Pourquoi je n'aime pas les Outgames
La première fois de l'été que K. vient avec moi à l'UQAM jouer au basket. On stationne à 17h 50 devant le centre sportif. Des gens sortent en groupe. Ils ont des badges. Ça ne clique pas dans ma tête. Dans la tête de K., oui. Outgames. Et si..? Je descends voir. Désolé, le centre est fermé aux étudiants pour toute la semaine. Grrr ! Déjà que je suis contre ces jeux. Manquait plus que ça. Mais pourquoi tu es contre ces jeux, Jean-Jacques ? Disons que contre n'est pas le bon mot. Je ne suis pas pour. La première raison étant que c'est inutile. Oui, tout à fait inutile. Un homophobe ne le sera pas moins en voyant deux homosexuels faire de la lutte greco-romaine. Ça ne fera que renforcer ses préjugés. Alors, pour l'ouverture, la sensibilisation, on passera. Ensuite ? Ensuite, c'est le cirque médiatique autour qui m'exaspère. Il paraît que le premier ministre doit se présenter à l'ouverture. Hello ! Il y a des gens qui meurent au Proche et moins Proche-Orient. Bon, d'accord. Qu'il vienne ou pas, ne changera rien à la situation. Ils meurent quand même. N'empêche qu'il a des choses à faire le premier ministre. Et si c'était les jeux Olympiques, serait-il venu ? Aurait-il eu l'obligation de venir ? Mais, ce ne sont pas les jeux Olympiques. Ce sont des jeux qui rassemblent des gens d'une certaine orientation sexuelle, ainsi que les autres qui n'ont pas la même orientation sexuelle, mais qu'on accepte. (ouf, longue, la phrase !). D'accord ? En plus, que vient faire l'orientation sexuelle dans le sport ? Tu ne sais pas ce que tu dis, Jean-Jacques. Dans un sport macho, il est presque interdit de dire qu'on est homosexuel. Okay, okay. Et alors ? Je répète ma question. Que vient faire l'orientation sexuelle dans le sport ? Pourquoi un sportif doit-il se sentir mal à l'aise de CACHER son homosexualité aux autres, puisqu'il n'est pas censé en parler ? On fait du sport là, on ne fait pas dans les confidences. Je n'ai jamais raconté à mes coéquipiers du basket, par exemple, que ma tante S. était anorexique et qu'elle voulait absolument que mes cousins et moi fassions une sieste tous les après-midis. Jamais je ne leur en ai parlé. Pourtant, je ne me sens pas mal. On jouait au basket, c'était ça le but. Et puis, si on fait des jeux gais, pourquoi pas des jeux de femmes, de grecs, d'irlandais, de noirs, de juifs, d'arabes, pendant qu'on y est ? Où est cette société qu'on veut bâtir ? Une SOCIÉTÉ. Pas la somme hétéroclite de minorités. Une société. Un groupe. Un tout. Pourquoi continuer à diviser les gens ? Je reste perplexe.
Je ne suis pas là en train de dire que les gais ne souffrent pas de leur "différence". Je ne dis pas que leurs problèmes sont résolus, ou qu'ils n'existent pas. Je dis que faire des jeux gais ne me semble pas la bonne solution aux dits problèmes. Je dis que la division qu'on fait de notre société ne nous mènera à rien. Nous sommes citoyens d'un pays. Nous sommes tous différents. Nous partageons cependant des valeurs. Ce qui fait (ou devrait faire) de nous un pays. L'orientation sexuelle, la religion, la couleur sont des détails qui ne devraient pas intéresser les autres. Ce qui devrait nous intéresser, c'est les valeurs de chacun de nous. Aiderais-tu ta voisine si elle tombait dans les escaliers ? Recycles-tu ? Volerais-tu ton prochain ? Telles sont les questions, à mon avis, qui devraient nous intéresser. Ce que les gens font dans leur lit, leur temple, leur salle de bain...ne devrait nous être que trivial.