Wednesday, June 27, 2007

Vol au dessus d'un nid pubère

Je pars en voyage bientôt. Je serais allé au Nicaragua, aux Philippines, au Mozambique, ou même à Toronto. Mais non. J’irai encore là-bas. J’irai encore humer le vent de mon enfance. J’irai encore frissonner au contact de mère la mer. J’irai encore me voir dans tous les visages. Je serai encore et toujours partout. Sur les trottoirs crasseux. Dans la cacophonie indisciplinée. Parmi la foule frère. Parmi la foule sœur.

Je serais allé ailleurs. Par curiosité. J’irai là-bas avec plaisir. Je ne le sais que trop bien. Je ne le sais que trop. Quand j’y vais, c’est le plein d’émotions, d’histoires à dormir debout, de folklore, d’anecdotes, de souvenirs drôles et d’autres moins drôles. Je ne le sais que trop bien. Dès que je monterai dans l’avion, dès que le sourire impersonnel de l’hôtesse de l’air m’indiquera le siège à prendre, dès que je prendrai le journal L’Opinion ou Le Matin, j’aurai des frissons. Mon cœur se serrera. Ma gorge fera un bruit étouffé. Ça s’appelle l’émotion. Ça s’appelle les souvenirs indélébiles. Ça s’appelle l’amour inconditionnel. Et l’amour inconditionnel, malgré cet adjectif définitif et presque utopique, n’est jamais sans une petite pointe de douleur et de rêves brisés.

Je serais allé ailleurs. Je n’irai pas à reculons. J’irai au cimetière. Grand-mère. Grand-père. Oncle. Je vous salue. Reposez en paix. Reposez le temps qu’il faudra. Rien ne presse. J’irai manger à la médina. Ce n’est pas propre ? Les mouches ? Je m’en fous comme de mes premières chaussettes. C’est tellement bon. C’est tellement bon. Ça coûte combien un-morceau-de-viande-machine-à-remonter-le-temps ? Ça coûte combien 17 ans en arrière ? Ça coûte combien un soleil frappant, une fumée appétissante, une sueur commune ? C’est une expérience religieuse. C’est une aventure au-delà des questions terrestres. It's priceless, baby. Ça en vaut la chandelle. Ça en vaut LES chandelles. J’irai manger des escargots bouillants. Ce sera très (trop?) piquant. J’avalerai le bouillon non sans souffrance. Mais qu’importe. Au bout de la souffrance, la mémoire. Il faut la nourrir la mémoire. Il faut la garder vivante. Il faut la garder alerte. J’irai à la plage. Je mangerai un beignet frêle. J’avalerai un coca tiède. Je mangerai une glace. Pingouin. Polo. Gervais. Je ne sais trop quoi. Je mangerai tout ça. Et mes papilles gustatives seront aux anges. Le sucre ? Rien à foutre. Une tête piquée. Un énième défi à l’océan, parmi ses vagues peu tendres, et tout est brûlé, tout est gaspillé, tout est évaporé. Tout. Sauf le goût. Sauf la sensation. Sauf mon esprit qui garde l’empreinte du moment.

Je serais allé ailleurs. J’irai presque en courant. Aux douanes, on me demandera tout de suite ma carte nationale, à la ne-fais-pas-semblant-d’être-Canadien. Je leur donnerai ma carte expirée depuis des années. Sur ma photo, on suspectera une tendance rachitique, une tristesse timide, signes d'autres temps, d'autres moeurs. On prendra le numéro de la carte. Et on me laissera aller. Le douanier ne me fera aucun sourire, ne me souhaitera aucunement la bienvenue. Qu’est-ce qu’il en a à battre, lui, que je sois là ? À la limite, j’aurais dû rester chez moi. Cette idée d’atterrir à 7h du matin. Non, mais… Et puis, il ne peut même plus fumer dans l’aéroport maintenant. Et en plus, tu t’attends à un « bienvenue, monsieur » ? Tu rêves O. Tu rêves en couleur. J’attendrai impatiemment mes bagages. Ça prendra une éternité. Quelques sieurs chétifs que je pourrais, mon (peu) discret embonpoint aidant, transporter chacun sur une épaule, me demanderont si j’ai besoin d’aide pour transporter mes bagages. Je refuserai poliment. Et je marcherai vers la sortie. Un moustachu, fatigué et visiblement irrité d’être à l’aéroport si tôt, brandira une grande pancarte avec un nom occidental : Alexandre Poivrot. Je me présenterai. Il sourira brièvement et je sentirai un petit soulagement. Puis, je lui dirai, le sourire jusqu’aux oreilles : Ai-je la tête d’un Alexandre ? On rira tous les deux à pleines dents. Et c’est là que j’aurai la certitude et surtout la confirmation que rien n’a changé. On a encore le même humour. On rit encore des mêmes choses. Je suis encore chez moi. Malgré toutes les années. Malgré tous les kilomètres. Je suis lui. Il est moi. J’aurais pu être lui. Il aurait pu être moi. Une question de dés. Une question de chance. Ou de malchance. (Reste à savoir qui est le chanceux d’entre nous deux. Mais ça, c’est une autre histoire…)

Je serais allé ailleurs. J’irai me ressourcer. Dans la seule eau bénite que je connaisse. Dans le désordre de ma jeunesse. Dans les rivières inciviles de mon enfance. Parmi des arbres témoins de mon départ et de mon retour. Ça sentira la mer fraîche. Vieille de cent ans. Vieille de mille ans. Ça sentira les oiseaux pubères. Ça sentira l’espoir. Et dans un sourire surpris, sur un visage bronzé, d’un trois-pommes trottinant dans une rue aux allures rocambolesques, je me reconnaîtrai. C’est moi, il y a 10 ans. C’est moi, il y a 15 ans. C’est moi, il y a 20 ans. C’est moi, il y a toujours.


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Monday, June 18, 2007

Le questionnaire

On m'a appelé à la barre. Trois fois, plutôt qu'une. D'abord Amine, ensuite Réda et enfin La Rédactrice Chauve . Je jure de ne dire que la vérité, rien que la vérité. Mais comme elle n'existe pas. Mais comme si elle existait, elle serait fausse. Don't have high expectations.

4 livres de mon enfance :


J'ai lu des bandes dessinées à la pelle. C'était très varié. Astérix et Obélix, Pif et Hercule, Rahan, Blek le rock, Tintin, Gaston Lagaffe, Tex Willer, Dardevil, Spiderman, Majid, etc. J'ai aussi beaucoup lu la bibliothèque rose et surtout Oui-Oui. La bibliothèque verte, contrairement à Réda, m'ennuyait à mourir. Encore aujourd'hui, quand je peux, quand je vois passer une bande dessinée devant mes yeux, je me jette dessus et je la dévore. J'adore les bandes dessinées et leur univers ludique (même si, parfois, ce n'est pas si ludique que ça. Je pense en particulier à Tintin qui n'est pas dépourvu, mais je ne m'en rendrai compte que beaucoup plus tard, de racisme peu subtil).
Je parlerai donc, plutôt, des 3 livres qui m'ont donné envie...
- La dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils. Son seul bon livre.
- La métamorphose de Kafka. Ou comment lire entre les lignes.
- Le père Goriot de Balzac. Beaucoup d'émotion et d'amour inconditionnel.
Je n'ai pas lu ces livres-là pendant mon enfance. Je ne me rappelle pas de la période exacte où je les ai lus. Mais je ne suis pas si cultivé, si brillant, si érudit pour lire du Kafka pendant mon enfance.


Les 4 écrivains que je relirais encore et encore
- Romain Gary.
- Driss Chraïbi.
- John Fante.
- Mohamed Choukri.


Les 4 auteurs que je ne lirai probablement plus jamais


- Paolo Coelho. J'ai lu comme tout le monde ou presque, L'alchimiste. Très bon. Ensuite, La cinquième montagne. Puis, Le pélerin de Compostelle. C'est assez Paolo. Je n'aime pas qu'on me prenne par la main, pour me montrer la sainte vérité et me livrer des phrases à la noix de coco.

- Tahar Ben Jelloun. Pendant des années, de longues années, des prisonniers vécurent dans des conditions inhumaines à la tristement célèbre prison de Tazmamart. Ben Jelloun n'en parla jamais. Puis, Hassan 2 est mort. Les prisonniers furent libérés et témoignèrent de leur géhenne de différentes manières (lire Tazmamart Cellule 10 d'Ahmed Marzouki, un des survivants de Tazamamart). En 2001, monsieur Ben Jelloun, du haut de son prix Goncourt, sort le roman "Cette aveuglante absence de lumière" parlant de la même tragédie. À quoi bon maintenant ? Pourquoi pas avant ? Le sujet est à la mode et la mode est rentable, très rentable. Pourtant, Ben Jelloun a une belle plume, j'irai même jusqu'à dire qu'il écrit très bien. Mais la plume sans coeur est une plume vaine qui écrit pour des aveugles. (Je sais : je ne suis pas tendre.)

- Bernard-Henri Lévy. Je vais vous l'avouer : je n'ai jamais lu un seul de ses livres. Mais alors, comment peux-tu déclarer que tu ne liras JAMAIS ses livres ? Mais alors, comment peux-tu juger sa plume ? La réponse est simple : je ne juge pas sa plume. Je juge sa pensée. Et elle pue la démagogie et la philosophie approximative. Comment je le sais ? J'ai été longtemps une victime d'Ardisson...

- Michel Houellebecq. Pas besoin d'expliquer.
Il en reste d'autres (Amine, tu en as cité quelques uns), mais il faut savoir arrêter au bon moment.

Les 2 premiers livres de ma liste à lire

- Nikolsky, de Nicholas Dikner. Je me le suis offert en cadeau.
- L'ombre du vent, de Carlos Ruiz zafón. On me l'a offert en cadeau.

Les 2 premiers livres de ma liste à relire

- La promesse de l'aube, de Romain Gary.
- Le tunnel, d'Ernesto Sabato. Je le relirai en espagnol.

Les 4 livres que je suis en train de lire, que je n'ai pas fini ou que je projette de lire un jour



- Le parfum, de Patrick Süskind.
- Ulysse, de James Joyce.
- Trilogie new-yorkaise, de Paul Auster.
- La Connaissance de la douleur, de Carlo Emilio Gadda.

Les livres que j’emporterais sur une île déserte (oui, je sais que je triche)

- La conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole.
- Mendiants et orgueilleux, d'Albert Cossery.
- Un manuel de survie.
- La promesse de l'aube, de Romain Gary.
- La vie devant soi, de Romain Gary.
- Le passé simple, de Driss Chraïbi.
- Le pain nu, de Mohamed Choukri.
Bon, j'arrête.

Quant à réécrire les premiers mots d'un de mes ouvrages préférés et les derniers d'un autre, je ne dirai que ceci : I'm running out of time (voix de Jack Bauer).

Je passe la patate chaude à Isabelle, Geneviève , Éliane, Kennza, et Jacques.


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Thursday, June 14, 2007

Un cri dans la nuit




Je me réveille en sueur et la main sur la gorge. La fenêtre est fermée. Il fait chaud. Je tremble. Mes mains tremblent, mes pieds tremblent, j’ai même l’obscure impression que mes cheveux tremblent. Je ne sais pas où je suis. Je ne sais pas qui je suis. Le plafond est haut, lointain, lugubre. Des nuages y planent. Je me lève et me sers un verre d’eau et, petit à petit, je me souviens. Petit à petit, je redeviens. L’horloge indique une heure tardive de la nuit. Ou est-ce trop tôt le matin ? De la fenêtre, j’observe la rue déserte pleurer sa solitude. Il n’y a rien ni personne. Le vide. Le calme. Le calme plat. Les jours se suivent et se ressemblent. Les nuits se suivent et se ressemblent. Les réveils en sursaut se suivent et se ressemblent. Nous sommes des êtres différents qui vivons dans une planète de plus en plus homogène, identique, globale. Les objectifs sont les mêmes. Les rêves sont les mêmes. Formatés, cultivés, véhiculés par un système plus grand que nature, qui écrase la différence. Soyons uniques. Soyons communs. Mangeons les mêmes repas, buvons les mêmes vins aux mêmes heures, lisons les mêmes livres ennuyeux, regardons les mêmes films pop-corn, ayons accès à la même information et croyons-nous intelligents, informés, vivants. J’ai déjà envie de vomir, comme chaque matin que je me lève et que je me rends compte que le miracle n’a pas eu lieu. J’ai déjà envie de pleurer, comme chaque jour que je sors de chez moi et que je me rends compte que dehors, c’est pareil qu’hier. Je mets de la musique classique. Je n’y comprends rien, mais ça me calme. Il y a une non-continuité dans les notes qui se suivent (mais ne se ressemblent pas) qui me ravit, qui me redonne envie de vivre. Je pense au café. Et pourtant, je ne bois pas de café. Je ne sais même pas en faire. Je pense au café et cette pensée-même me rappelle la perversion du monde où je vis. Je suis éduqué à penser au café. Au jus d’orange le matin. Si j’avais une compagne maintenant, je suis sûr qu’elle aurait un peignoir blanc et des cheveux frisés en sortant de la douche, qu’il y aurait des croissants et des œufs sur la table. Que le jus d’orange rayonnerait par sa différence de couleur sur la nappe blanche. Qu’elle me sourirait. Que je l’embrasserais, et que je retournerais à lire mon journal, dont la première page indiquerait une quelconque catastrophe dans un quelconque pays arabe, où des musulmans s’entretuent, ou un scandale dans le (trop grand) monde des finances. C’est comme ça. Nous sommes programmés à ce rêve de félicité absolue. Et je fais partie de la masse. Et je fais partie des moutons brouteux du champ géant, du monde merveilleux qu’on habite ensemble.

Je prends un verre de lait. J’y mets du miel. Je prends un bol de chips. Et j’en mange. Je suis pour la différence. Appelez ça de l’anarchie si ça vous chante. Ne me dites surtout pas que les chips, ce n’est pas bon pour la santé et ça ne se mange pas le matin. Je n’en ai rien à battre. J’en ai envie et c’est tout. Ainsi soit-il. Ainsi soit-il. Cette phrase me rejette en pleine adolescence. Je revois Christian Slater avec ses sourcils en accent circonflexe. Je revois la belle poitrine de Samantha Mathis. Je réentends la musique sublime de « Pump up the volume » et je me rappelle que j’ai déjà rêvé d’être Mark Hunter, commentateur génial d’une radio pirate, anarchiste au milieu de brebis galleuses. C’était d’autres temps. Le temps des rêves. Le temps des battements de cœur. Le temps des cheveux longs. Le temps de l’innocence. The age of innocence. Et voilà que Scorsese me fait un clin d’œil. Et voilà que Daniel Day-Lewis embrasse Michelle Pfeifer sur le cou, pendant que Winona Ryder joue aux petites pucelles dans la prairie. Le cinéma. Un autre de mes rêves surgit, pendant que j’avale une gorgée de lait mielleux et que j’admire la beauté de la nuit. Le cinéma. Une salle noire. Un grand écran. Des orgasmes artistiques quelques fois. Des déceptions scénaristiques d’autres fois. L’entracte. Le con qui crie une obscénité dans la salle obscure. L’autre (plus) con qui lui répond. Le film qui commence. Le silence religieux qui s’installe dans ma tête. Et en avant l’aventure. Le cinéma. Je ne regrette qu’une chose : Les films américains et français qui prenaient le monopole des écrans marocains. Encore une fois, le même formatage, la même uniformité, la même éducation du consommateur. Plus tard, chers Marocains, si vous partez quelque part, si vous achetez quelque chose, ce sera américain ou français. Le reste du monde n’existe pas. Le choix n’existe pas. Il me faudra beaucoup d’années avant de découvrir le cinéma d’auteur asiatique. Adieu ma concubine. In the mood for love. Et aujourd’hui encore, même si j’ai lu un nombre respectable d’articles dithyrambiques sur Akira Kurosawa, je n’ai toujours pas vu un seul de ses films. Ran, Seven Samurai, etc. Il me faudra de longues années, avant que je ne découvre qu’il y a un autre cinéma, ailleurs, dans-un-cinéma-pas-à-côté-de-chez-vous. Espagnol, danois, belge, mexicain, brésilien, etc. Mais ainsi va la vie. De belles découvertes. Mais aussi, d’horribles regrets.

Il n’y a plus de chips dans mon (moche) bol vert. Il reste encore du lait. Mais il n’est plus aussi frais. Un oiseau se pose sur un arbre. Un écureuil s’étire. Le vent remue les branches de l’arbre qui me souffle un timide bonjour. Le soleil pointe le nez. Une voiture passe. Une deuxième passe. Une autre journée commence. Des gaz à effet de serre. Des klaxons. Du gras trans. De l’aspartame. De trop jeunes enfants qui travaillent. Des travailleurs qui se font montrer la porte. Des grosses compagnies pharmaceutiques. Des cobayes africains. Le sida. Le bébé, porteur de VIH, qui n’a rien choisi. Les guerres sales. Le pétrole. Les diamants. Pepsi-Cola. Coca-Cola. Du whisky à 40 degrés d’alcool. Le bruit. Le sel. Le sucre. Des profits record. Des salaires minables. La délocalisation. Le salaire (très) minimum. Du riz en guise de rémunération. Des ouragans. Des cyclones. Des tremblements de terre. La neige en Arabie Saoudite. Des hummers. Des 4*4. La fumée. La chaleur. La cigarette. La fumée secondaire. Les maladies. Les larmes. Les deuils. La statue de la liberté. La démocratie. Les lobbys. Les faux sourires. Les faux débats. Le G8. L’Europe. Sarkozy. Blair. Zapatero. ETA. L’IRA. La souveraineté du Québec. Le Tibet. Cuba. La Palestine. L’Iraq. L’Iran. Le Darfour. La Tchétchénie. CNN. Al-Jazira. La propagande. Les consommateurs. Les consommateurs. Vous. Lui. Elle. Moi. Moi. Moi.
Je m’assoupis sur mon divan. À la télé, une chaîne d’information parle du Liban. Dehors, le soleil est roi. Sur mon divan, je suis le roi. Et mon royaume est muet. Et mon royaume est immobile.
Je m’assoupis sur mon divan bleu. Le majeur en évidence. Dans ma tête, une phrase bourdonne. Vous ne m’aurez pas. Vous ne m’aurez pas. Mais je sais qu’ils m’ont déjà eu. Mais je sais qu’ils m’ont déjà.


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Tuesday, June 12, 2007

Mon côté vert. Mon côté naïf .

Je sais. Je vais vous parler (brièvement) de Google. Et Google, ça fait beaucoup d'argent. Mais, il ne faut pas s'énerver. L'argent, ce n'est pas la lèpre. Et les créateurs de Google, ce ne sont pas des twites. Leur argent, ils le méritent à mon avis.

Connaissez-vous Blackle ? Vous devriez peut-être.

La page de recherche de google étant très populaire, des milliers d'internautes la consultent. Les créateurs de Blackle sont partis d'un principe simple : Peut-on faire en sorte que cette page, tellement en demande, consomme moins d'énergie ? La réponse est oui : elle doit tout simplement être de couleur noire. Car une page de couleur blanche consomme plus d'énergie. Allez voir ici pour plus d'explications.

Mais soyons sceptiques (et non pas septiques :)) : c'est quoi cette histoire à dormir debout ? N'est-ce pas une énième façon de faire de la publicité pour Google ? N'est-ce pas encore une entourloupette pour ramasser de l'argent à la pelle ?

Peut-être. Peut-être. Mais je consulte Google des dizaines de fois par jour. Alors, que perdrais-je à consulter Blackle ? Rien. Absolument rien. Enfin, c'est vrai qu'une page noire, c'est pas jojo. Mais est-ce la seule chose à ne pas être jojo dans cette vie ? (N'oubliez pas que les prochains Jeux Olympiques se dérouleront à Pékin, que Nadal vient encore de remporter Roland-Garros, que Paris Hilton est revenue en prison, que Johnny Hallyday chante toujours et que Michael Jordan ne joue plus au basket, etc.)

Bref, je suis naïf des fois. Alors, j'embarque.

Blackle est ma nouvelle page d'accueil.


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L'absent a toujours ses raisons

Je n'ai pas souvent montré le bout du nez dernièrement. J'ai mes raisons. Je reviens d'une fin de semaine de New York (intéressante mais ô qu'épuisante). Ma cousine vient me visiter (elle vit en Europe). La maîtrise (eh oui, encore !), etc.

J'ai moult choses (inintéressantes) à raconter. Mais pas du tout le temps de le faire.

Dès que j'ai le temps, dès que mon dos me permet de réfléchir, dès qu'il fait moins beau et que j'ai moins envie de flâner en vélo dans les rues de Montréal, je vous donne des nouvelles.

Promis.

Hasta la vista, baby !


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Monday, June 04, 2007

Le destin a un maître



Dans « Demande à la poussière », quand Arturo Bandini, l’alter-ego de John Fante, écrit à son éditeur (qui n’a publié qu’une SEULE nouvelle de Bandini), lui parlant de ses émotions, de ses peurs, lui livrant sa pensée et ses déchirements, l’éditeur en question lui répond quelque chose du style : Avec votre permission, j’ai enlevé salamalecs et salutations et j’ai publié votre lettre. Très bon travail. Voici un chèque de ..$. Bien à vous.

Cette scène m’a longtemps fait rêver. Longtemps. Plus que de gagner à la loterie, être rémunéré pour mes mots m’a toujours semblé une fin en soi. Une récompense. Le montant importe peu. Recevoir quelque chose en échange de mes mots est, comme qui dirait, une reconnaissance de ma plume. Un aveu de mon talent. Une bénédiction du Dieu de la littérature.
Cette pensée m’a hanté depuis belle lurette. Pourtant, je ne courais pas les revues. Pourtant, je n’envoyais mes textes à personne. Pourtant, je n’écrivais pas activement. Comment gagner à la loterie quand on n’achète pas de billet ? Espoirs chimériques. Rêves sans lendemains. Irréalisme conscient. Puis il y eut le blogue. Et l’interaction. Et les commentaires. Et les idées partagées. Recevoir les commentaires des lecteurs est aussi une récompense. Mais suis-je un écrivain pour autant ? Négatif, monsieur le commissaire. Négatif.

Je ne crois pas au destin. Enfin, oui et non. Le destin existe sûrement. Mais on peut lui forcer la main. Mais on peut le convaincre de faire autrement. J’ai donc décidé de le forcer. Pour calmer ma soif de reconnaissance (littéraire, bien sûr). Du moins, jusqu’à ce que j’aie le temps d’écrire. Jusqu’à ce que je m’essaie vraiment.

J’ai mis des pubs sur mon blogue. Vous avez dû le remarquer. Juste en haut du dernier texte publié, il y a des liens vers des publicités. Si vous cliquez sur un lien, vous arrivez à une page de liens. Si vous cliquez de nouveau sur un de ces liens, je suis rémunéré. Cinq sous. Dix sous. Vingt sous. Ça varie. Ce n’est jamais pareil. Et je m’en fous.
Vous trouvez ça immoral ? Mercantile ? Moi aussi. Mais, encore une fois, je m’en fous. Je veux être rémunéré pour mes mots. C’est la seule façon honnête que j’ai trouvée pour arriver à mes fins. Et voilà que ce n’est plus immoral. Et voilà que c’est justifié. Et voilà que je me sens fier. La fin justifie les moyens. En autant que ce soit honnête et sans fâcheuses répercussions.

Je vais recevoir mon premier chèque de cent dollars bientôt. Le premier chèque engendré par l’écriture. Bien sûr mon premier éditeur ne s’appelle ni Grasset ni Gallimard. Bien sûr, mon éditeur ne m’appelle pas chaque semaine pour voir si j’ai avancé dans mon roman. Nous avons des rapports de courtoisie. J’écris. On clique. Il m’envoie mon chèque au bout de cent dollars. Google est un éditeur fiable et peu stressant. Je suis un blogueur fiable et assez prolifique (Moins dernièrement, mais vous savez pourquoi). Nous nous entendons bien.

Quand je recevrai mon chèque, je ne l’investirai pas dans la bourse. Je ne ferai pas mon marché. Je n’achèterai pas une chemise, ni des chaussures, ni même des livres.
Je le boirai, mon chèque. Je le boirai. Et du coin des lèvres, et du bout des yeux, je sourirai. Je lèverai mon verre à vous. Je lèverai mes yeux au ciel. Et je ferai la plus grande grimace de l’histoire de l’humanité.
Destin, tu ne m’auras pas. Destin, je suis ton maître.

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