Mémoires d'un souverainiste en devenir
Depuis que je suis arrivé au Québec, j'ai dû frustrer nombre de Québécois souverainistes par mon refus de leur idéologie. J'ai passé de longues soirées à refuser seul contre 10, 15 souverainistes, cette idée de séparation qu'ils souhaitent pour cette belle province. Ces pseudo-débats atteignaient leur paroxysme quand j'osais dire que "Trudeau n'était pas con..". Je ne m'attarderai pas sur ce sujet, car ce n'est pas le but de ce bref billet. Toujours est-il que je me suis toujours obstiné à dire et redire que l'identité Québécoise était manifestement différente, unique au Canada. Par conséquent, il n'y avait pas besoin de se séparer du Canada pour fonder un pays qui, sachons-le, trimera au début avant d'atteindre sa pleine mesure. Souvent, et c'est ce qui me mettait mal à l'aise, je remarquais que les Québécois dits de souche prenaient mon refus pour une sorte de traîtrise au pire des cas, ou de non-compréhension des faits, de la culture locale, de l'ignorance (disons le mot) de la réalité Québécoise, au meilleur des cas. Cela m'offusquait. D'abord, parce que, comme le dit si bien Mr Dion des Québécois (dits de souche) fédéralistes, ça existe. Ensuite, parce qu'on ne peut pas demander à un immigrant d'assimiler toute la culture Québécoise, leur mal de vivre, leur quête d'identité qui dure depuis des siècles, en quelques années et devenir souverainiste, pur et dur. Ultimement, je dois avouer que les immigrants souverainistes, j'ai toujours trouvé ça louche, voire opportuniste. En effet, quelle meilleure façon de s'intégrer ? Quelle meilleure manière de crier haut et fort aux autres (dits de souche) qu'on est des leurs et qu'on les comprend. Louche, hautement louche à mes yeux. Mais, bien entendu, pas toujours vrai.
Je change.
La politique me change.
Harper me change.
Harper me dégoûte.
Et j'en arrive à rêver, par une nuit paisible et chaude d'été, d'un pays au Québec, dont nous élirons ensemble un premier ministre, qui prendra des décisions judicieuses, non dictées par certains lobbys forts et lourds (dans tous les sens). Bien sûr, je sais que j'idéalise. Mais j'ai toujours été idéaliste, ce n'est pas maintenant que je changerai. Et puis, mon idéal, mon rêve est tout à fait légitime. Le Québec est manifestement plus à gauche que le Canada. Nous sommes socialistes, progressistes. Comme le sont souvent les peuples révolutionnaires. Nous sommes verts. Comme devrait l'être tout le monde de nos temps. Nous sommes en crise d'identité ? Soit. Alors, construisons ensemble une identité...
La bataille n'est pas gagnée. La bataille entre moi et moi-même. Comme l'avait dit Foglia dans un de ses articles, il y a quelques années : "On ne rejoint pas un pays pour le séparer " (pas exactement en ces mots, mais l'idée est là). Je ne veux pas me séparer. Donnez-moi un leader libéral qui se tienne et peut-être que je changerai d'avis. Mais si c'est Ignatieff, un autre qui serait allé en Irak, un autre qui aurait approuvé les attaques démesurées d'Israel au Liban, un autre qui pue la droite et le capitalisme, si c'est Ignatieff, tout est perdu. Le NPD ne gagnera jamais les élections. Entre con-servateurs et con-libéraux, le résultat sera le même. Restera la souveraineté. Un pays. Un premier ministre de gauche. Des débats comme il en faut. Et...quelques années de vaches maigres. Mais, savez-vous quoi ? Je préfère un pays pauvre à un pays criminel.
'' Je ne veux pas me séparer. Donnez-moi un leader libéral qui se tienne et peut-être que je changerai d'avis. Mais si c'est Ignatieff, un autre qui serait allé en Irak, un autre qui aurait approuvé les attaques démesurées d'Israel au Liban, un autre qui pue la droite et le capitalisme, si c'est Ignatieff, tout est perdu. Le NPD ne gagnera jamais les élections. Entre con-servateurs et con-libéraux, le résultat sera le même. Restera la souveraineté. Un pays. Un premier ministre de gauche. Des débats comme il en faut. Et...quelques années de vaches maigres. Mais, savez-vous quoi ? Je préfère un pays pauvre à un pays criminel. ''
Tu résumes en ces mots le fond de ma réfléxion à ce sujet. Le plus triste dans l'argumentation des souverainistes, c'est que la plupart n'ont pas d'arguments pour appuyer leurs choix, leur volonté, leurs aspirations. Qu'on diverge de point de vue, d'accord. Qu'on en débatte, génial. Mais servez-moi au moins une argumentation valable.
Sur une toute autre note, très sympathique chez toi. Depuis une semaine que je fouille la blogsphère pour me trouver des blogs ayant du contenu à lire. Je viendrai faire mon tour ici maintenant.
Exactement. Souvent, ils vont te sortir l'argument de l'argent, les taxes...j'ai plus de respect pour ceux dont la vocation souverainiste vient du coeur. Au moins, ils l'ont dans le sang.
Tu es la bienvenue Laure...
Tout à fait. :)
Au plaisir.
Hasta la proxima.
Hasta luego. ;)
Peut-être qu'il ne suffit pas de se poser des questions! Peut-être faut-il se mobiliser contre la bêtise humaine. Que penses-tu de créer un front de lutte contre la bêtise humaine ?
Un front de lutte contre la bêtise humaine. Intéressant. Et on ferait ça comment voisine ?
Très intéressant à lire! Barvo!
C'est bien la première fois que je lis des réflexions du genre venant de la part d'un immigrant sur les souverainistes.
Je ne peux que déplorer l'attitude de certains qui sont dogmatiques jusqu'à l'os, mais je les comprends : ils sont tannés d'attendre.
Je partage profondément leurs sentiments, mais je ne crois pas que leur stratégie pour convaincre fonctionne, comme vous en faites si bien la démonstration!
Heureusement, le temps fait son oeuvre et les Canadiens Anglais se tirent eux-memes dans le pied.
Je partage aussi l'opinion de Laure : c'est très sympathique et plaisant de vous lire.
De la part de quelqu'un qui, né Canadien, désire profondément mourir Québécois!
;0)
"Je partage aussi l'opinion de Laure : c'est très sympathique et plaisant de vous lire."
Merci pour le compliment :)