivent dans la misère et la hougra (humiliation) quotidienne. Alors qu'une torche olympique détourne l'attention du monde entier.

Je rêve.

Je rêve tous les jours.

Qu'avant que la terre ne me reprenne dans ses entrailles, les palestiniens aient la leur.

Leur propre terre. Leur propre pays. Car comme tous les autres, car comme les autres, ils ont le droit.

60 ans d'existence.

Ou 60 ans de non-existence.

À vous de voir !


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Wednesday, May 07, 2008

Toujours Cuba

Quand je me suis réveillé, il faisait un peu gris. Je n’avais pas vraiment envie d’aller à la plage. J’ai rencontré quelques Québécois, qui ont à peu près mon âge, la veille. Ils partaient en excursion ce même matin. Veux-tu venir, O. ? Non. Merci. Je n’ai aucune envie de me réveiller à 8h du matin. Les vacances, ce n’est pas fait pour angoisser. À bas le réveil.

J’ai pris ma douche et j’ai bourré mon sac à dos de crayons de couleur, de cahiers, de stylos, etc. Le bus en partance de la ville démarrait à 10h. On était 3 dans le bus : un couple quinquagénaire et moi. Ils avaient la main dans la main. J’en étais presque ému.

J’aime marcher tout seul. Surtout quand je ne sais pas le chemin. J’ai déambulé dans les rues de Trinidad et je me suis senti libre. Libre comme l’air frais. Libre comme mes pensées éparses et hétéroclites. Libre comme cet enfant qui s’agrippe à la main de sa mère en se dirigeant vers son école. Tous les enfants sont libres. (Je pense à Gibran: les enfants ne nous appartiennent pas, ils appartiennent à la vie). L’enfant baisse la tête et marche, tiré vers le bas par son grand cartable rouge. Sa mère marche tout droit sans aucune hésitation. Je les suis. Je sors un stylo et le lui tend. Sa mère sourit et d’un geste de la tête, approuve. L’enfant prend le stylo et me sourit timidement. J’ai des fleurs dans le cœur. Et mon cœur grossit. Et il y a encore plus de fleurs. Le gosse rentre dans la cour de l’école. Je rentre aussi. Cinq enfants jouent au foot-ball au milieu de la cour. Je m’approche et je sors quelques stylos. Ils s’approchent, se servent et partent en courant, le sourire jusqu’aux oreilles. Je suis heureux. Plus de fleurs. Plus de fleurs. Maintenant, c’est carrément un jardin. Mais ça ne dure pas longtemps. Une femme s’avance vers moi, le doigt vers le ciel, me faisant signe d’arrêter, de ne pas…j’arrête. Je me lève et m’avance vers la porte. Je ne cherche même pas à savoir la raison de sa réaction. Voulait-elle prendre les stylos et les distribuer à sa guise ? M’a-t-elle pris pour un prédateur ? Je ne sais pas. De toutes les manières, je n’en ai rien à foutre. Je suis libre comme l’air.

La ville est petite et j’ai vite fait de me retrouver. Dans une rue sinueuse, plusieurs marchants exposent leur marchandise dans des kiosques. Je m’arrête devant un article sans savoir pourquoi. Une jeune fille brune me dit dans un espagnol approximatif : prenez-le, c’est d’une bonne qualité. Je souris : vous avez une commission sur les ventes ? Elle sourit : non. J’ai acheté le même article. Je suis satisfaite. J’ai le flair pour reconnaître mes compatriotes. Vous êtes de quel pays ? Israël. Et vos parents ? Israël. Oui, mais ils sont nés où? Au Maroc. Voilà, je ne me suis pas trompé. Je lui dis que je suis marocain. Elle semble surprise. Je fais un peu la conversation et je m’éclipse. J’ai encore envie de marcher seul.

Je rentre dans un magasin à cigares. Il y a bien sûr des cigares, mais aussi du Rhum, des t-shirts, des briquets. Trop de choses. Trop d’attrappe-touristes. J’ai presque le vertige. Je n’ai aucune envie d’acheter quoi que ce soit. Je sors vite un peu étourdi, un peu nauséeux, un peu fatigué.
Que faire maintenant ? Je crois avoir fait le tour de la ville. Je crois que je ferai bien de rentrer.

Le coco-taxi est un genre de scooter en forme d’œuf. Ça ne dépasse jamais le 50 km à l’heure. Je ne sais pourquoi, mais rouler dans ce truc donne l’impression d’être libre. Sa couleur jaune, le vent frais qui souffle, le chauffeur qui ne parle presque pas, les gens qui vous regardent en souriant, toutes ces choses-là, intimement liées à l’état du parfait touriste, donnent une impression de flottement difficilement explicable. J’ai vivement essayé de soutirer une petite jasette au chauffeur, mais c’était un homme de peu de paroles. Alors, j’ai fait le guignol. J’ai crié. J’ai chanté. J’ai donné le dernier cahier et les derniers crayons de couleur que j’avais à un gosse qui passait avec sa mère (ils ne passent donc jamais avec leurs pères ???). Et ce fut une expérience inoubliable.

Quand je suis arrivé, il faisait plus beau. J’ai commandé une pizza et j’ai encore regardé la mer, de la même manière que je la regarde toujours : un peu hébété, un peu surpris, carrément étonné que cette chose si belle existe.

Le monde regorge de beautés. Mais la beauté de la mer est une valeur sûre.



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