Wednesday, January 31, 2007

As lived

We're in the office. N is married to an Italian. She is catholic. K's parents are Italian. He barely speaks Italian. He's barely catholic too.

N : So, your wife works downstairs?
K : Exactly.
Me : What’s her name?
K : Myriam.
N : Oh yeah?
K : Yes. It’s a Jewish name.
Me : Muslims too give that name.
N : Really?
Me : Of course. Myriam is Marie, Jesus’ mother.
N : But you don’t have Jesus in Islam!
Me : Of course we do. Jesus is a prophet in Islam, the same as Mohammad.
N : I’m surprised. And his mother, is she virgin?
Me : Yes, she is. It’s a miracle.
N : And is Jesus mentioned in the Coran?
Me : Not only he is, but if you don’t believe in Jesus and Moses and all the other prophets, you’re not muslim. You have to believe in all the prophets. And you don’t have to kill, to steal…it’s all the same. The difference with Christianity is that Jesus is not God's son. He's a prophet. The rest is pretty much similar.
N : See. It’s good to talk about those things. I never thought you guys believed in Jesus.
Me : Absolutely…anytime…
K (after N left - she is our big boss) : To me, religions, it's all crap.
Me : It's a way of thinking...
K : When do we have a beer ?
Me : Soon. Very soon...
K : Now we're talking...

We laughed...It was a long friday. Fridays are always long...

Tuesday, January 30, 2007

Le jaloux


Je ne suis pas de nature jalouse. Je ne me dis jamais « oh, que j’aurais aimé être Einstein, ou Romain Gary, ou Brad Pitt (pour être avec Angelina, bien sûr :)) ». Jamais. Ce ne sont pas des choses qui me passent par la tête. Je n’envie personne. Je suis conscient de mes limites et je les accepte. Mais dernièrement…

Je suis allé voir « Fauteuils d’orchestre ». J’ai bien aimé. Valérie Lemercier est très drôle. Claude Brasseur est touchant. L’histoire est bien ficelée. J’aime ce genre de cinéma. Mais ce n’est pas le sujet de mon billet. C’est Albert Dupontel et son personnage de pianiste traversant une crise d’identité qui m’a bouleversé. Le piano. La musique. La beauté de la musique. La classe du pianiste. Je veux être un pianiste. Pourquoi ne le suis-je pas ?

Il y a eu Mozart De Milos Forman. Film fort en émotions. Film riche en sous-entendus. Film assez objectif. Mozart était un génie de la musique. Mozart n’était qu’un enfant écervelé dans la vie.

Il y a eu Immortal Beloved avec Gary Oldman dans la peau de Ludwig Van Beethoven. Une histoire d’amour. Une petite intrigue. Et la musique. L’envoûtante musique. Mes oreilles s’ouvrent. Ça coule. Ça s’infiltre. Ça nage dans mes veines. Je plane. Je plane et rien ne peut m’arrêter.

À chaque fois que je vois cette magie au grand écran, je suis touché, ému, au bord des larmes. À chaque fois.

Alors, oui, je suis finalement jaloux et envieux. De ces artistes du piano qui frôlent l’instrument et en sortent des mélodies d’amour, de vie, de fraternité, d'amitié. C’est ça la vie. L’art dans toute sa grandeur. L’Homme au dessus des bassesses de ce bas monde.

Dire que je n’y connais rien en musique…La vie est injuste. Chaque jour.

Saturday, January 27, 2007

stockholm, la nuit (2)

Quand on entre dans la salle Fred Barry, il se crée tout de suite une certaine intimité avec les quatre comédiens de la pièce et l’accordéoniste. Il y a, d’abord, l’absence des planches et la proximité des comédiens. Mais aussi, mais surtout, ils se réchauffent devant nous. Ils sautillent, font des étirements, se parlent. Le spectateur se demande : Mais qu’est-ce qu’ils font ? N’auraient-ils pas pu faire ça en coulisses ? Non. Ils ne veulent pas le faire en coulisses. Et voilà qu’ils discutent à haute voix. Et voilà que le spectateur ne sait pas si la pièce a déjà commencé ou pas. Et voilà qu’ils parlent d’un party. Où vont-ils le faire ? C’est quand ta fête Fannie ? Mai ? Non, Septembre. Ah, j’ai toujours cru que c’était en Mai. Non, non, c’est en septembre. Et on entend parler de Johanna et de chaussures. Et une dernière question : Hey, les gars, on se connaît depuis combien de temps ? Puis, un jeu de lumières, les acteurs s’approchent, une citation de Boris Vian (il est plus facile de coucher ensemble que de se regarder dans les yeux) -Lien avec l’Écume des jours, dernière pièce présentée par le collectif Ikaria - et ça commence.

Un dépanneur. Une fille à la caisse. Un gars qui fait le clown. On sent un certain magnétisme entre les deux. Mais ils ne se le disent pas. Mais ils ne se parlent pas….dans les yeux.
Une cliente. Maquillée. BCBG. Elle lit une revue. Elle l’achète. Elle traîne. Et un voleur gauche. Hold-up. Il prend l’argent. Et pourquoi pas, il ramène BCBG avec lui. Et la « road-story » commence. La fille-à-la-caisse et le gars-qui-fait-le-clown décident de suivre le kidnappeur et la kidnappée. Deux voitures. Deux duos fille-garçon. Vont-ils se parler ? Vont-ils se connaître ? L’huis-clos crée-t-il un lien fort entre les personnes ?

Fannie Bellefeuille, l’auteure de la pièce, évoque bien entendu le syndrome de Stockholm. Mais ce n’est qu’un prétexte à d’autres questionnements plus profonds, plus vitaux : Qu’est-ce qui fait que dans notre société, des gens qui se connaissent depuis longtemps (la-fille et le-gars se connaissent depuis onze ans), ne se connaissent finalement pas ? Pourquoi ne se donne-t-on jamais le temps de se parler, de se confier, de se livrer ? À travers ces deux duos, elle nous le dit clairement : Ce n’est pas question de temps. Ce n’est pas question de « on ne se connaît pas depuis assez de temps ». Car oui, dans cette pièce, tout le monde a du mal à communiquer. Et c’est la porte ouverte à de belles prestations. Christine Pinard, la-fille-à-la-caisse, avec son jeu très physique, avec ses yeux d’un magnétisme heureux (deux ans de travail sur le langage corporel avec « le mouvement Camera Obscura », ça ne se perd jamais), arrive, haut la main, à se passer des mots pour nous livrer ses émotions. David Buyle, un grand comédien mince, avec une bonne bouille, joue allégrement le romantique refoulé, le wanna-be macho, l’amoureux qui n’arrive pas à trouver ses mots. Fannie Bellefeuille, bavarde kidnappée, en quête d’amour et d’attention, éternelle coupable qui s’auto-culpabilise, nous livre les répliques les plus drôles, parfois les plus sottes, mais aussi les réflexions les plus sincères, et à chacun des ses gestes, à chacun des mots qui sortent de sa bouche, on se tord de rire. Enfin, c’est à Charles-Alexandre Quesnel que revenait le rôle le plus dur. Pendant 95% de la pièce, le comédien ne lâche qu’un seul mot : tabarnak ! C’est facile, vous me dites ? Détrompez-vous ! Il est tantôt fâché, tantôt exaspéré, tantôt ému, tantôt attristé…avec un seul mot, il nous passe toute une gamme d’émotions, souvent contradictoires. Bravo ! Le comédien s’en tire très bien.

La mise en scène de Frédéric Thibaud rappelle parfois celle de Mouawad dans « incendies », surtout la scène de la fin où tout le monde s’assoit sur un banc, dans un mutisme communiquant. J’ai beaucoup aimé les scènes premier-plan, deuxième-plan et les jeux de lumières qui les accompagnaient. J’ai beaucoup aimé cette façon de nous présenter les duos de face, de profil, de dos : ce n’est pas parce que vous voyez les gens dans toutes les postures, que vous les connaissez pour autant. J’ai aussi aimé l’omniprésence physique de la musicienne : l’accordéoniste se baladait sur la scène, amenant une certaine poésie, un certain apaisement à des situations parfois tendues.

Et ça finit comme ça avait commencé : Hey, les gars, on se connaît depuis combien de temps ? Retour à la réalité…

La pièce est parfaitement réussie. Les 70/75 minutes du récit passent en toute fluidité, sans longueurs, sans faux pas, avec beaucoup d’élégance et de réalisme. À travers ses mots, Fannie évoque brièvement quelques sujets qui lui tiennent à cœur : La souveraineté (le-gars veut s’engager dans l’armée. La-fille lui répond du tac au tac qu’il va s’engager pour une armée qui n’est pas celle de son pays..). Les clichés (La kidnappée s’excuse d’avoir pris pour acquis que le kidnappeur était hétéro, ensuite, assumant – anglicisme affreux dont je n’arrive pas à me passer ! - qu’il est homosexuel, lui dit qu’elle n’en a jamais rencontré un seul auparavant et lui demande si elle peut le toucher…), etc.

S’ils font une supplémentaire, allez-y ! C’est le théâtre de demain. C’est la nouvelle génération qu’il faut encourager. Surtout quand elle est talentueuse.

Anecdotes et autres niaiseries importantes :



Fannie Bellefeuille joue présentement dans « La job », version francophone de « The office », chaque jeudi à 21h 00. (Avant l’excellent « Minuit le soir »).

Sur le pamphlet de la pièce, deuxième page. Remerciements de l’auteure. Je lis. Je remercie Daniel Bélanger, Loco Locass,….., , quelques lignes plus bas, je cligne des yeux. Je re-cligne des yeux. Je dois rêver. Mon nom est là...Prénom Nom mon ami poète….

D’abord elle m’a remercié. Ensuite, elle m’a appelé poète, qualificatif beaucoup trop grand pour mes maigres épaules. Je suis touché, ému. J’ai des papillons dans l’âme.

J’existe.

Fannie, tu n’avais pas besoin de me remercier, ta pièce, tu l’as écrite toute seule comme une grande (comme une grande artiste), et moi je n’ai rien à faire là-dedans.

À mon tour de te remercier. Timidement.

Et que l’art ne cesse de pousser même dans les terres les plus arides !

Wednesday, January 24, 2007

Stockholm, la nuit (1)



Demain, j'irai voir, pour la deuxième fois, ma grande amie Fannie Bellefeuille sur des planches de théâtre. J'ai hâte.

Je vous reviens là-dessus.

La pièce est offerte jusqu'au 27 Janvier à la salle Fred Barry.

Croyez-moi, elle est talentueuse la Fannie...

Une page d'histoire - Tony Kukoc






Je ne sais si j’ai 12, 13 ou 14 ans. Chez nous, à Rabat, nous interceptons Sky, une chaîne de sport en allemand. Je ne comprends rien à ce qu’ils disent. Mais j’aime le sport. Je regarde du tennis. Beaucoup de tennis. Et du basket Européen. Sur RTM, la seule chaîne de télé Marocaine publique de l’époque, ils passent le samedi après-midi des matchs de NBA. Mais pas n’importe lesquels. De vieux matchs. Nous sommes en 1989, 90 ou 91, Kareem Abdul-Jabbar, recordman des points marqués en NBA encore aujourd’hui, a pris sa retraite (en 1989), mais sur la télé Marocaine, il est encore au top. Il joue aux côtés d’un jeune Magic Johnson. Ils font des finales chaque samedi après-midi. Il joue contre Larry Bird, Robert Parish et Kevin McHale. Ce basket est trippant pour moi, jeune Marocain qui voit rarement un joueur dunker live sur un terrain. À la télé, ils dunkent tous ou presque. Je suis excité. Mais, je ne sais pourquoi, j’aime le basket Européen. Ces Européens ne dunkent pas trop. Ils font beaucoup de passes. Ils sont très adroits. Leur jeu est fluide et basé sur le jeu collectif. Ça tombe bien, le basket EST un jeu collectif. Alors, je regarde SKY avec autant de plaisir, si ce n’est plus que la vieille NBA de la RTM, et ce même si ça ne parle qu’allemand. Petit à petit, j’ai une équipe préférée : Jugosplatika Split. J’aime ces joueurs froids et peu colériques, au tempérament communiste, et toujours respectueux de l’adversaire. Je les aime. Ils sont souvent grands et maigres. Ils ont souvent les cheveux noirs. Ils sont une multitude d’Ivan Lendl, joueur de tennis que j’ai idolâtré pendant toute ma jeunesse, tombeur de l’Amérique de McEnroe. J’étais déjà celui que j’allais devenir. Un peu soviétique. Un peu gauchiste. Je n’aimais déjà pas cet attrait trop exagéré, trop irrespectueux qu’avaient, qu’ont les Américains pour le show, le spectacle, les cris de joie trop bruyants, les bras levés au ciel et les Je-remercie-Dieu-ma-mère-et-ma-tante-Gwyneth-qui-m’a-sauvé-
la-vie-en-m’offrant-une-guitare-une-raquette-un-ballon-de-basket
. Je n’aimais pas ces histoires. J’aimais les sportifs. Les vrais. Et ces Yougoslaves me plaisaient. Comme m’a plu Sergei Boubka. Comme m’a plu Martina Navratilova. Un joueur de Jugoplastika attire mon attention. Il est jeune, rectiligne, aux longs bras maigres. Il est gaucher. Et j’aime les gauchers. Ils sont élégants. Ils sont gauches. Ils sont lents. Un joueur me plaît. Il s’appelle Kukoc. Il est jeune. Et il joue merveilleusement bien. La maturité de ce joueur m’a frappé dès la première minute. Il ne saute pas beaucoup. Il ne court pas comme un fou. Il ne fait pas du spectacle. Il joue. Et il joue merveilleusement bien. Pour la petite histoire, Kukoc gagna le championnat d’Europe avec Jugoplastika en 89, 90 et 91. Avant de s’envoler pour le Trévise Benetton en Italie.
Je l’ai suivi plus ou moins en Italie. Quand je pouvais.

En 1990, Kukoc et sa Yougoslavie gagnent le championnat du monde. En 1991, ils gagnent le championnat d’Europe.

En 1992, la Yougoslavie n’existe plus. Le mur de Berlin n’est plus qu’un souvenir. J’apprends que Kukoc est Croate. Ah, bon ? D’accord. Divac, un des premiers Européens à avoir « immigré » aux États-Unis, n’est plus le coéquipier de Kukoc. Petrovic, non plus. La Croatie ? Sont-ils de taille mondialement ? J’ai hâte de voir. Barcelone se pointe. Les jeux Olympiques. Les Américains, blessés par leur défaite en 1988 en championnat du monde contre l’URSS, sortent la grosse artillerie : Magic Johnson, Larry Bird, Scottie Pippen, Charles Barkley, mais surtout, surtout, Michael Jordan. Champion deux fois de suite de la NBA. Meilleur joueur, meilleur marqueur, en année régulière comme aux play-offs. Le monde est aux pieds de Jordan. Le monde veut voir la dream-team. Quand l’équipe Américaine rentre dans un terrain, quand une équipe adverse voit, entend le nom de Bird, Johnson et Jordan, les genoux se plient, les mains tremblent, les jambes sont plus courtes. Les Américains ratissent tout le monde. Ils gagnent par 32 points ou plus tous leurs matchs du tournoi. Jordan mâche du chewing-gum et se balade. Il allait jouer au golf, il vient faire les jeux Olympiques, c’est du pareil au même : il se repose.
Qui regardé-je ? Qui suis-je de mes yeux d’adolescent de 15 ans ? Kukoc. Il est magique mon Kukoc. Il est adroit. Il est élégant. Sa patte gauche est toujours aussi meurtrière. Vient un premier match contre les États-Unis. Le match est sans enjeux. Si la Croatie perd, elle passera quand même en huitièmes de finale. Chicago Bulls, équipe de Jordan, en la personne de Jerry Krause, manager de l’équipe, a drafté Kukoc en 1990. Pourtant, il n’y est pas allé. Il hésite encore. Voilà qu’il joue contre Jordan et Pippen, peut-être ses futurs coéquipiers. Peut-être. S’il décide d’y aller. Le match est une douche froide pour Kukoc. Pas beaucoup de points marqués. Quelques passes magiques, rien de plus. Seul Johnson, passeur de génie, sensible aux passes no-look, félicite Kukoc chaleureusement de sa prestation. Les autres, niet. En finale, c’est l’occasion pour la Croatie de se venger. Mais point de vengeance. Les Américains sont menés pour une première fois au tournoi et ce, après dix minutes de jeu. Ils resserrent la défense, et décident d’en finir. 103-70 au final. Kukoc, lui, s’en sort haut la main : 16 points et 9 passes décisives. Enfin, le Kukoc que je connais.

Une fois, les jeux Olympiques finis. Kukoc repart vers l’Italie. Joue une dernière saison avec Le Trévise Benetton et perd en finale de championnat d’Europe contre Limoges.




On est en 1993, je suis au bac. Kukoc part aux USA. Chicago Bulls. Aux côtés de Jordan ? Ça tombe mal, Jordan arrête de jouer. Son père est mort. Et il veut jouer au Base-Ball. En 1993, K. - ami d’adolescence, de jeunesse, de vieillesse et, pourquoi pas, d’enfance, puisque je suis un éternel enfant –, K., ami de toujours et d’à jamais, part au Canada pour continuer ses études. Il est aussi fan de Kukoc que moi. On n’est pas encore au temps de l’Internet. Pas au Maroc, en tout cas. Je lui écris. On parle de tout et de rien. On parle de Kukoc. « Puis, il est aussi bon là-bas ? Est-il toujours aussi adroit à trois-points ? Fait-il toujours des passes de folie ? » Non. Kukoc est maigre. Avec ses longs bras maigrichons, avec sa lenteur peu commune aux États-Unis, on le surnomme « the pink panther ». Il a du mal avec l’anglais. Il a du mal avec la défense. Il a du mal avec les États-Unis. J’ai mal. Montre-leur . Fais de toi un Ivan Lendl de la NBA. Kukoc est quand même considéré parmi les meilleures recrues de l’année. Phil Jackson l’engueule quelques fois. Les Bulls ne gagnent pas cette année. L’ombre de Jordan plane. Deuxième année en NBA. Amélioration nette. Prise de poids pour mieux défendre dans un championnat très physique. Pippen est la star de l’équipe. Lors d’un match, les Bulls perdent d’un point, il ne reste qu’une seule possession de balle. Temps mort. Phil Jackson décide de donner le tir à Kukoc. Pippen, blessé dans son égo, sort du terrain et refuse de jouer. Kukoc marque le tir gagnant. Le lendemain, Pippen s’excuse. Tout rentre en règle. C’est cette année que Jordan se rend compte que le baseball, ce n’est pas sa tasse de thé. Il retourne en fin de saison avec les Bulls. Il met le numéro 45. Kukoc n’est plus dans les cinq majeurs de l’équipe. Kukoc n’a jamais joué aux côtés de Jordan. Kukoc est un peu perdu. Jordan ne l’est pas moins. Il perd des balles. Il est anxieux. Il revient à son numéro 23. Qu’à cela ne tienne, les Orlando Magic de Shaquille O’neal et Anfernee Hardaway battent les Bulls. Jordan ne gagnera pas de titre cette année.
1996. Je suis en Espagne. Décalage horaire. Je vois rarement des matchs de NBA. Je lis que les Bulls jouent bien. Je lis que Kukoc joue mieux. J’appelle K. de temps en temps. Je l’appelle à des heures pas possibles. Je n’ai pas vingt ans. À moins de vingt ans, on ne comprend pas le concept de décalage horaire. « « Puis, il est aussi bon là-bas ? Est-il toujours aussi adroit à trois-points ? Fait-il toujours des passes de folie ? » Ça va mieux. Ça va beaucoup mieux. Les Bulls gagnent le titre. Kukoc est le meilleur sixième homme de la NBA. Peu pour le meilleur joueur d’Europe. Mais quand même. Un brin de respect.
Le reste se ressemble. Les Bulls gagnent trois titres de suite. Jordan est toujours le meilleur joueur de la NBA. Kukoc est la troisième option des Bulls en attaque (Après Jordan et Pippen). Il fait de bons matchs. Il est enfin respecté.

Parenthèse :
Dans une Grenade endormie, il est 4h du matin, je cherche un bar pour regarder le sixième match entre Utah Jazz et Chicago Bulls. Chicago mène 3-2. Le match est à Utah. Si Chicago perd, le dernier match se jouera à Utah, parce qu’ils ont l’avantage du terrain. Je cherche. Et je trouve. Un barman aussi Africain que moi. Ferme les rideaux et laisse entrer les « intimes », i.e. les mordus du basket. Je prends quelques bières. Je mange des pépites. Le match est serré. La foule est déchaînée. Jordan trime. Il est fatigué, ça se voit. Passent les minutes, passent les trois quarts du match, Utah mène. Il reste moins qu’une minute. Utah mène de 3 points. Je bouillonne. Je stresse. On aurait dit que j’étais actionnaire des Chicago Bulls. Mais, les passions ne se mesurent pas. Mais, les amours ne s’expliquent pas. Jordan prend la balle et marque 2 points. Utah mène d’un point. Utah attaque. Jordan défend sur Hornacek. Ils sont loin de Malone. Jordan sait que la balle va aller à Malone. Il délaisse Hornacek et se met à mi-chemin entre lui et Malone. Quand Malone reçoit la balle, Jordan lui saute dessus et prend la balle tout de suite. Du génie. Du génie pur. Il reste peut-être 30 secondes. Jordan monte la balle doucement, temporise, joue le temps (comme on dit dans le jargon). Puis, il attaque, fait une feinte, le défenseur glisse, Jordan revient et tire du haut de la raquette. Un tir gracieux, élégant. Un tir dévastateur. La balle tombe dans le panier. Les Bulls mènent d’un point. Utah n’arrive pas à marquer. Le titre revient pour la troisième fois de suite aux Bulls, pour la sixième fois en huit ans.
Il est six-heures du matin. J’ai examen dans quelques heures. Je le referai en Septembre. Je m’en vais dormir. Des papillons dans le cœur. Les Bulls ont encore gagné. Kukoc a trois titres de champions NBA. Trois bagues. Barkley en a zéro. Malone et Stockton en ont zéro. Drexler en a zéro. Ewing en a zéro. Je suis content. C’est grâce à Jordan, grâce à Pippen, grâce à Rodman, mais aussi grâce aux 16 points de moyenne de Tony.

Quand j’arrive au Canada, je peux enfin voir des matchs de NBA en direct. TSN. Sportsnet. Tout est là pour assouvir ma passion pour le basket. Mais les joueurs décident de faire la grève. Et Jordan décide d’arrêter de jouer. Pour la deuxième fois (et malheureusement, pas la dernière, mais ça, c’est une autre histoire). Je ne vais pas voir de basket en direct cette année. Y a le Hockey. Mais les joueurs se battent et la foule applaudit. Je n’y comprends que dalle. Je veux voir Tony jouer. Je ne peux pas. Maudits millionnaires grévistes !
1999. Meilleure année de Kukoc en NBA. Meilleur marqueur et passeur de son équipe. Pippen est parti à Houston. Kukoc se démène tout seul. Mais l’équipe ne va nulle part. On l’échange.



Le reste ? Il n’y eut pas de reste. Enfin, oui. Mais ce ne fut pas glorieux. Kukoc joue à Philadelphie aux côtés d’Iverson. Plouf. Kukoc joue à Atlanta. Plouf-Plouf. Kukoc joue à Milwaukee. Pas mal. Mais il est vieux. Plouf-Plouf quand même.

Quand on fit un sondage, demandant qui était le joueur Européen qui avait le plus marqué en NBA, les gens donnèrent la première place à Arvydas Sabonis, le géant Lituanien. Deuxième Kukoc. C’est dire toute ma déception. Arvydas fut un grand joeur. Pivot, capable de tirer à trois-points, de faire des passes, en plus de faire des rebonds et de marquer des paniers à deux-points. Arvydas aurait pu être plus grand que ce qu’il fut. Mais il avait des genoux finis. Mais il usait trop de la Vodka. Que Kukoc n’ait pas convaincu les fans, avec sa patte gauche, légendaire pour moi, avec sa lenteur élégante, est la preuve même qu’il ne fit pas ce qu’il aurait pu, dû, faire en NBA. Était-ce parce qu’il fut mal employé ? Était-ce parce que la NBA n’avait pas encore de respect pour les non-Américains ? Peut-être. Parce qu’aujourd’hui, Nowitzki cartonne en NBA. Parce qu’aujourd’hui, Ginobili a été champion du monde avec son Argentine, qui a battu les professionnels de la NBA. Parce qu’aujourd’hui, ça a changé.
Ça a changé.
Ça a changé.

Tony s’est retiré du monde de la NBA cet été. Aucune équipe, voisine de son chez lui, n’était intéressée par ses services. Il ne voulait pas aller trop loin. Tony avait les cheveux grisonnants maintenant. Il jouait peu. Il avait encore la touche. Mais le physique ne suivait plus. Il avait 38 ans.

Quand j’ai vu Tony prendre un coup de vieux, quand je l’ai vu courir péniblement sur un terrain, c’est mon adolescence qui s’est éteinte. Ses longues jambes maigres, ses longs bras, sa fausse lenteur, sa gaucherie amusante, c’était moi ça. C’était moi. C’était K. aussi. C’était de jeunes loups regardant Sky en allemand. C’était la jeunesse. C’était les après-midi passés à chercher un terrain de basket, un panier de basket, pour jouer, pour se défouler, pour rêver.

Tony, c’était mon rêve réaliste. Je ne pouvais pas rêver à Jordan. Je pouvais rêver à Tony. Même du haut de mon 1.80m (lui, c'était 2.08m!). Même de mon Rabat natal. Tony était le rêve accessible.

Et après toutes ces années « ensemble », maintenant qu’il part et que personne n’en parle. Maintenant que l’Amérique capitaliste l’a grignoté et digéré sans en faire un cas. Maintenant que le monde du basket a oublié ce grand Tony, dont la grandeur n’est pas due à sa taille, mais au talent, au génie, à l’adresse et surtout à la maturité sportive. Après toutes ces choses et d’autres que je ne saurai décrire. Je n’ai qu’un regret.

Un seul regret.

Je n’ai pas appris l’allemand.

Tuesday, January 23, 2007

Visca Barcelona



Il y a des jours comme ça. Je me réveille et j'ai envie d'y être.

Je me réveille et j'ai envie d'être à Barcelone...

Monday, January 22, 2007

Conversations with a taxi driver

- Vous êtes de Montréal ?
- Oui. Natif de Montréal. Et vous ?
- Moi, je suis né au Maroc.
- Ah, le Maroc. Les Marocains parlent bien français.
- …
- Vous êtes doués pour les langues.
- …
- Vous en parlez combien vous ?
- Euh, quatre.
- Le Libanais, le français, …?
- Euh, oui. L’arabe, …., ….. et l’espagnol.
- Ah, l’espagnol. Il faudrait que j’apprenne cette langue. Il parait que dans quelques années, ce sera la deuxième langue parlée au monde.
- Euh, c’est sûr qu’il y a beaucoup de pays dont la langue officielle est l’espagnol, mais je vous conseillerai de vous mettre au mandarin…
- Ah, oui, c’est vrai, je l’ai oubliée celle-là. Mais ça doit être tough.
- Mets-en. Ça ne ressemble en rien aux langues latines…
- Dites-moi, vous en pensez quoi du débat sur les accommodations-là…?
- Je pense que c’est de la niaiserie. Nous sommes tous pareils. Nous voulons tous vivre, rire, manger…il y a quelques personnes qui ont des exigences. Et on en crée tout un débat…on s’en fout-tu qu’une personne soit musulmane, juive ou chrétienne ? On s’en fout-tu ?
- Mais vous, vous êtes marié ?
- Non.
- Et si vous vous mariez, votre femme, elle va mettre le voile ?
- Non.
- Vous, vous êtes pas extrémiste…Les jeunes, c’est pas pareil…
- …
- Quand j’étais jeune, on ne pouvait parler ni de politique, ni de religion à l’école…Les politiciens suivaient le clergé…
- C’est la période de la grande noirceur ?
- Vous connaissez ça vous ?
- Duplessis ?
- Comment vous connaissez ça ?
- Bein, j’ai cherché. Je voulais comprendre certaines choses. Alors, j’ai cherché…Pour comprendre le Québec et ses « états d’âmes », il fallait comprendre son passé…
- Exactement…Alors, on pouvait pas en parler. Duplessis s’est fait élire à coup de frigidaires et de beaux pavés. Ensuite, on a sacré tout ça dehors. Tout. Maintenant, les gens veulent ramener ces niaiseries…on n’en veut pas…Moi, je rêve d’un pays au Québec…
- Ouais…
- Une fois, j’ai eu Parizeau avec moi dans cette voiture, il y a quelques années. Une belle personne.
- Certainement…
- Il avait beaucoup de charisme. Je n’ai pas voulu lui parler d’élections, du référendum…
- …
- La prochaine fois que je vais voter, ça va être pour Dumont. Parce que, t’sais, Charest, non, Boisclair, il a l’air d’être une marionnette, y a que le p’tit Dumont qui a des bonnes idées.
- Mais, la dernière fois, il s’était planté…
- Oui, mais je crois qu’on l’avait un peu niaisé. Beaucoup de gens lui ont promis des votes et ne l’ont pas fait. Cette fois, je sens qu’il est prêt…
- Ça va être juste ici, au coin…
- 9.75$...
- Si vous me rendez 9$, ça va être correct…
- En tout cas, continuez. Vous êtes sur la bonne voie. Vous pensez comme une personne de soixante ans…
- Euh, merci...Ah, tiens, y a un 25 sous ici en arrière sur la banquette.
- Ah, en plus vous êtes honnête.
- Bein, c’est 25 sous, si ça avait été 1 million de dollars, peut-être que je l’aurais moins été…
- Haha…
- Bonne soirée…
- Bonne soirée


Cristi ! Je pense comme une personne de soixante ans. Je pense comme une personne de soixante ans.

Je suis monté chez moi, j’ai pris mon sac et je suis allé au YMCA…soixante ans ?! Non, mais…

Sunday, January 21, 2007

Minuit

Je me réveille à des heures pas possibles. Et je suis enragé. Je veux dormir comme tout le monde. Me réveiller à des heures normales. Et voilà qu'une force, que je ne comprends pas, me tire du sommeil et me laisse orphelin. L'orphelin du sommeil. Ça ferait un bon titre.
Si j'avais été un génie de la littérature, j'aurais pondu, là, tout de suite, le plus beau poème des insomniaques. Je l'aurais appelé "La tentation de la cigogne". Vous auriez été tous ébahis devant mes talents de poète, de jongleur des mots, de magicien du verbe. Mais je n'en suis rien. Alors, je me réveille. Et mon réveil est vain. Comme vaines sont mes préoccupations. Comme vains sont mes rêves. Commes vaines sont mon amour et ma haine pour une vie souvent sans goût.
Si j'avais été un scénariste hors pair, je vous aurais écrit, là, tout de suite, un scénario à la "The eternal sunshine of the spotless mind" ou à la "Pulp Fiction". Vous auriez été tous ébahis par mon talent inné des dialogues, des situations cocasses et des coups de théâtre insoupçonnables. Mais je n'en suis rien. Alors, je me réveille. Et mon réveil est silence. Et mon silence n'est pas d'or. Et mon silence n'est pas d'or.

Si j'avais été le moindrement courageux, j'aurais travaillé sur ma maîtrise. Mais je ne suis pas courageux. Je me tue à le prouver d'ailleurs. Je suis lâche. D'une lâcheté vivante, acceptable. D'une lâcheté normale. D'une lâcheté de notre siècle.

Tous les jours vivre. Tous les jours survivre. Tous les jours avancer. Comme avance la fourmi dans un champ de blé. Mais le blé est pléthore. Et la fourmi est sans soeurs. Alors, elle se perd. Alors, elle se perd.

Saturday, January 20, 2007

Lu aujourd'hui




Il existe des femmes capables d'électriser la rumeur publique; ce sont des buses, il est vrai, et même des chouettes, dans leur fausse solitude de minuit; Nedjma n'est que le pépin du verger, l'avant-goût du déboire, un parfum de cirton...

Nedjma. Yacine Kateb. Page 78. Éditions Points.

Friday, January 19, 2007

Avez-vous des billets pour moi ?

Vous vous rappelez d'Incendies de Wajdi Mouawad ? Vous vous rappelez que j'avais trippé ? Voilà qu'il nous ramène Forêts, troisième volet de sa quadrilogie (Incendies en est le deuxième ). Jusqu'ici, tout va bien. Mais...

IL N'Y A PLUS DE BILLETS.

Vont-ils faire des supplémentaires ? Non. Parce qu'ils vont directement à Québec.

Alors, je vous le demande, sait-on jamais.

AVEZ-VOUS DES BILLETS À ME VENDRE ?

Merci d'avance.

Et sinon, bein...je survivrai quand même...Avec beaucoup de peine par contre !

Wednesday, January 17, 2007

El dueño del cielo fuma



El dueño del cielo fuma la pipa
Et l'arbre aux cheveux hérissés le guette
Par l'eau salée
Vibrent leurs dialogues
Dialogues de paix
Dialogues parfaits
Dieu soleil veut s'incruster
Pero el dueño del cielo fuma la pipa
Y cuando se fuma la pipa
Se sale humo
Se sale humo

L'île des Dieux
La terre élue des Dieux
M'abrite
Et dans ses grands bras
Et dans son univers bien gardé
Et dans son univers si public, si secret
Tout sentiment de détresse
Tout sentiment de tristesse
S'effrite
S'envole
S'évapore

Je suis Indonésien
Je suis Balinais
Je suis l'âme de l'Asie
Et dans les bras de sa reine
Je suis assis

Le Dieu Soleil s'éclipse
Et sa couleur nous sied si bien
Je n'avais jamais vu l'Éden
Sauf ici
Sauf à Bali
L'espace de quelques minutes
L'espace de quelques bonheurs
L'espace de quelques larmes

*Photo : Bali 2005.

Québec, sondages et Einstein

- Alors, comme ça, on est racistes ?
- D’après les sondages, oui…
- Y crois-tu, toi ?
- Aux sondages ?
- Non, qu’on soit racistes ?
- Un peu, oui.
- Comment ça, un peu ?
- Bein, jusqu’à une certaine mesure.
- Explique-toi…
- Disons que le Québec est aussi raciste que d’autres sociétés occidentales.
- Alors, à ton avis, pourquoi ça a créé ce tollé.
- Parce qu’on ne s’y attend pas.
- Par « on » qui insinues-tu ?
- Nous, les Québécois.
- ….
- Bon, d’accord, les Québécois dits de souche.
- Et pourquoi ?
- Parce qu’on nous dit toujours que le Québec est une société ouverte et accueillante. Du coup, apprendre qu’on est racistes est, du moins, surprenant. Toi, n’es-tu pas surpris ?
- Oui.
- La question s’impose : pourquoi ?
- Parce qu’on est une société tolérante qui accepte à peu près tout le monde…
- Vois-tu, mon cher ami, ce mot « tolérance » m’embête.
- Pourtant, c’est le mot…
- Il insinue une certaine condescendance. Moi, je ne veux pas que tu me tolères, je veux que tu m’acceptes. Parce que, moi, je ne te tolère pas. Je te considère comme tout le monde…
- Bizarre. Je n’avais jamais vu ça comme ça.
- Regarde le dictionnaire : Tolérance, fait de tolérer quelque chose, d'admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce que l'on aurait le pouvoir d'interdire, le droit d'empêcher.
- Tu prends ce que tu veux. Regarde plus loin : Tolérance, État d'esprit de quelqu'un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d'agir différentes des siennes.
- Tu as raison. Toujours est-il que le mot est un peu « mal choisi ».
- C’est toi qui le dis.
- C’est moi qui le « ressens ».
- …
- Revenons à ce qu’on disait…
- Oui. Je disais que nous étions une société ouverte qui accepte pas mal de choses de la part des arrivants. Des étudiants qui prient à l’université. Des policiers qui portent le kirpan. Des femmes qui ne veulent pas se faire soigner par des médecins hommes. Des voilées dans des places publiques, etc.
- Tu as tout à fait raison. Mais ça ne fait pas de toi une personne plus ouverte. La preuve, ces choses-là ne te plaisent pas. Tu les tolères. Alors que tu devrais les accepter ou les refuser.
- Ah, parce que je peux les refuser ?
- Et pourquoi ne le pourrais-tu pas ?
- La charte des droits et libertés…
- Il y a droits et exagérations..
- C’est toi qui dis ça ?
- Bien sûr. Personnellement, des femmes qui ne veulent se faire soigner que par une femme, je trouve ça inadmissible.
- Et comment t’y prendrais-tu pour les convaincre du contraire ?
- Je leur dirai que c’est tout ce que je peux leur offrir. Sinon, elles sont libres de ne pas se faire soigner.
- Et les policiers qui portent le kirpan ?
- Ça, je ne vois pas en quoi ça te dérange.
- Tu sais, un kirpan, ça n’existait pas avant. La police montée ça existe depuis des décennies.
- Ok. Et aux amérindiens, vous leur avez demandé leur avis quand vous vouliez instaurer une police, une langue, une religion qu’ils ne connaissaient pas ?
- Bon. Là, tu reviens trop en arrière…
- Parce que ça ne t’arrange pas. Mais disons…D’accord. Le kirpan n’existait pas avant. Maintenant, il existe. Et c’est de ta faute.
- Comment de ma faute ?
- Tu as combien d’enfants ?
- Je ne vois pas le rapport.
- Tu as combien d’enfants ?
- Je n’en ai pas.
- Taux de natalité bas. Immigration obligatoire…
- N’importe quoi…
- Et pourtant, c’est la vérité. Si vous ne vouliez pas de choc culturel, vous n’aviez qu’à faire des enfants. Comme geste, disons, patriotique. De la même manière, si vous voulez que le français persiste au Québec, il faut non seulement des lois, des immigrants francophones, mais des enfants. Des enfants « en masse ».
- Tes liens sont un peu farfelus…
- Pas du tout. C’est la stricte vérité. Je trouve que nous sommes un peu égoïstes dans notre société. Nous avons des désirs. Mais nous ne faisons rien pour les accomplir.
- J’aime bien le « nous ».
- Nous. Absolument. Moi, toi, tout le monde inclus. Nous savons pertinemment que nous devons faire certains sacrifices en tant que société, mais nous achetons nos voitures, nos condos, nous faisons des voyages et nous oublions que tout ça ne se fera pas tout seul.
- Tout ça ?
- Le système de santé, par exemple. Penses-tu qu’avec nos peu nombreux payeurs de taxes et d’impôts, nous pouvons le garder fonctionnel et gratuit pour encore longtemps.
- Pourquoi pas ?
- Parce qu’avec la somme qu’on ramasse chaque année via les impôts, on n’arrive pas à combler tous les secteurs publics de notre société.
- À Ottawa, ils font des surplus.
- Alors, Ottawa devrait nous en donner un peu.
- Ça s’appelle la péréquation…
- Je m’en fous du nom…
- Il nous faudrait un Québec souverain. Notre argent resterait ici.
- Es-tu sûr que le Québec ferait des surplus ?
- Pas mal, oui. Nous avons beaucoup de ressources naturelles.
- On s’éloigne du sujet…
- Oui, le racisme…
- En fait, on ne s’éloigne pas tellement du sujet…
- ?
- Combien de souverainistes en veulent encore aux immigrants pour le dernier référendum ?
- Peu. Beaucoup de Québécois ont voté contre la souveraineté de toutes les manières…
- Vrai. Mais peu de gens s’en rappellent…
- Donc, pour résumer le tout, tu penses que nous sommes racistes ?
- Je pense que oui. Je pense qu’il y a un gouffre entre ce que le gouvernement veut faire de la société et ce que les gens veulent et sont capables d’accepter.
- Et la solution, à ton avis ?
- Investir dans l’éducation des gens. Expliquer à la population que nous ne sommes pas un pays accueillant de nature, mais qu’on ne fait pas assez de bébés, alors, nous sommes obligés d’accueillir des gens d’autres cultures.
- En quoi cette explication améliorerait-elle les choses ?
- Les gens cesseront de croire qu’un immigrant est une personne qu’on a sauvée d’un quelconque problème dans son pays d’origine. Un immigrant sauve, aussi, la société.
- Ah bon ? Y en a beaucoup qui viennent ici et qui ne foutent rien.
- Y a beaucoup de Québécois dits de souche qui ne foutent rien non plus. Et il y a plein d’immigrants qui travaillent fort.
- Je ne comprends pas. Il faudrait que nous, des gens qui sommes là depuis des siècles, accueillons des immigrants avec des valeurs différentes et que nous les laissions faire ce qu’ils veulent. Sinon, nous devenons des racistes.
- Absolument pas. Il s’agit d’être ferme quand il le faut. Et d’ensuite, les accepter, non pas les tolérer.
- Une femme en burqa, on fait quoi avec ça ?
- Si son habit te dérange, tu dis que les valeurs de ta société ne permettent pas d’accepter qu’une femme mette la burqa.
- Et le voile ?
- Mais pourquoi le voile te dérange autant ?
- Pour moi, c’est pareil.
- Avec la burqa, tu ne vois rien de la femme. Avec le voile, tu ne vois pas seulement ses cheveux.
- Merci pour la leçon. Comme si je ne faisais pas la différence ! Pour moi, c’est la même chose, parce que c’est un signe d’oppression de la femme.
- Et quand ce sont elles qui choisissent ?
- Une femme de bon sens n’accepte pas ça.
- Ta définition de bon sens n’est pas universelle mon cher.
- Il n’y a qu’un seul bon sens.
- Eh non. Voilà. C’est l’éternel problème avec les occidentaux. Ils ont fait un effort énorme pour arriver à acquérir une certaine logique, une certaine rationalité. Maintenant, ils croient que c’est la seule possible…
- Les occidentaux. Les occidentaux. Calvaire. Je suis tanné de t’entendre dire ça…
- Pourtant, c’est vrai…En tout cas. Pour répondre à ta question, moi le voile ne me dérange pas. La burqa oui.
- Peux-tu m’expliquer ?
- La burqa cache la femme. Totalement. Ses yeux, son visage. Elle devient « impersonnelle ». Le voile n’est qu’un foulard, comme en mettent beaucoup de personnes dans notre société, quand ça leur chante, quand elles sont mal coiffées ou quand elles ont froid…
- Un peu tiré par les cheveux, mais je vois ce que tu veux dire…Et les étudiants qui veulent prier à l’université ?
- Je leur dirai que ce n’est pas la place pour prier. L’université, c’est pour l’apprentissage, l’éducation scientifique et littéraire, et non pas la religieuse.
- Chez eux, l’université offre aussi l’éducation religieuse.
- Que veux-tu dire par « chez eux » ?
- Dans leurs pays d’origine.
- Attention, il y a des convertis…qui sont ici « chez eux », depuis peut-être plus longtemps que toi.
- Bon, tu joues avec les mots…
- Je les clarifie…
- Bon. En somme, nous sommes racistes…
- Je dirai que le Québécois moyen est plus raciste que ce qu’il pense, ou que ce que les gouvernements Québécois et Canadien veulent bien le laisser croire. Par contre, certaines personnes sont assez brillantes et informées pour ne jamais tomber dans les clichés. Ce n'est pas un racisme vicieux. C'est un racisme basé sur l'ignorance et la mauvaise information. D'autres places dans le monde, d'autres sociétés sont pires…c’est relatif.
- Foutu Einstein et sa relativité…
- Grand Einstein et sa relativité…Grand Einstein…

Tuesday, January 16, 2007

Délires d'un fiévreux

Je suis au septième étage d’une école. Je saute par la fenêtre. Une fleur jaune et impudique me reçoit. Je fais une sieste sur ses feuilles, parmi quelques abeilles affamées. Je me réveille aveuglé par le soleil. J’ai soif. Il pleut quelques minutes, le temps que je m’abreuve des larmes du ciel. Je remercie la fleur pour son hospitalité et je la quitte. La rue est vide. Une musique douce et sans prétention joue au loin. Il fait frais. Une fraîcheur plaisante. Une fraîcheur printanière. Je cours pendant quelques minutes. Je suis dans une forêt maintenant. Les oiseaux se taisent. Les arbres se tiennent droits. Un lapin saute d’arbre en arbre. Un âne me regarde du coin de l’œil sans bouger. Je marche sur un chemin tracé. Un enfant passe furtivement. Un ours est couché par terre paisiblement. Je marche toujours. Je ne sais vers où je vais. Je me sens léger. Plus j’avance, mieux je me sens. J’arrive au bout du chemin. Une vieille femme m’accueillit. Son sourire est apaisant. Je la connais. Mais je ne sais d’où, je ne sais qui c’est. Tout ce que je sais c’est que je la connais, c’est que je l’ai toujours connue. Avec un simple geste de la main, elle me demande de m’approcher et me dirige vers un siège à ses cotés. En m’assoyant, je l’entends me dire : tu as tardé. Quand je prends place, je sens que c’est ce siège que j’ai toujours cherché, je sens que je suis enfin chez moi.

Je me réveille.

Il neige dehors. Il fait froid dehors.

Il fait chaud sur mon front. Il fait chaud et je tremble.

Monday, January 15, 2007

Ce Maroc qui tarde à être

Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné lundi à trois ans de prison avec sursis, assortis d'une amende de 80 mille dh solidairement, le directeur de publication, Driss Ksikes, et la journaliste Sanaa Al-Aji, dans l'affaire de l'hebdomadaire +Nichane+ pour publication d'un article jugé "attentatoire à la religion musulmane".

Le même tribunal a interdit durant deux mois la parution du magazine arabophone Nichane, qui avait publié le 9 décembre 2006 un dossier, intitulé "Comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique".

Les plaisanteries mettaient en scène le prophète Mohammed, le roi Hassan II, les islamistes ou des Marocains à la recherche d'une sexualité performante.

Auparavant, le procureur dans son réquisitoire devant le tribunal de première instance de Casablanca, le 8 janvier 2007, avait réclamé 3 à 5 ans de prison contre l'auteur de l'article et le directeur de la publication ainsi que l'interdiction d'exercer et une amende pouvant aller de 10.000 à 100.000 dirhams.

Nichane, hebdomadaire arabophone, est apparu en septembre 2006 et affirme vendre 14.000 exemplaires par semaine.

(http://www.menara.ma/Infos/includes/
detail.asp?article_id=7226&lmodule=Maroc)


Le Maroc n’a pas d’humour. Du moins, c’est ce que la condamnation de ces deux journalistes Marocains laisse à croire. On a le droit de croire que les blagues publiées sont de mauvais goût. On a le droit de ne pas apprécier le geste des journalistes. Mais, alors, on n’achète pas la revue. Mais, alors, on écrit une critique valide et argumentée du travail des dits journalistes. Mais, alors, on les défie intellectuellement. Citer Dieu à tout bout de champ, parler de blasphèmes, mettre leur professionnalisme en doute, relève du ridicule. Les condamner à trois ans de prison, avec amende et interdiction de publication pendant deux mois est une infâme exagération. Et c’est un euphémisme. Ça n’a pas de sens. Ça ne reflète pas l’interminable promesse d’un pays libre, aux citoyens libres. Ça confirme le retour fortement senti d’une bigoterie puante. Nous ne sommes pas ceux que nous voulons être. Nous ne faisons rien pour devenir ceux que nous avons promis de devenir. Nous faisons tout le contraire. Le Maroc, un pays libre. Moi, je veux bien. Moi, j’en rêve. Mais faire de la prison (d’accord, c’est un sursis, mais, au moindre faux pas, le sursis ne le sera plus…) pour une farce qu’on aurait osé publier, est une injustice profonde, un déni de droit de parole, de droit de liberté, de droit d’exister et d’avoir une opinion. C’est un déni de tous les droits. Vers où va ce pays ? Sommes-nous vraiment un pays en voie de développement, ou un pays en voie de régression, de dépérissement ?

Je n’ai aucune opinion sur le travail journalistique de Mr Driss Ksikes et Mme Sanaa Al-Aji. Je ne prétends pas que ce soient de grands journalistes. Je ne sais pas non plus s’ils sont de piètres journalistes (Auquel cas, ils auraient droit à la médiocrité…). Je dis qu’ils ont une tribune et qu’ils s’en servent. Je dis qu’ils ont eu le culot de transgresser des tabous un peu « vieillots » de la société Marocaine. Cette même société, en tant que masse humaine, en tant que citoyens pensants et décideurs de leur propre lendemain, a le pouvoir de porter ces journalistes aux nues ou de les jeter aux oubliettes. Comment ? En achetant leur revue. Ou pas. En critiquant professionnellement, arguments à l’appui, leur travail. Leur imposer une morale religieuse, les juger comme de pauvres sorciers moyenâgeux, n’est pas la réponse d’un pays civilisé, ouvert et respectueux des droits de ses citoyens.

Un jour, le Maroc sera. Enfin, je l’espère…

Friday, January 12, 2007

Volver

Je ne ferai pas de synopsis. Parce qu’avec Almodóvar, ça devient un exercice périlleux. Je me contenterai de dire qu’il est question de femmes de générations différentes, de blessures du passé, d’histoires incestueuses et d’avenirs incertains.
Si j’avais écrit ce scénario moi-même et l’avais présenté à des producteurs, on me l’aurait rendu par la poste en me faisant payer les timbres. Mais je ne suis pas Almodóvar. Mais je ne suis pas un génie. Avec sa mise en scène brillante, avec sa direction d’acteurs « chaleureuse », Pedro tire son épingle – encore une fois ! – d’une histoire apparemment rocambolesque. Et bonjour l’émotion, bonjour la sensualité, bonjour les situations drôles, bonjour le pardon. Toutefois, Volver n’est pas le meilleur Almodóvar. Todo sobre mi madre, Hable con ella et la mala educacion, pour ne citer que ses trois précédents sont tous supérieurs à Volver en intensité dramatique. L’année 2006 n’étant pas une cuvée exceptionnelle, à mon humble avis, Volver devrait quand même figurer dans les 10 meilleurs films de l’année.

Wednesday, January 10, 2007

Congorama



Scénario ingénieux. Bon jeu d'acteurs. Histoire bien ficelée.

Si vous aimez les petits films répertoire, tranquilles et qui interpellent le spectateur, courez-le voir ! Si vous aimez Olivier Gourmet (comme moi), courez-le voir ! Si vous n'aimez pas Paul Ahmarani (comme moi), allez le voir quand même, il est bon dans ce film.

Il est à 3.99$ au Parisien. Oui, oui, 3.99$.

C'est le cas de le dire : vous en aurez pour chacun de vos dollars.

Bon spectacle.

Monday, January 08, 2007

Accommodements, Saddam et autres choses qui me turlupinent

- Que penses-tu des accommodements raisonnables ?
- Je pense qu’ils sont loin de l’être.
- Que faut-il faire à ton avis ?
- Je pense que ceux qui n’aiment pas certains symboles de la société Canadienne devraient rentrer chez eux.
- Mais, chez eux parfois, c’est ici.
- Fais attention à la ponctuation quand tu parles.
- Ok. Je la refais. Mais chez eux, parfois, c’est ici.
- Bon, c’est mieux.
- Alors, qu’as-tu à répondre à ça ?
- J’ai dit qu’ils rentrent chez eux. C’est exactement ça.
- … ? Explique…
- Bein, le juif hassidique qui vient d’une famille qui est au Québec depuis deux, trois siècles, et qui n’aime pas voir des femmes en short s’entraîner et suer d’effort, devrait rentrer chez lui, dans son appartement, son condo, sa villa, s’enfermer et prier Adonaï pour qu’il lui pardonne cette vue furtive d’une chair qui ne lui appartient pas, ce redressement musculaire dont il n’a jamais voulu, ce péché horrible qu’il aurait commis. Le musulman qui aurait vu un sapin de Noël par un beau mois de décembre et qui se serait senti choqué pour une raison que j’ignore, devrait aussi rentrer chez lui, dans son appart, sa villa, son condo et s’enfermer à double-tour pendant deux mois, ainsi il ne sera point choqué.
- Tu es radical.
- Je suis réaliste. Ici, on met des sapins et les femmes font de l’exercice en short et les médecins peuvent être femmes ou hommes. Quand on va à Rome, on fait comme les Romains.
- Et que dirais-tu aux femmes occidentales qui se baignent les seins à l’air dans des plages au Maroc, en Tunisie…?
- Elles devraient rentrer chez elles aussi. Dans leur hôtel. Et se dénuder complètement si ça leur chante.
- Mais si elles veulent se dénuder les seins pour bronzer ?
- Il y aura toujours Biarritz…mais ça coûte plus cher.
- Bon. Changeons de sujet. Cette mort de Saddam ?
- J’ai eu envie de vomir.
- Comment ? Tu aimes Saddam ?
- Tu veux dire « tu aimais Saddam ».
- L’amour est éternel.
- Sacré bouffon. Non, je n’aime pas Saddam. Il a tué des milliers de gens, des kurdes, des chiites. Il a tué femmes, enfants, hommes, innocents et moins innocents. Mais, comme dirait Brel « Il y a la manière »…
- Mais dis-moi, O., tu n’es pas Chiite à ce que je sache. Encore moins Kurde.
- Et ?
- Bein, ça ne devrait te faire ni chaud, ni froid que des Chiites et des Kurdes meurent…
- Tu vois. Là, j’ai encore envie de vomir. D’abord, je ne suis ni sunnite, ni chiite, ni Kurde. Je ne suis rien. Je suis tout. Je suis. Je m’en fous de ces divisions que l’occident se plaît à cultiver. C’est de la merde, tout ça. Quand un Bolivien meurt, j’ai mal. Quand un Chinois meurt, j’ai mal. Quand un Tchétchène meurt, j’ai mal.
- Parce qu’il est musulman…
- Mais tu ne veux donc rien comprendre ? Quand j’étais au Maroc, je ne savais même pas que j’étais sunnite d’office. Je m’en foutais. J’étais musulman, c’est tout.
- Tu étais ?
- Non. L’amour est éternel.
- Joli renvoi. Mais tu bois de l’alcool, mais tu as vécu avec une femme quatre ans sans être son époux. Je ne te comprends pas.
- Et personne ne t’a demandé de comprendre. Vois-tu, je fais dans l’accommodement raisonnable. Je m’accommode.
- Narcissique.
- Seulement intelligent. Dans le sens « je me sers de ma cervelle ». Pas dans le sens « J’ai prouvé que la terre est ronde ».
- Revenons à Saddam. Il aurait fallu faire quoi ?
- Il ne fallait surtout pas le tuer le jour de l’Aïd.
- Pourquoi ?
- A-t-on tué Pinochet le jour de Noël ? On ne l’a même pas tué d’ailleurs. Il est mort, impuni.
- Pourquoi devait-on le punir ?
- Parce que mon cher monsieur, un peuple avait élu un président et un jour, un 11 septembre, Pinochet débarque fort du soutien Américain, fait un putsch, et tue le président élu : Allende. Un homme de gauche qui prônait l’égalité, le partage...
- Il prônait le communisme.
- Et alors ? Tout le monde sait ce que Pinochet a fait ensuite. Tuer. Tuer. Tuer. Il ne s’est jamais repenti d’ailleurs. Le communisme n’est pas une maladie contagieuse, ce n’est pas la lèpre. C’est une idéologie.
- Qui a échoué.
- C’était aux Chiliens de décider. Pas à Pinochet. Pas aux Américains.
- Tu reviens toujours aux Américains.
- Ils n’ont qu’à rester chez eux. Personne ne les détestera. Ils n’ont qu’à laisser les peuples disposer d’eux-mêmes. Au lieu de jouer au grand frère belliqueux. Ils me donnent envie de vomir.
- Coudonc. Tu n’arrêtes pas de parler de vomis. Tu me dégoûtes.
- C’est le but. Que tu sois aussi écœuré que je le suis, que je l’ai été quand j’ai entendu parler de l’exécution de Saddam.
- Pourtant, tu as fêté le jour de l’an. Pourtant, tu n’as lâché aucune larme.
- Ah parce que je DOIS pleurer ? Tu as vu trop de films Américains mon cher. Et pas les meilleurs.
- Tu aurais fait quoi de Saddam.
- Je l’aurais jugé. Comme n’importe qui d’autre. Avec droit d’appel. Droit aux avocats compétents. Et pas de peine de mort.
- Tu l’aurais laissé vivant...
- Oui. Vivant. Entre quatre murs. Le restant de sa vie. Qu’il réfléchisse à ce qu’il a fait. Mais j’aurais aussi jugé Bush, Blair, Berlusconi…
- Tu ne trouves pas que tu y vas fort, là ?
- Pas du tout. Ce sont des gens qui ont menti à leur peuple, leur propre sang, leurs propres concitoyens, des gens qui les ont élus, qui les ont crus. Ils ne méritent pas d’être jugés ? Et en plus, avec tous ces morts en Irak…
- Ce sont des Irakiens qui s’explosent…
- Et pourquoi ils ne s’explosaient pas, il y a 10, 20 ans ? Hein..?
- Il y avait Saddam..
- C’est ça. Il y avait Saddam. Il y avait un dirigeant. Un tyran. Mais un dirigeant. Maintenant, ils ont une marionnette.
- Tu vois, tu es du côté de Saddam.
- Mais non. Vieux fou…Je te dis que ce n’est pas mieux maintenant. Ils mettent les chiites contre les sunnites. Et les sunnites sont peu nombreux…Enfin..
- Et l’arme nucléaire, qu’est-ce que tu en penses ?
- Je pense que personne ne devrait en avoir. Je pense qu’Israël l’a fabriqué en cachette aussi. Je pense que la Corée du Nord l’a et personne n’a levé le p'tit doigt. Alors, pourquoi pas l’Iran ?
- Mais cet Ahmadinejad est fou…
- Tu penses qu’Olmert ne l’est pas ? Tu penses que Sharon ne l’était pas ? Tu penses que Bush ne l'est pas ?…ils sont tous fous. Mais on tolère certains fous et d’autres on villipende.
- Villepin ?
- Arrête de faire le con…

Ordure. Ordure.

- Deux personnes m'ont parlé dernièrement du "Parfum" de Patrick Süskind. Le film adapté du livre est sorti. Je DOIS m'acheter ce roman.

- Mon ami Jacques m'a parlé l'autre fois d'une façon passionnée et admirative de "La petite fille qui aimait trop les alumettes " de Gaétan Soucy. Je DOIS m'acheter ce roman.

En fait, j'en suis de plus en plus sûr, j'en suis de plus en plus convaincu : Le Père Noël est vraiment une ordure !!

Ce soir



J'ai hâte...

Dix secrets. Enfin, plus maintenant...

J'ai été tagué par Genevieve, et comme je suis bon joueur, je me livre. Voici donc dix "petits" secrets (Gen, j'ai triché :)) que seuls mes amis connaissent :

- J'ai failli mourir à la naissance. Ma mère, enceinte de moi, a fait de la luge. Est tombée. Complications. Cordon ombilical autour du corps. Échographie. Tête trop grande. Mère qui pleure. Père qui pleure. "Nous allons avoir un monstre". Bref, une tragédie.

- J'adore Bruce Lee. J'ai quelques DVD de Bruce Lee. Je me les remate de temps en temps. Le manichéisme. Le silence. Le regard. L'agilité. L'intégrité. La force. Le calme. Tout ce que j'aurais voulu être et que je ne suis pas. Bruce, je t'aime.

- Mon sport préféré est le basket. J'ai joué jeune dans un club. Je joue encore de temps en temps. Malgré le poids, malgré le genou, malgré les jeunes qui sautent plus haut que moi.

- Quand je me passionne pour quelque chose, c'est fichu. Rien ne peut plus m'arrêter. Ça peut être une série télé, un vin rouge, une marque de jeans. Mais ça passe. Je suis un passionné éphémère. Ceci dit, mes grandes passions dureront toujours : Cinéma, livres, discussions enflammées autour d'une bonne bouffe et d'un alcool intéréssant, amitiés fortes et éternelles.

- Je suis un grand sensible. Je pleure à chaque fois que je vois "legends of fall" (que j'ai vu 15 fois au moins, alors que ce n'est pas du tout un bon film cinématographiquement parlant). Je pleure à chaque fois que je vois "les invasions barbares". Je peux pleurer devant un mièvre film de série B qui passe un samedi après-midi à la télé. Je suis un grand sensible. Et paradoxalement, je peux être très dur. Je ne sais moi-même pas quand on est-ce que ça va me prendre...

- Les prêcheurs m'emmerdent. Les gens qui sortent des phrases du genre : la vie est comme une boite de chocolat (Hein, Forrest ?) m'emmerdent. Je n'aime pas la démagogie. Je n'aime pas les gens qui font semblant. Je n'aime pas le "fake".

- Pour une raison personnelle, j'ai arrêté de lire des livres pendant quelques années. C'était une protestation. J'ai perdu du temps. Je ne regrette rien.

- Je suis un grand fêtard. Je peux faire la foire jusqu'aux petites heures du matin. Et ce, pendant plusieurs jours d'affilée. Je ne sais où je trouve l'énergie...

- Je suis un être paradoxal. Exemple : Je suis superficiel. J'aime m'habiller. J'aime sentir bon. J'aime les filles coquettes. J'ai horreur des poils. J'ai horreur des mauvaises odeurs. J'ai horreur du manque de féminité. Mais....Des fois, je ne me rase pas pendant des semaines. Des fois, je sors à l'épicerie du coin le t-shirt à l'envers. Et...Je n'aime pas parler des fringues. Je n'aime pas parler des choses superficielles. Je n'aime pas en faire un sujet de conversation. Je suis en perpetuelle quête d'une superficialité profonde, d'une profondeur superficielle, d'un équilibre inexistant...

- J'ai beaucoup d'idoles. Che Guevara. Michael Jordan. Diego Armando Maradona. Zidane. Ivan Lendl. Jacques Brel. Romain Gary. Amazigh Kateb. Bob Marley. Bruce Lee. Marlon Brando. Tony Kukoc...
Chacun est indétronable dans son domaine. N'essayez pas de me convaincre qu'il y a mieux, plus, meilleur...vous ne me convaincrez pas. J'ai un parti pris. Par contre, vous pouvez dire que Brel était un père absent, que Che n'a jamais rien accompli à part la révolution Cubaine, que Maradona n'aurait pas dû se droguer, qu'Ivan Lendl n'a jamais gagné Wimbledon, que Brando a eu une fin de carrière de merde...Ça ne me dérange pas. Je sais faire la part des choses. Je sais en quoi ces gens ont été des génies et en quoi ils ont échoué. Personne n'est parfait...

Voilà. Et puisque je dois "taguer" d'autres personnes, je passe le témoin à : Jacques, Nina, Éliane, Blanche, Rédactrice, Tangerine, Najlae et Amine.

Thursday, January 04, 2007

Saga - Tonino Benacquista



Je viens de le finir hier.

Pas mal. Pas mal. Du style pas mal bon. Pas pas mal mauvais.

Premier livre que je lis de Tonino Benacquista. Il vient d'où lui ? Eh bien, il a adapté, conjointement avec Jacques Audiard, le scénario de "De Battre mon coeur s'est arrêté" (Qui est un remake d'un film Américain du nom de "Fingers" - beaucoup moins subtil et poétique comme titre ! - avec Harvey Keitel). Et j'ai beaucoup aimé ce film.

L'histoire : 4 scénaristes aux univers différents, au passé différent, 4 loosers ou wannabe scénaristes, c'est selon, se voient offrir une sale besogne : pondre un feuilleton télé qui passera à des heures très tardives de la nuit, pour pallier au manque d'émissions francophones diffusées à la télé (question de quotas). Monsieur Séguret, directeur de cette chaîne de télévision, personnage ignoble et surtout ignare, leur demande de faire "n'importe quoi" à un salaire minable. Ils vont s'amuser. Et Saga - nom du feuilleton - deviendra une émission culte. Ensuite ? Il faut lire...

J'ai aimé ce récit teinté d'absurde et de lucidité. J'ai aimé les quatre personnages principaux dans leurs délires scénaristiques. J'ai tout aimé. Il manquait un tout petit quelque chose. Une petite teinte humoristique dans l'écriture pour accompagner la drôlerie du sujet. Car le sujet, les personnages, les situations sont assez drôles. Surtout dans l'après-Saga. J'ai aussi apprécié les scènes de Saga décrites dans le roman. Du pur délire.

Enfin...

Je relirai un Benacquista avec plaisir.

Wednesday, January 03, 2007

La phrase du jour

" Quand on se fait vieux, on se réveille chaque matin avec l'impression que le chauffage ne marche pas. " Romain Gary.

Ce matin, je me suis réveillé avec l'impression que le chauffage ne marchait pas. Au bout de combien de matins devrais-je conclure que je me fais vieux ?

2007, ça commence bien !