Saturday, September 30, 2006

La science des rêves


J'ai aimé : L'originalité du film. Le côté inadapté de Stéphane. Les quelques scènes drôles. Les décors. Les couleurs. Le jeu des acteurs (tous). L'imagination de Gondry qui continue à être fertile et productive. (voir aussi : Eternal Sunshine of the Spotless Mind).

Je n'ai pas aimé : En fait, ce qui crée l'originalité du film, crée aussi sa lourdeur ponctuelle, c-à-d sa folie. À trop être folles, on se lasse de temps en temps de ces scènes flyées, disjonctées, sorties tout de droit du cerveau de Bernal/Gondry. Qu'à cela ne tienne, le film est bon. Et je le recommande.

8/10.

Friday, September 29, 2006

Prisonnier

Ce soir, gala. De cette institution tellement grosse, tellement riche. Et c'est le Ramadan. Et je ne bois pas pendant le Ramadan. Comment faire pour supporter tout ce beau monde, sans une goutte d'alcool ?

Manitou, Allah, Krishna, Dieux de la clémence, aidez-moi !

Je sens que ça va être une longue soirée...

Thursday, September 28, 2006

Perdu


Je n’aime pas aller à ces rencontres. Mais je suis obligé. Je travaille pour cette institution tellement grosse, tellement riche. Une machine. Et il faut les faire, ces cours. De 8h30 à 17h00. Une journée avec des gestionnaires. Connaissez-vous cette secte ? Ils sont complaisants. Ils ont de l’expérience. Ils savent. Et je ne sais pas. Alors, je me sens seul, décalé, pas à ma place. Comme souvent d'ailleurs. Mais ça, c'est une autre histoire.
Alors, chaque fois, c’est le calvaire. Chaque fois, c’est la géhenne.
La première heure se passe bien. Il faut se présenter. J’essaie de blaguer. Nous faisons, en groupe, une présentation. Tout va bien. Ensuite, surgit L. L. est une gestionnaire comme je les déteste. Elle sautille. Elle frétille. Elle s’accapare la parole. Et parle, et parle, et parle… Ses phrases commencent souvent par un « Moi… ». Ça me fatigue. Ma voisine me lâche un « heureusement que c’est pas ma boss ». Je la comprends. Je la comprends tellement. Car comment avoir raison avec ces gens-là ? Comment débattre ? De toutes les façons, elle sait. Elle est une grande boss. Elle est une grande, tout court. Elle a essayé tant de choses. Et ses employés la remercient. Et ils l’aiment. Et finalement, on revient au même point. Elle s’aime. Elle s’adore. Et moi, je ne m’aime pas. Enfin, je n’en suis pas sûr du tout. Alors, comment pouvons-nous être d’accord ? Nous ne sommes pas du même monde. Il faudrait la faire psychanalyser. Parents trop permissifs. Fille unique. A toujours parlé. A toujours exprimé ses idées. C'est bien. Oui, mais, il y a des limites. Des fois, papa ou maman, aurait pu dire : L., laisse donc les autres parler un peu ! Écoute-les ! Ils ont peut-être des choses intéressantes à t'apprendre. Mais non. Mais on l'a laissée parler. Et elle parle encore. Et puis, ça a marché. C'est une success story. L. est boss. Dans une grande institution près de chez vous. Et elle s'aime. Et tout le monde l'aime. Coudonc, Jean-Jacques, serais-tu jaloux ? Non, seulement écoeuré. Par ce cirque. Par cet interminable film de série B. Par ce calvaire. Par ces gestionnaires. Ça pue l'orgueil, la vanité, toutes ces choses qui me font vomir chez l'être humain, et pour lesquelles, je rêve des fois d'être un léopard, ou un zèbre dans mon Afrique natale, libre et fou, fou et libre. Coudonc, Jean-Jacques, et toi, on devrait pas te faire psychanalyser ? Sûrement. Sûrement. Mais ça, c'est une autre histoire. Et puis, c'est pour ça que des fois, j'ai envie d'être un léopard ou un zèbre...
Plus la journée avance, plus je me tais. J’ai l’air bizarre. Aux quelques questions qu’on me pose, je lâche un seul mot : Ramadan. Ce n’est pas totalement faux. Un cours d’une journée, ça m’aurait épuisé même la panse pleine. Mais là, la gorge sèche, le ventre vide, c’est encore pire. Mais surtout, surtout, L. est là. Et ça, c’est comme cinq Ramadans en même temps.
Vers trois heures, un exercice de groupe. Une fois complété, le moniteur demande à l’équipe de L. « Comment vous êtes-vous départagé la tâche ? » Et L. de répondre, souriante, heureuse : « Moi, je prends de la place dans une équipe. J’ai pris les rennes… ». Je lâche, de l’autre bout de la salle un « Ah bon ? » sarcastique. L. me répond « Oui, mais je l’assume par exemple ». Qu’est-ce que je m’en fous que tu l’assumes. Et les autres avec toi, l’assument-ils ? N’auraient-ils pas aimé parler eux aussi ? Ne viennent-ils pas assister au même cours que toi ? Je me tais. Le silence est d’or. Le silence est d’or. Alors, sur ma chaise, je m’endors.
À la fin de la journée, nous nous congratulons. Complaisance, ô complaisance, royaume des imbéciles, je te honnis, je te renie ! L'Ignatius en moi, te maudit !
Nous nous souhaitons bonne continuation, et nous partons. Chacun de ces chevronnés gestionnaires ira appliquer les théorèmes appris dans son petit monde. Maintenant, Dieu merci, nous avons la science infuse. Nous savons. Grâce à ce moniteur. Et d’ailleurs, je me suis demandé toute la journée, comment fait-il le moniteur ? Comment peut-il passer sa vie à répéter ces insignifiances à des gens si imbus, à des L. ? Ce doit être triste. Enfin, de mon point de vue. Peut-être est-il heureux. Peut-être se sent-il le roi.
À quand la fin de la maîtrise, que je m’enfuie, jambes au cou, de ce monde immonde ? Ça ne dépend que de toi Jean-Jacques. Ça ne dépend que de toi…

Un poème naïf

La mer est bleue
Et le sable joue aux messieurs
Sans qui on ne peut
Réaliser nos innombrables jeux
À même le sable
Trois-Pommes est assis
Et les châteaux de sable
L’encerclent tout alentour
Forteresses d’un jour
Forteresses pour toujours
Trois-Pommes est assis
Sous le soleil rêveur
Sur l’immobile plage
Petit règne de gentils coquillages
Trois-Pommes joue
Trois-Pommes court
Trois-Pommes plonge
Trois-Pommes nage
Et les vagues le crachent
Toujours vers le rivage
Mais Trois-Pommes s’agrippe
Au moindre Sept-Pommes qui passe
Mais Trois-Pommes insiste
Et ne veut céder sa place
Quand vient Grand-mère Vague
Dix pommes de hauteur
Et Une plage de largeur
Et Trois-Pommes de prendre
Quelques tasses jamais commandées
D’un étrange mélange
Qu’il est obligé d’absorber
Trois-Pommes se rince la dalle
Trois-Pommes s’humecte les amygdales
Deux-tiers mère vague
Un tiers père sable
C’est la machine à laver
C’est les tourbillons salés
Et au sortir du périple
Trois-Pommes ne sait plus
S’il a reçu trente gifles
Ou une correction bourrue
Trois-Pommes est étourdi
Et de son maillot démuni
Trois-Pommes pleure
Il est timide et plein de rancœur
Cette vague sans scrupules
A osé lui ôter son honneur
Alors alertée
Par ses pleurs répétés
De nulle part surgit
Super Mamie
Bardée d’une serviette
Et d’une tonne de bonté
Dont elle seule a le secret
Trois-Pommes est aux anges
Et très vite passe l’éponge
Sur cette méchante vague
Qui a dévoilé
D’abord ses larmes
Ensuite sa pauvre anatomie
À ses amis
Mais surtout à ses curieuses amies
Qui à pleines dents rient
Qui à pleines dents rient
Qu’importe, qu’importe
Car de leurs niais rires
Trois Pommes fait fi
Et bientôt replonge
Bonjour les vagues
Bonjour l’aventure
Dans le royaume de l’enfance
Et des chevaliers sans armures
Où l’océan murmure
Ses chants lyriques
De sa voix magnifique
Que Trois-Pommes guère n’oubliera
Que Trois-Pommes toujours savourera

Wednesday, September 27, 2006

Encore la même journaliste

Je la cite :

"Chaque année, des centaines d'élèves musulmans du secondaire, et parfois, mais beaucoup plus rarement, du primaire, s'astreignent au jeûne complet durant les 40 jours du ramadan qui, cette année, débute ce week-end."

Comment se fait-il qu'une personne, si ignorante de la réalité musulmane, écrive des billets sur l'islam ? Pourrait-elle, au moins, se documenter avant d'écrire ?

Ce n'est pas le carême ! Le ramadan dure entre 29 et 30 jours. Le calendrier musulman est lunaire (celui chrétien est solaire). Le mois commence dès la nouvelle lune, c'est à dire quand le début du croissant devient visible.

N'importe quelle petite recherche, sur n'importe quel petit moteur de recherche, aurait donné plus d'informations à Mme Gagnon. Mais cherche-t-elle ?

(URL de l'article : http://www.cyberpresse.ca/article/20060926/CPACTUALITES/609230885/6139/CPACTUEL)

Monday, September 25, 2006

Maripouzza

C'était un beau jour d'été. Le soleil régnait sur le ciel, maître incontesté des lieux, roi du royaume bleu. J'étais avec K. et W. et on se dirigeait vers cette plage déserte, entre Rabat et Kénitra, que W. chérissait et qu'il appelait affectueusement Maripouzza. Était-ce une "dérivée" du mot Mariposa (papillon en espagnol) ou un étrange équivalent sonore d'un Mario Puzzo, écrivain de ce livre porté ô que brillament à l'écran : Le parrain ? Je ne saurais vous dire. Nous allions vers Maripouzza. Et il faisait beau. Nous étions passé au supermarché, acheté toutes sortes de grignotines, de la viande et 24 bières. Le soleil, la plage déserte, les amis et la bière. Quoi demander de plus ? Arrivés une heure et quelques minutes plus tard, nous laissions la voiture à côté du village le plus proche. Quelques silhouettes nous guettèrent, timides et curieux, mais visiblement accueillants et prêts à aider, si d'aide ou aurait eu besoin. Nous n'avions besoin de rien. un kilomètre de sable chaud nous attendait, ensuite une descente rocailleuse, et l'océan bleu, frère parmi les frères, hôtes de ses hôtes, qui patientait tranquillement dans son bassin sans limites. Nous arriverons océan. Nous arriverons. Et nous discuterons. Et tu nous enverras l'écume de tes vagues, comme des cartes postales qu'on envoit et qui nous reviennent, sans réponse, sans atteindre leur objectif, des cartes postales vaines, aux mots jamais lus. Nous marchons, tant bien que mal, dans ce presque désert, sous ce soleil impérial, nous marchons et je remarque des coquillages dans le sable, des restes d'escargots, des plantes. Frère océan est passé par là. Frère océan a déjà habité ici. Puis, le soleil aidant, le réchauffement cruel, le désert chaque fois plus présent, il a dû reculer, lâcher du lest, perdre du terrain. Nous marchons, titubant, faisant attention à ne rien faire tomber, à ne rien casser, à suivre une ligne droite, vers la mer, qu'on sent de plus en plus présente. Que c'est magnifique de sentir la mer, alors qu'on marche dans un désert ! Que c'est rafraîchissant ! C'est une musique, c'est un hymne à l'espoir, c'est après le désert, le beau temps. Après le désert, l'eau. Nous marchons. Puis nous descendons. Maripouzza est déserte. Pas un chat. Une épave d'un ancien bateau gît à notre gauche. W. nous parle de légendes. D'anciens mercenaires Espagnols qui se seraient échus ici, il y a cinquante ans, il y a un siècle, il y a mille ans. L'épave est rouillée. Quelques animaux volants y ont choisi refuge. Et la mer, et les vagues, et la paix. La paix n'est finalement pas un concept. Ce n'est pas seulement écrit dans des livres. Ce n'est pas seulement un objectif. La paix existe. Elle est là. Entre les rayons du soleil, les vagues de la mer, entre trois serviettes de plage et trois amis, entre deux tranches de viande et quelques bières fraîches. La paix existe, je l'aurais touchée, sentie, vécue, je l'aurais respirée et pas seulement imaginée. W., ouvre-nous des bières, il faut que je boive quelque chose de tangible, de vrai, pour me remettre de ça ! K. ne boit pas. K. est silencieux. Je ne sais pas s'il aime Maripouzza. Je ne sais pas s'il veut être ici. Je ne sais pas. Je veux ma bière. W. se rend compte qu'on a oublié l'ouvre-bouteille. Embêtant ça. C'est pas comme si on pouvait aller en chercher chez le voisin. C'est pas comme si on pouvait en acheter chez l'épicerie du coin. On est à Maripouzza. Loin de tout le monde, entre ciel et terre, entre ciel et mer. Nous regardons au loin. Trois silhouettes. Pas si désert que ça ta Maripouzza, hein, W. ? Ce sont des pêcheurs, je présume. On a besoin de briquet. W. est passé maître dans l'ouverture de bouteilles à l'aide d'un briquet. Si les jeux olympiques acceptaient cette discipline comme épreuve, il en serait le champion indiscutable. Je vais y aller moi, voir si ce sont des pêcheurs, ou des romantiques qui se mettent devant l'océan et écrivent des poèmes. Je marche vers vous, ô Verlaine, ô Beaudelaire, ô Abou Nawass. Verlaine tient une canne à pêche et met un long vêtement en laine sur ses épaules. Je m'approche. Des salamalecs. Et je lui demande un briquet. Il me sourit, un sourire doux et presque innocent. Et il me répond qu'il n'en a pas. La voix est sincère. il est désolé. Dans le vrai sens du terme. Pas comme les "désolé" qu'on lâche systématiquement, quand un errant nous demande un 25 sous, ou un 10 Dirhams. La sincérité déborde. Verlaine est un gentil romantique, qui guette son gentil poisson, par ce gentil jour d'été. Je le salue. Et lui souhaite bonne chance. Et en me dirigeant vers Beaudelaire, je me dis que je ne suis pas un vrai Marocain. Le Maroc, c'est ça. Le Maroc, c'est rester debout toute la journée, attendant ton poisson, que tu espères vendre ou manger, ce poisson dont tu dépends et dont dépend ta famille. Le Maroc, c'est cette sincérité que tu n'as pas, que tu n'as jamais eue. Le Maroc, c'est tout les Verlaine pêcheurs qui sont désolés de ne pas pouvoir t'offrir un briquet. Je ne suis pas un vrai. Je ne suis pas un vrai. Je ne suis pas un vrai. Tels sont les mots qui hantent mon esprit quand je lâche mon "salamoualikoum" à Beaudelaire. Il est plus basané que Verlaine. Plus grand. Plus mince aussi. Je lui demande le briquet. Il me dit qu'il n'en a pas. Et que je n'en trouverai pas ici. Pas la peine d'aller demander à Abou Nawass. Mais j'ai des alumettes. J'en ai cinq. Je t'en donnerai trois. J'accepte volontiers. Au moins, on pourra se le faire ce barbecue. Beaudelaire recule et pose sa canne à pêche. Et c'est là que je m'aperçois de la chose. C'est là que j'aurais voulu faire un trou et y mettre ma tête, tellement j'avais mal, mal au coeur, mal au cerveau. J'avais mal. Beaudelaire est unijambiste. Beaudelaire se tient sept, huit, onze heures par jour sur une seule jambe et traque le poisson. Son autre jambe est un vulgaire morceau de bois, qu'on a dû lui mettre à la va-vite, il y a longtemps, il y a mille ans, il y a une éternité. Je prends les alumettes et essaye de ne pas montrer ma surprise. La dernière chose dont a besoin Charles en ce moment, me dis-je, c'est de ma pitié ou de ma compassion. Il veut me donner mes alumettes, que je le remercie et qu'il se remette à sa besogne, à ce qu'il sait faire, à ce qu'il doit faire. Ce que je fis. Je le remerciai de tout coeur et l'invitai à passer tout à l'heure à partager une bière. Je ne bois pas, me dit-il, avec un sourire franc. Mais je te remercie quand même. Je repars. Mes larmes, je ne les ai pas aux yeux, je les ai aux dents, dans le coeur, dans les bras, dans les jambes. Mon dilemme n'est plus si je suis un vrai Marocain, c'est plutôt, si je suis un vrai humain. Suis-je un humain ? Est-ce que j'ai connu la souffrance ? Le sacrifice ? Le besoin ? Je ne sais plus. Mes certitudes se sont ébranlées. Et mes sentiments. Et la justice à laquelle je croyais. Foutue Maripouzza. Foutue vie. Foutu pays. Je reviens vers W. et K. Je dissimule (y suis-je arrivé ?) mon désarroi. Nous jouons au tennis de plage. Nous jouons aux cartes. Nous buvons, W. et moi, nos 24 bières, qu'on a ouvertes à l'aide de quelques coins de roches. De moins en moins fraîches. De plus en plus goûteuses. Mon cerveau tourne, tourne, et je n'arrive pas à l'arrêter. Je pense aux gens qui se droguent, et je les comprends. Je pense aux somnifères. Je pense à l'oubli. Je pense aux rescapés de guerres. Je pense, je pense. Et la journée passe. Entre baignades furtives - la mer est assez houleuse et dangereuse - et paroles éphémères, entre rires et discussions. Le soleil se couche. Nous repartons. La voiture nous attend. Les villageois sont moins timides et plus curieux. Ils nous parlent. Gentiment. Au revoir Maripouzza. Au revoir Verlaine, au revoir Beaudelaire,(quant à toi Abou Nawass, je ne t'ai pas connu). Au revoir océan.

Quelques mois plus tard, k. me dit :
- tu as aimé Maripouzza ?
- Oui, j'ai adoré.
- Putain que j'ai detesté ça, moi !
- Ah oui ?
- Il n'y a rien à foutre là-bas...

Saturday, September 23, 2006

Cette condescendance qui persiste

Sur la presse d'aujourd'hui, un article de Mme Katia Gagnon, intitulé "La vie voilée". Ça parle d'une certaine Mme Shama Naz. Immigrante à Montréal depuis 10 ans, Shama serait née en Arabie Saoudite et porterait le niqab, un voile de couleur sombre qui ne laisse voir que ses superbes yeux.
En lisant l'article, je me dis, au début, je souhaite intérieurement, que cette fois, les occidentaux ne taperont pas sur le voile d'une façon aussi facile que d'habitude. Cet article se veut différent. Cet article ne sera guère une énième riposte contre le-voile-que-la-femme-est-obligée-de-porter-par-un-mâle-musulman-méchant. Mme Gagnon nous parle du parcours universitaire de Shama, de son combat pour trouver un travail et de son embauche, finalement, par une compagnie dirigée par trois patrons francophones (Quel est la pertinence du mot "francophone" dans cette phrase ? Fouillez-moi, comme dirait mon grand-père Québécois). Hormis, le "francophone", tout ça m'a l'air bien. C'est l'histoire d'une voilée, d'une différente, qui a fini par y arriver. C'est l'Amérique, c'est la réussite, c'est la statue de la liberté, c'est la success story. Mme Gagnon continue avec un Elle est rapidement promue et est aujourd'hui cadre dans cette même entreprise. Désormais, c'est elle qui embauche. Waw. Je suis fier de notre Québec. Que dire de cette ouverture d'esprit ? Que dire de ces trois patrons francophones qui ont fait fi de la différence culturelle et religieuse de notre chère Shama, qui ont flairé son talent (en ne voyant que ses yeux) ? Je vous aime chers patrons. Vous êtes mes héros. On nommera des rues à votre nom. Vous aurez vos statues dans des parcs de Montréal. On vous citera en exemple.
Mme Gagnon nous parle ensuite de la rigueur de Shama. Shama n'accepterait de voir qu'un médecin-femme, sauf en cas d'urgence, cas où le sexe du médecin n'est plus si important. Jusqu'ici tout va bien. Mme Gagnon est une journaliste accomplie qui nous livre des faits, tout en gardant une certaine neutralité. Ensuite, vient la conclusion : Shama Naz représente probablement l'image extrême du défi posé par l'immigration à la société québécoise. On est d'accord Mme Gagnon, tout à fait d'accord. Tout ça n'est pas facile. Loin de là.
Mais vient la phrase qui tue. Il y a souvent phrase-qui-tue dans ce genre d'histoires, dans ce genre d'articles. Il y a toujours un hic, une affirmation qui explique tout. Je la cite : Comment s'adapter à ces nouveaux arrivants, dont la religion et la culture sont à des années-lumière des nôtres? Vous me direz, mais qu'est-ce qu'il y a Jean-Jacques ? De quoi te plains-tu ? Qu'est-ce qui te turlupines ? Eh bien, ceux qui me connaissent auront reconnu le(s) mot(s) qui blesse(nt) dans cette phrase. Le(s) mot(s) qui explique(nt) ce clivage, cette rupture, ce malentendu qui dure, peut-être, depuis les croisades. la religion et la culture sont à des années-lumière des nôtres. Années-lumière. Pourquoi croire que cette culture est à des années-lumière de l'autre (ou le contraire) ? Pourquoi insinuer un retard ? Pourquoi prétendre qu'une culture est, finalement, meilleure que l'autre ? Il y a différence. Ça on s'entend. Énorme ? Parfois, oui, parfois pas tellement. Car voyez-vous, entre une société musulmane qui couvre de la tête aux chevilles ses femmes, et une société d'évangélistes ou de juifs orthodoxes, qui oblige les femmes à s'habiller d'une certaine façon, ou à se raser les cheveux et mettre des perruques, moi je vois une grande similarité. Je vois des extrêmes. L'un en orient, l'autre en occident. Et je vois des gens normaux (Mais qu'est-ce que la normalité Jean-Jacques ? ...), au milieu des deux, qui essaient de comprendre ou qui laissent tout simplement vivre l'autre, dans sa différence, dans sa bizarrerie. De là à insinuer qu'il y a retard, primitivisme, moyen-âgisme, je dis non. Je dis non, haut et fort. Et je dis que ça explique tout. Cette condescandance souvent présente dans les médias dits respectables (La preuve, on parle de La Presse, dans ce cas), cette façon de prendre l'autre par le haut et de vouloir tout lui expliquer, tout lui montrer. Et on arrive à la fameuse démocratie, qu'on veut exporter telle quelle, comme on exporte des tomates, du fromage ou du pétrole. Et, combien de fois devrons-nous le dire,ce n'est pas la bonne approche. Ce n'est pas comme ça qu'on effacera ces malentendus, qui nourrissent, j'espère qu'on le sait tous maintenant, l'extrêmisme, le radicalisme, le kamikazisme.

Je ne suis pas pour le voile. Je ne voudrais pas voir ma mère se voiler. Ni ma soeur. (Quant à mes chères tantes, il est trop tard). Je ne suis pas pour le voile. Mais je ne suis pas contre le voile non plus. Je suis d'avis que chacun de nous vit sa propre spiritualité, fait son propre cheminement personnel et arrive à ses propres convictions. Qui a tort ? Personne. Du moins, on ne le saura pas. Car qui devrait en juger ? Car qui sommes-nous pour en juger ? De pauvres créatures avec un petit cerveau qui essaient tant bien que mal de réfléchir, d'analyser, de distinguer les choses, de nuancer. Aussi, je ne comprends pas l'arrogance de certains humains à acclamer, haut et fort, que telle est la vérité, qu'untel a raison et que tel a tort. Je deviens intolérant vis-à-vis de ces gens, parce que je les trouve paresseux intellectuellement, imbus d'eux-mêmes et de leur petit savoir qu'ils croient universel, mondial, infaillible à une quelconque exception ou contradiction. Mesdames, messieurs qui savez, vous allez pour la facilité. Il est facile de taper sur certaines choses de nos jours. Très facile. C'est à la mode. Le monde entier sera derrière vous. Qu'en est-il de prendre des positions courageuses ? Qu'en est-il de mener un combat noble et moins blanc, moins noir, moins manichéen, où le but n'est pas de pointer les "intelligents" et les "moins intelligents", mais plutôt de rapprocher les gens, au delà de leurs différences, de leurs désaccords, de leurs niqabs et de leurs kippas ?

Mme Gagnon, avec tout le respect que je vous dois, la différence n'est pas un retard. Par contre, la fermeture d'esprit, les raccourcis linguistiques, l'arrogance intellectuelle et culturelle, à mon humble avis, le sont.

Thursday, September 21, 2006

Michael Jackson - Billy Jean (Live)


Rubrique nostalgie. Rubrique hommage à un artiste qu'on jetta trop vite aux oubliettes, en oubliant, justement , cette décennie qui fut sienne.

Il est fou, vous dites ? Si je provoquais autant d'émotion chez les gens, je serai probablement aussi fou. (Si ce n'est plus...).

MJ, c'est mon enfance et mon adolescence. Respect !

Tuesday, September 19, 2006

Ramadan, littérature et quelques incohérences logiques

• On va au resto vendredi, tu te rappelles ?
• Oui, bien sûr.
• On achète le vin juste avant ?
• Je ne boirai pas.
• Pourquoi ?
• Il se peut que le ramadan commence le samedi.
• Et alors ?
• Bein, je ne bois pas pendant le ramadan.
• Et pourquoi ?
• Parce que. C’est un mois sacré.
• Mais tu as bien dit que le ramadan, c’est le lendemain, non ?
• Oui.
• Alors ?
• Je risque d’avoir soif. L’alcool, ça déshydrate.
• Pries-tu cinq fois par jour ?
• Non.
• Étais-tu marié avec ton ex ?
• Non.
• Je ne comprends rien. Tu fais ce que tu veux.
• C’est du bon sens. Et puis, oui, tout le monde fait ce qu’il veut, pourquoi pas moi ?
• Ça n’a pas de sens. Ça devient Dieu à la carte.
• Ça n’a pas de sens pour toi. Pour moi, ça en a.
• Explique-moi, alors !
• Je n’ai rien à t’expliquer. C’est spirituel. Le spirituel, ça ne s’explique pas.
• Manges-tu du porc ?
• Non.
• Un musulman qui boit du vin, mais ne mange pas de porc, a des relations hors mariage, mais fait le ramadan. Ne prie jamais, mais... Ah tiens, manges-tu Halal ?
• Pas nécessairement. Je mange ce qu’ils vendent au supermarché du quartier.
• Tu es fou.
• Peut-être, mais je ne fais de mal à personne.
• Tu n’es pas cohérent.
• Es-tu cohérente toi ?
• Oui.
• Fêtes-tu Noël ?
• Oui.
• Fêtes-tu Pâques ?
• Oui.
• Vas-tu à la messe chaque dimanche ?
• Non.
• Fais-tu le carême ?
• Non.
• Alors, where is the so called cohérence ?
• …
• Chacun fait ce qu’il veut. Tu l’as bien dit.
• Maintenant, tu veux me faire croire que toi, tel que je te connais, fêtard et jouisseur, tu ne boiras pas d’alcool pendant tout un mois ?
• Oui, je l’ai fait pendant des années. Pourquoi ne le ferai-je plus maintenant ?
• Ce doit être dur.
• C’est question de conviction.
• Peux-tu m’expliquer à quoi ça sert de crever de faim et de soif du lever au coucher du soleil ?
• À comprendre ceux qui vivent ça quotidiennement.
• Des gens qui ne boiraient pas et ne mangeraient pas pendant des journées ?
• Bien sûr.
• Je n’en connais pas. Ça n’existe plus ces choses-là.
• Pas vrai. Va faire un tour dans certains pays. Va voir les petits patelins de pays dits en voie de développement. Coins perdus où le temps s’est arrêté. Mais qu’est-ce que je raconte ? Pas besoin d’aller si loin. Il y a ici, à Montréal, des errants qui ne trouvent souvent rien à manger.
• Ils l’ont choisi.
• Pas toujours.
• Que tu peux être romantique.
• …
• On est un pays riche. Les gens qui n’ont rien, ont l’aide du gouvernement.
• Tu marques un point. Mais tout n’est pas si facile. Que fait-on, toi et moi, pour ces gens-là ? Les aidons-nous à se réinsérer dans la société ?
• Je leur donne des sous des fois.
• Ce ne sont pas les sous le problème. C’est la chaleur. C’est le sourire. C’est la non-indifférence. Nobody cares about them.
• Et en faisant ton ramadan, you think you help ?
• Je me remets en question. Je ne prends plus rien pour acquis. Je me calme. C’est une hygiène de vie. C’est un mois parmi douze où je me sens plus décalé que les autres mois. Parce que...je suis toujours décalé, je dois avouer.
• Mais tu te goinfres la nuit.
• Pas vrai. Je n’ai pas le temps de toutes les manières. Ni l’appétit. Ni l’envie. Je ne suis pas au Maroc. Là-bas, je me goinfrais. Parce que tout le monde est dans le même beat. Ici, je dois me coucher, parce que le lendemain, à sept heures, je dois être debout.
• Ne te sens-tu pas faible ?
• Oui.
• Penses-tu que tu pourras le faire quand ça viendra en été et qu’il fera quarante degrés à Montréal ?
• Je suis très sceptique. Ce sera très, très difficile.
• Alors ?
• On verra d’ici là.
• Aimes-tu le ramadan finalement ?
• Je respecte cette « tradition ». Mais je trouve ça de plus en plus dur. Et puis, je ne bois pas pendant trente jours. C’est bon pour la santé.
• J’avoue. Je pourrais manger devant toi ?
• Je m’en fous.
• Tu es fort toi !
• Pas du tout. Si tu savais…
• Tu ne vas pas te sentir seul cette année chez toi, vu qu’elle n’est plus là ?
• Oui. Mais c’est la vie. Dans la vie, de temps en temps, il faut faire un bout de chemin seul.
• Tu me rappelles ce livre. Le pèlerin de Compostelle. De…euh…
• Paulo Coelho.
• Il est bon ce livre.
• Il est…intéressant en tout cas.
• Tu as lu ça toi ?
• Bein, oui.
• Mais tu n’es pas chrétien.
• Et ? S’il fallait que ce soit juste les chrétiens qui lisent des livres de chrétiens, des musulmans des livres de musulmans, des juifs ceux des juifs, des bouddhistes..
• Ça va, j’ai compris.
• …
• Et tu as aimé ?
• C’était intéressant. Je te l’ai dit…
• Qu’y as-tu aimé le plus ?
• Les expériences inexplicables. L’épisode du chien. Ça m’a rappelé des histoires à dormir debout qu’on nous racontait au pays.
• Ok. Alors, je vais lire un livre de votre culture. Que me conseilles-tu ?
• La vie devant soi.
• Mais c’est de Romain Gary, il n’est pas arabe.
• Presque.
• Sa mère était juive.
• On est tous l’arabe de quelqu’un d’autre. La vie devant soi est un livre très oriental. Si Gary n’avait pas été un immigrant en France, il n’aurait jamais pu écrire ça.
• Et un autre livre ?
• Les croisades vues par les arabes.
• De qui ?
• Amin Maalouf.
• Ça parle de quoi ?
• Des croisades vues par les arabes.
• Très drôle. On fait un truc alors. Tu lis des Québécois en même temps et on en discute.
• Ça me va.
• L’avalée des avalés.
• Pas capable. Je l’ai commencé. Il m’est tombé des mains.
• Dévadé.
• Idem.
• Tu ne comprends rien à la littérature Québécoise.
• Peut-être. Mais Louis Gauthier, c’était bien.
• Louis qui ?
• Voyage en inde avec un grand détour. Voyage au Portugal avec un allemand…
• Beaux titres en tout cas.
• Et belle prose. On se reconnaît là-dedans.
• Ça parle de quoi ?
• Gauthier voyage et raconte. Sa solitude, son décalage…
• Toujours les mêmes thèmes avec toi.
• Oui. Parce que c’est toujours moi.
• Ok. J’en ai un. Il faut que tu l’essayes.
• Vas-y.
• L’hiver de force.
• Ducharme encore ? D’accord. Je l’ai chez moi. Je vais m’y attaquer bientôt.
• Ça marche.
• À vendredi.
• À vendredi. Si le ramadan ne commence pas samedi, tu prendrais un verre ?
• Non. Pas nécessaire…J’arrête dès aujourd’hui.

Sunday, September 17, 2006

I don't wanna hear, i don't wanna know, please don't say you're sorry !

Le pape dit une bourde. Stop. Les musulmans se déchaînent. Stop. Le pape regrette et dit avoir simplement cité quelqu'un. Stop. Les musulmans brûlent son effigie. Stop. Le roi du Maroc rappelle son ambassadeur au Vatican. Stop.

Ah parce que le Maroc a un ambassadeur au Vatican ?

Les histoires se répètent. Et j'ai l'impression que je me répète. Mais, alors, pourquoi en parles-tu, Rahan ? Je ne peux m'empêcher.

Avez-vous déjà cité quelqu'un comme ça ? Parce que ça vous tentait ? Parce que ce jour-là, il faisait beau ou gris ou je-ne-sais-quoi ? Avez-vous déjà cité votre voisin xénophobe quand il parle des Italiens, Portugais, arabes, juifs ou Québécois ? Si oui, vous êtes-vous appuyés sur ses dires ? L'avez-vous cité en exemple ? Ou l'avez-vous cité pour son ignorance et sa fermeture d'esprit ? Si je vous disais que les habitants de Sougoufoulou, une ville de Montagonie, sentent la charogne. Et qu'ensuite, je continuais sur une autre lancée, sur un autre sujet. Puis, quand le lendemain, je me rends compte de mon énorme bourde, des remous qu'ont créé mes paroles chez les Sougoufoulais, je déclare que j'avais juste cité le livreur du dépanneur de chez ma tante Ginette, me croiriez-vous ?

Mon cher Pape, vous avez péché. Le mensonge ? Ouais, mais ça, on passe. C'est plutôt un autre péché. Ça s'appelle mettre-de-l'huile-sur-le-feu. Vous connaissez pas ? Je vais vous expliquer. C'est quand une communauté se sent légèrement attaquée par une autre. C'est quand les faits poussent à croire que cette communauté n'est pas si parnoïaque que ça. Ensuite, un journal dans un pays réputé tranquille et sans histoires publie des caricatures sur le chef spirituel, le prophète, l'Homme par excellence chez cette même communauté. Caricatures pas très avantageuses. Caricatures offensantes, disent-ils. Alors, ça manifeste. Ça brûle des drapeaux. Et meurent des gens. Mort stupide (Mais, y en a-t-il des pas stupides ?).Quelques uns (dont moi) condamnent ces excès. Disent que finalement, ce n'est pas si grave. Il faut les laisser. Les chiens aboient et la caravane passe. Et puis, il y a la liberté d'expression, la démocratie. Les beaux mots qu'on aime utiliser à toutes les sauces. Ou plutôt à certaines sauces. Mel Gibson, c'était pas de la liberté d'expression, peut-être ? Mais passons. Revenons à ce qu'on disait. Il y a d'autres manières de riposter, plutôt que d'agir de la sorte. Boycottez leurs produits par exemple. Jouez la carte du pétrole. Faites de vous, de nous, des gens civilisés, calmes, calculateurs. Mais, pendant ce temps, continuent les attaques. Et vas-y que l'Afghanistan trime. Vas-y que l'Irak, c'est le far-west. Vas-y que la Palestine...Bein, la Palestine, ça n'existe même pas sur une carte, de quoi parles-tu effronté ? Vas-y que le Liban... Et toujours la même histoire. Ils nous oppressent. C'est les croisades. Et moi et mes nombreux amis qui essayons de trouver un juste milieu, de calmer les ardeurs, de réfléchir. Et maintenant ? Maintenant, je ne peux plus réfléchir. Je ne brûlerai pas d'effigies, je suis pyrophobe. Et j'ai horreur des effigies. Les brûler, c'est leur donner trop d'importance. Je ne crierai pas dans la rue comme un fou. Je n'aime pas lever la voix. Et je ne suis pas fou. Enfin, pas de cette famille de fous. Puis, ma voix, elle, est nasillarde. Ma voix est insignifiante. Ma voix est étouffée. Je ne crierai pas à la conspiration. Parce que je n'y crois pas. Et que j'en ai marre de ce mot, de ces mots. Conspiration. Complot. Conjuration. Toujours la même histoire. Alors ? Alors, je ne défendrai personne. Ceux qui manifestent ? Ils ont le droit. Vous les cherchez monsieur le Pape. Ne venez pas me dire qu'à votre âge, dans votre fonction, avec ce que vous représentez, on ne vous a pas dit de vous tourner la langue le nombre de péchés capitaux de fois avant de parler. Ne venez pas me dire que c'était une erreur. Vous me prenez pour un con quand vous dites ça. Vous insultez mon intelligence. Et elle n'est déjà pas énorme. Il faut la ménager, la pauvre. Dites-moi que c'est ce que vous croyez. Et soyons honnête l'un envers l'autre. Comme ça, si ça me tente un jour de vous traiter de tous les noms, je n'ai pas à me gêner. De toutes les manières, je suis musulman, donc violent. Et regardez, je suis tellement violent que j'écris. Quelle violence ! Quel mépris ! Comment oses-tu te conduire de cette manière, Rahan ? Oui, j'ose. Parce que j'en ai ras le bol de me répéter, de faire l'avocat du diable, de chercher cette mince ligne au milieu, qui finalement, peut-être, n'existe pas. Je suis fatigué de ce jeu du "je dis", "je regrette", "je redis", "je regrette". Je suis las. À mon avis, le Pape, sa sainteté le Pape a dit tout haut ce qu'il pense tout haut, quand il est tout seul. À mon avis, le Pape, sa sainteté le Pape, a dit tout haut ce que beaucoup de gens, dits instruits, au courant, cultivés, pensent tout bas. L'Islam est violent. Ses adeptes sont des fous de Dieu. Et bien, soit ! Maintenant, le jeu du chat et de la souris est terminé. Maintenant, tout le monde sait à quoi s'en tenir. N'est-ce pas Benoît vingt-seize ?

Attention. Je n'ai jamais eu de respect spécial pour un Pape. Ou un Mollah. Ou The Rabinov of The Rabbins. J'ai du respect pour mon cerveau, ma jugeotte, mon bon sens (Qui n'est pas toujours bon- mais ça, c'est une autre histoire). Ce qui veut dire, que si j'avais été chrétien, je n'aurais pas été papiste. Pas du tout. Ce qui veut dire qu'en discréditant sa sainteté le Pape, je ne discrédite pas les chrétiens. Et même pas les Papistes. Je discrédite le culte qu'on lui voue, le respect qu'on lui montre.

Vous voyez, je suis tellement musulman et violent que j'essaie de nuancer. Et les autres, font-ils la même chose, quand un terroriste tue des innocents au nom d'Allah ? Nuancent-ils ? Ou dans le tas foncent-ils ?

Madonna, tu ne saurais mieux dire...

Friday, September 15, 2006

And the winner is

..........
  • Éliane
  • .

    Bonne lecture !

    Thursday, September 14, 2006

    Un livre à donner

    J'ai une copie de trop de "Mendiants et orgueilleux" d'Albert Cossery. Une vieille copie, on s'entend. Je ne veux pas faire de concours à la con pour l'offrir. Je vais le faire à la FIFS : First In First Served.

    Le premier qui me donne son adresse sur : karl.amassini@gmail.com aura le livre par la poste. L'idéal, après, ce serait de le lire, de le commenter et de refaire la même chose avec un autre blogueur. Et ainsi de suite. Mais ça, ça dépendra de celui qui le recevra.

    Que les livres aient une deuxième, troisième, énième vie grâce aux blogues !

    Alors, qui sera le gagnant ?

    J'attends la première adresse. La seule contrainte : il faut avoir un blogue. (Veuillez indiquer l'adresse de votre blogue, S.V.P)

    (Ceci n'est pas un canular...)

    Tuesday, September 12, 2006

    Fictions

    • Est-ce que le 11 Septembre a changé ta vie ?
    • Oui. Depuis, le 10 et le 11 Septembre, je ne regarde plus les nouvelles. Ça ne parle que de ça.
    • Mais encore ?
    • Bein, ça prend des heures avant qu’un avion décolle.
    • C’est tout ? Je parle de toi. De ta vie de tous les jours.
    • Le regard des autres. On me prend souvent pour un terroriste.
    • Ne sois pas de mauvaise foi. Tu le sais bien. Les gens ne savent même pas que tu es musulman. Et même s’ils le savaient. On te donnerait le bon Dieu sans confession.
    • Tu exagères. Les douaniers, eux, ils ne me donneraient même pas un 25 sous. Alors, Dieu..on passera.
    • Tu ne vas pas me dire que quant tu prends le métro, les gens te regardent de travers.
    • Non. Mais ils en regardent d’autres de travers. Alors, par solidarité ou par extension, appelle ça comme tu veux, ils me regardent aussi de travers.
    • Tu te prends pour Jésus ? Ou pour Ernesto ?
    • C’est pareil. Ils avaient le même but.
    • Oui, mais ils ne prônaient pas les mêmes manières. Et puis là, comme d’habitude avec toi, gémeaux que tu es, on dévie de la discussion. Ne fais pas ton gémeaux ! Arrête de sauter du coq à l’âne ! Nous parlons du 11 Septembre là.
    • Justement. Pourquoi ne pas parler du 12 Septembre, ou du 13 Septembre, ou même du 25 Janvier ?
    • Qu’est-ce qui s’est passé le 25 Janvier ?
    • Tu ne comprendras donc jamais ? Prends n’importe quel jour de l’année. Ce sera un jour marqué par des milliers de morts causés par les Etats-Unis. N’importe quel jour.
    • Encore ta mauvaise foi. Tu ne vas pas me dire que tu te rallies à la paranoïa de tes chers frères des rues arabes ? Tu ne vas pas me réciter les mêmes histoires quand même ?
    • De quoi tu parles ? Je te parle de faits. Je te parle de l’embargo sur l’Irak qui a fait des milliers de morts. Je te parle des mines antipersonnel. Je te parle du 11 Septembre Chilien. De Cuba. Je n’invente rien voyons.
    • Oui. Mais c’est pas toujours facile d’être le leader mondial. Il faut parfois prendre des décisions impopulaires.
    • Parfois ? La mauvaise foi maintenant, c’est bien toi. Ne t’amuse pas à faire l’avocat du diable. Ce Diable est bien trop diabolique.
    • Un pléonasme.
    • On s’en fout du pléonasme. Ils en ont trop sur les bras. Laisse tomber !
    • Oui. Mais sois plus courageux intellectuellement là ! Avoue que le 11 Septembre, c’est une horreur !
    • Ai-je besoin de l’avouer ? C’est clair. Mais, une chose est sûre, c’est louche.
    • Encore la paranoïa arabe ! C’est une conspiration sioniste, c’est ça que tu vas me sortir encore ?
    • Je ne te « sortirai » rien. Je te poserai des questions. Puisque tu me demandes du courage intellectuel, je vais t’en montrer moi. La maïeutique, mon cher monsieur. Combien de morts le 11 Septembre 2001 ? Environ 3000. Incluant les flics et les pompiers. Deux méga-tours. La question se pose quand même. Où sont les autres ?
    • Oh…
    • Attends. Je n’ai pas fini. Que s’est-il passé après le 11 Septembre. L’Afghanistan. L’Irak. Le pétrole. La lutte pour la démocratie. La lutte contre le terrorisme. Rien qu’au Canada, 9 milliards de dollars ont été dépensés pour la sécurité depuis ce 11 Septembre. Tu en veux encore ? Qui a eu les contrats de reconstruction en Afghanistan ? En Irak ? Halliburton, tu connais ? Dick Cheney, tu connais ? Mais la vraie question est la suivante : qui en a bavé le plus depuis le 11 Septembre ? Est-ce l’occident ? Ou les pays musulmans ?
    • Trop simpliste ton analyse.
    • Peut-être. Mais c’est vrai. Regarde autour de toi. Lis les nouvelles. Même si tu sais qu’on ne lit que ce qu’ils veulent qu’on lise. Lis. Afghanistan. Irak. Palestine. Liban.
    • Ah, parce que le Liban est un pays musulman maintenant ?
    • Je n’ai pas dit ça. Je te dis de regarder attentivement. Qui est-on en train de protéger ? Qui est ce pays illégitime, occupant, qui n’en fait qu’à sa tête et qui s’en fout des résolutions de l’ONU comme de l’an 40 ?
    • Toujours la même chose. Vous êtes donc faits pareils ? Vous pensez tous qu’Israël est le diable sur terre ?
    • Je ne veux pas le penser. Je ne veux pas encourager cette haine. Je ne veux pas. Mais on ne me donne pas le choix. Israël est en train de massacrer des Palestiniens et des Libanais devant tout le monde depuis des décennies. Et personne n’ose lever le petit doigt. A-t-on jamais fait quoi que ce soit pour l’arrêter ? Non. Elle est protégée par les Etats-Unis. À cause de ce foutu système qui autorise le lobby et fait en sorte que le président de la plus grande puissance mondiale est une marionnette ficelée par quelques sionistes, qui foutent la même merde dans le monde depuis des décennies.
    • Attention ! Mel Gibson a dit la même chose l’autre fois et il est dans de sales draps maintenant.
    • Je ne suis pas Mel Gibson. Mes paroles s’envolent. Les siennes sont entendues par la moitié de la planète. Et puis merde. Il a dit ce qu’il pensait. Pourquoi penses-tu qu’il s’excuse depuis l’incident ? Le lobby, mon vieux.
    • Ne m’appelle pas vieux.
    • Susceptible, va.
    • Je reviens à ma question principale. Est-ce que ça a changé ta vie, ta PROPRE vie, le 11 Septembre ?
    • Oui. Je déprime chaque mois de Septembre.
    • Comment ?
    • J’appréhende ce jour où tout le monde parle de la même chose, la télévision montre les mêmes images. Ça me donne l’impression que nous sommes des robots, des machines formatées à penser de la même manière, à pleurer pour les mêmes raisons, à écouter les mêmes sermons.
    • Ne sommes-nous pas humains ? Ne devrions-nous pas tous réagir de la même façon devant la tragédie ?
    • Oui. Mais il faut qu’on le soit tout le temps. Au lendemain du 11 Septembre, en France, le même slogan passait à la radio : nous sommes tous des Américains.
    • C’est pour montrer notre solidarité.
    • Je sais bien pour quelle raison ce slogan a été "fabriqué". Que tu peux être prévisible ! Je sais. Mais alors, après les attentats au Maroc, le 16 mai 2003, pourquoi « tout le monde n’était pas Marocain » ? (pour ne citer que cet exemple)
    • C’était fait par des Marocains. Au Maroc. Autrement dit, c’est un problème interne.
    • Creuse-toi un trou et fous ta tête dedans. Vas-y ! Joue à l’autruche jusqu’au bout. Tu veux dire que les attentats au Maroc, ceux de Londres, de Madrid, de New-York, ne sont pas reliés. Alors, là, tu dépasses toutes mes attentes. Un parfait occidental que tu es. Protégeons l’occident, que le reste du monde crève ! Eh bien, j’ai des nouvelles pour toi mon vieux, bienvenue au nouveau monde. On appelle ça la mondialisation. Maintenant, si tu n’aides pas ton voisin, ça risque de puer.
    • Waw. Quelle phrase que tu nous sors là.
    • Je m’en fous des phrases, de la rhétorique, de Platon, de Descartes et de tout le reste. Je te parle d’êtres humains. Je te parle de morts. Je te parle de l’Afrique qui, chaque jour, perd des millions de vies. Je te parle de l’Amérique du Sud, si proche de l’Eldorado et si loin en même temps. Je te parle de l’Asie qui crève de faim aussi. Et tu me parles de problèmes internes. Y en a pas de problèmes internes dorénavant. On est tous dans le même panier.
    • Toi et ta haine pour l’occident !
    • Paresseux, va. Je ne déteste pas l’occident. J’y ai vécu la moitié de ma vie.
    • C’est l’enfance qui importe.
    • Pas seulement. Tout importe. Je suis aussi occidental qu’oriental. Et c’est pour ça que je me donne le droit de critiquer l’occident. J’en fais partie. Je contribue à ce système.
    • J’ai trouvé.
    • Quoi ?
    • La question qu’il faudrait que je te pose. Pour savoir.
    • Savoir quoi ?
    • Tu verras. Tu as fait quoi le lendemain du 11 Septembre ?
    • Pourquoi veux-tu le savoir ?
    • Réponds ! Je te le dirai ensuite.
    • Je suis allé au cinéma.
    • Voir quoi ?
    • Le fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
    • C’est bien ce que je pensais. C’est bien ce que je pensais. C’est l’enfance qui compte.

    Sunday, September 10, 2006

    Les pigeons font la sieste



    À Barcelone, par une journée ensoleillée, des pigeons fatigués, font la sieste. Oui, oui, regardez bien comme il faut, certains d'entre eux font la sieste.

    Ah, Barcelone, tu m'étonneras toujours !

    Saturday, September 09, 2006

    Un samedi tout à fait banal

    Je me retape Crash. Je passe de temps à autre sur Ferdydurke. J'écoute l'horloge de ma cuisine bégayer ses tic-tacs prévisibles. Je navigue sur les blogues des autres. Je cherche l'inspiration. Ou je fuis ma vie. Ou je fais semblant que tout va bien. Mais tout va bien, bien sûr. Je ne sais pourquoi ces vers de Brel me ronronnent dans la tête :

    Passent aussi indifférents
    Quelques jeunes gens faméliques
    Qui sont encore confondant
    L'érotisme et la gymnastique

    Pourtant, je n'ai pas écouté cette chanson depuis longtemps.

    Dehors, il fait froid et gris. Comme un long et imposant jour d'automne qui nous guette.
    Dans ma tête, c'est la pagaille. Je pense à l'Irak, à la Palestine, au 11 septembre (Américain et Chilien), aux Américains qui n'ont pas réussi à ramener l'or aux championnats du monde de basket, au Barça qui vient de gagner 3-0, à Materazzi qui, le jour du match (quelle coïncidence !) , nous avoue avoir insulté la soeur de Zidane, à Ségolène Royal et Sarkozy pas royal, à Harper et Ignatieff, à Boisclair qui ne sait pas parler et découpe toutes ses phrases, à Almodovar et son Volver, à Bruce Lee qui me manque, à Kukoc qui, apparemment, met fin à sa carrière. Ah, Kukoc, ces langues jambes maigres et ce maillot de Jugoplastika, c'était moi, ça ! C'était moi, encore adolescent, étranger dans mon propre pays...

    Je pense à tout ça, en même temps, avec le même intérêt (scandaleux !), avec la même curiosité. Et je me dis que dans la vie, il faut savoir respecter l'important et le futil, le tragique et le comique, le solennel et le dérisoire.

    Je vous l'avais dit : un samedi tout à fait banal.

    Thursday, September 07, 2006

    Musique Québécoise

    D'abord, j'eus le bégin pour Jean Leloup. Il était, il est, fou, furieusement fou. Ce clown drôle et touchant, ce Québécois, un peu Algérien et très Québécois, me fascinait. J'ai écouté toutes ses chansons (ou presque) et les ai savourées. Et un matin, il déclare que c'est fini. Qu'il redeviendra Jean Leclerc. (Quoique, selon les rumeurs, Leclerc sort un album bientôt) Et moi, je fais quoi ? Sans Leloup, je fais comment pour écouter de la musique Québécoise, moi ? Si seulement tu avais pensé à moi Jean. Avant de faire ta crise d'identité.
    Ensuite, je découvrais Les Colocs. Et surtout, surtout, André Fortin. Dédé. Ah, Dédé ! Si tu savais que fut ma tristesse, quand par ce matin de Mai, je reçus les journaux au dépanneur où je travaillais à l'époque, et je sus, je lus, ta mort et ton agonie. Si tu savais. Non, je n'ai pas pleuré. Mais c'est tout comme. Je venais de perdre un frère d'âme. Et ce, même si je ne connaissais pas ses paroles par coeur. Je le connaissais Dédé. J'avais lu des entrevues. Il disait aimer Brel. Alors, je l'ai aimé. Il mettait un casque d'aviateur sur scène. Alors, je l'ai aimé. Il sautait et dansait folkloriquement sur scène. Il était vrai ce Dédé. Alors, je l'ai aimé. Il s'est mis un poignard en pleine poitrine. Alors, on l'a perdu. Mais je l'aime encore. Dédé. Ah, Dédé ! Et si tu étais resté ? Sans toi, je fais comment pour écouter de la musique Québécoise, moi ? Si seulement tu avais pensé à moi Dédé. Avant de te poignarder.
    Puis, ce fut le néant. Daniel Boucher ? Non. Je n'aimais pas sa langue. Boom Desjardins. Pfff. Peu pour moi. Je l'ai bien dit. Ce fut le néant. Un matin, j'écoute la radio. Et plouf ! Comme un petit caillou au milieu du lac. Plouf ! Pierre Lapointe. J'achète son premier CD. Il ne sort plus du lecteur de la voiture. Il m'intéresse ce mec. Il est un peu Bison Ravi sur les bords. Il est un tantinet moqueur. Il se la pète légèrement. Il ne se prend pas au sérieux. Deuxième album. Je l'achète. Bon aussi. Je préfère le premier. Mais il est bon aussi. Pas de déception pour l'instant. Mais, il en faut plus. Alors, j'attends. Plus, toujours plus.
    Mais qu'en est-il des autres ? Les aînés ?
    On me parle de Desjardins. Je le connais. Mais pas assez. Je connais son combat Boréal. Mais le chanteur, je ne sais pas. Et puis, le patois, ça ne me touche pas. Pas encore. Du moins, c'est ce que je me dis. Jusqu'à ce que j'écoute ça. Patois ? Peu importe. La musique est universelle. Ça me rappelle "La promesse de l'aube". Ça me rappelle la mère de Romain Gary qui se signe. Et Romain de dire "Ma mère est juive, mais avec Dieu peu importe les langues".
    Il avait raison Gary. Avec Dieu peu importe les langues. Avec la musique aussi, peu importe les langues. Peu importe la langue.
    Avec la musique, peu importe la langue.

    Desjardins, ton effet Lisa me fait de l'effet.

    Quand on me parle
    je ne vois que des lèvres
    qui bougent
    vainement, vainement.

    Sa nébuleuse est venue me happy.
    Elle fait sauter mon échelle Richter.

    Kamikaze-papillon dans l'fanal
    fatal de l'amour.
    Foule en moi, full beauté.
    Para Lisa.

    En prison dans l'frisson,
    en Bœing dans l'armoire.
    C'est quoi ça, l'univers ?

    Roger, Roger, 10 - 4.
    C'pas des yeux, c'est des lacs.
    C'est toi qui es là.
    Je me terre
    et toi tu soleilles.

    Non mais, non mais,
    l'effet que tu me fais.

    Si t'es mariée, mois je suis next,
    si t'es gaie, moi j'change de sexe.
    Oui vraiment,
    oui vraiment.

    T'es un rayon et moi j'suis une craque.
    Maint'nant j'vois clair dans mon pauvre shack.

    Ma pourvoirie est ruinée, mon cœur clenché
    au piège d'amour.
    You are so beauté folle .
    Gare au cougar.

    Oui, j'avoue l'obsession
    à confesse, flambant nu.
    On me donne l'absolu.

    Où ont-ils mis le port ?
    Ma rivière, elle déborde.
    Niagara.
    Que c'est doux
    l'endos d'un nuage.

    J'mouille pour le vrai.
    L'effet que tu me fais.

    Monday, September 04, 2006

    Triviale poursuite

    Magog. On joue. Question : Qui est belle comme un arc-en-ciel selon Brel ?

    Je me creuse les méninges. Rien. Frida ? Non, elle est belle comme un soleil. Je donne ma langue au chat, non sans déception. Déçu de moi-même. Réponse selon le jeu : La Fanette. Pourtant. Je me la chante. Ça ne vient pas. Les autres, non plus, ça ne leur vient pas. Pourtant, ils en savent des choses. Bizarre.

    Montréal. J'ouvre mon ordi. My music. Brel. La Fanette. 04 minutes, 7 secondes. Aucune mention d'un arc-en-ciel. Sur internet, je consulte les paroles de la Fanette. Rien non plus. Nada.

    Ils se sont trompés.

    Moins déçu de nous-mêmes. Plus déçu d'eux-mêmes. D'eux-autres.

    Une calamité ce jeu.

    Je pense à Renaud. Sa triviale poursuite, ce n'était pas une calamité du tout. Renaud, souffre-moi, souffre-moi !

    Question d'histoire d'abord:
    Où est la Palestine ?
    Sous quelle botte étoilée ?
    Derrière quels barbelés ?
    Sous quel champ de ruines ?

    Question d'histoire encore:
    Combien de victimes,
    Combien de milliers d'enfants
    Dans les décombres des camps
    Deviendront combattants ?

    J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
    Si tu sais, toi, souffle-moi

    Question d' géographie:
    Où est la Kanaky ?
    Combien de flics, de soldats
    Pour tenir Nouméa
    Pour flinguer Eloi ?

    Combien de petits blancs
    De colons arrogants
    Se partagent la terre ?
    Et combien de misère
    Pour le peuple kanak ?
    Combien de coups de matraque ?

    J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
    Si tu sais, toi, souffle-moi

    Question de sport:
    Qui détiendra le record
    Et restera vivant
    Libre et innocent
    Derrière les barreaux ?
    Vingt ans pour Otelo
    Autant pour Mandela
    Et combien de hors-la-loi
    Chez ces p'tits juges en bois
    Dont on fait les salauds

    J'en sais rien, j' donne ma langue ay chagrin
    Si tu sais, toi, souffle-moi

    Question science et nature:
    Où balancer ces ordures ?
    Allez, à la Vologne !
    Ces chiens qui assassinent
    Ces rats qui emprisonnent !

    Question d' littérature:
    Qui a écrit que les hommes
    Naissaient libres, égaux ?
    Libres mais dans le troupeau
    Egaux devant les bourreaux ?

    J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
    si tu sais, toi, souffle-moi
    Souffre-moi
    Souffre-moi


    Sunday, September 03, 2006

    Du pareil au même

    Qu'avais-je dit ? N'avais-je pas parlé de poisse ? Il est presque minuit. Je viens de rentrer. Accident de voiture. Glissade. Aucun blessé. Ma voiture, elle, ne vaut plus deux sous. Malchance ? Chance ?

    J'ai fait un accident. Je ne suis pas blessé.

    Malchance ? Chance ?

    Ça dépend...