Thursday, December 10, 2009

Je vous survivrai

Quand j'ai ouvert les yeux, je l'ai su tout de suite. It was one of these days. Dans mon sang, depuis tellement de temps, depuis si longtemps, courait un virus que je traîne souvent dans mes veines, et qui, des fois, sans crier gare, atteint son paroxysme : je l'avoue, je suis nostalgico-positif.

J'ai eu envie de voir ma mère passer en coup de vent, cherchant le séchoir à cheveux, qui, en passant, était toujours, toujours, sur la même étagère. J'ai eu envie de voir mon père fumer sa première cigarette de la journée, dans la cuisine, devant son "Al Ittihad Al Ichtiraki", sans se préoccuper - années 80 obligent - de la fumée secondaire. Je ne le savais pas : j'ai longtemps fait partie de ces fumeurs (secondaires) qui grillent leur première cigarette avant même de prendre leur p'tit-déj. Et ce, avant même d'avoir 18 ans. Bad. I was bad. So bad !

J'ai eu envie de sentir l'odeur du lait qui chauffait, comme chaque matin, dans une petite casserole grise, qui, soldat fidèle et téméraire, résistait au temps et aux années, sans faiblir. Ma mère me le disait souvent à la blague : cette casserole est plus vieille que toi. Tu lui dois le respect. Et je la respectais. Surtout que sinon, niet de chocolat chaud quotidien.

J'ai eu envie d'entendre le bruit agressant, de la petite radio noire qui trônait sur une armoire. Ses chiffres rouges qui indiquaient l'heure, me donnaient la chair de poule : Le rouge n'était pas anodin. Ça rimait avec urgence. L'urgence de se bouger les fesses. Car sinon, le collège allait fermer ses portes. Et bonjour l'heure d'absence. Bonjour le billet d'absence. Bonjour le proviseur. Les questions. L'absence de réponses. Non. Il ne fallait pas être en retard. La radio aboyait des nouvelles, jamais nouvelles. Et on écoutait à peine. Et de temps en temps elle nous disait l'heure. Je pense même que les proviseurs de collèges soudoyaient les directeurs de programmation pour nous rafraîchir la mémoire aux dix minutes. Je l'entends encore aujourd'hui "3inda l ichara takounou SSa3a...". J'en ai la chair de poule(s).

Il y avait souvent les mêmes chansons qui revenaient jour après jour. Les hits du moment. Une en particulier me revient à l'esprit souvent. Une chanson kitsch, certes. Mais marquante. Je me souviens même qu'un matin, on en avait "discuté", mon père, ma mère et moi. Que veut-il dire par "je te survivrai" ? L'un disait que c'était une sorte de "dans ma mémoire, tu survivras, quoi qu'il arrive". L'autre disait que ça parlait plutôt de rupture et qu'"il survivrait à leur rupture" finalement. (Je ne me rappelle plus vers quel camp je penchais. Je devais être en train de me brosser les dents...)Des questions d'une haute importance vous en conviendrez. Le monde entier retenait son souffle : que voulait dire Jean-Pierre François par son "je te survivrai" ?

Depuis, je les survis. Je les survis tous les jours !

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