Thursday, September 07, 2006

Musique Québécoise

D'abord, j'eus le bégin pour Jean Leloup. Il était, il est, fou, furieusement fou. Ce clown drôle et touchant, ce Québécois, un peu Algérien et très Québécois, me fascinait. J'ai écouté toutes ses chansons (ou presque) et les ai savourées. Et un matin, il déclare que c'est fini. Qu'il redeviendra Jean Leclerc. (Quoique, selon les rumeurs, Leclerc sort un album bientôt) Et moi, je fais quoi ? Sans Leloup, je fais comment pour écouter de la musique Québécoise, moi ? Si seulement tu avais pensé à moi Jean. Avant de faire ta crise d'identité.
Ensuite, je découvrais Les Colocs. Et surtout, surtout, André Fortin. Dédé. Ah, Dédé ! Si tu savais que fut ma tristesse, quand par ce matin de Mai, je reçus les journaux au dépanneur où je travaillais à l'époque, et je sus, je lus, ta mort et ton agonie. Si tu savais. Non, je n'ai pas pleuré. Mais c'est tout comme. Je venais de perdre un frère d'âme. Et ce, même si je ne connaissais pas ses paroles par coeur. Je le connaissais Dédé. J'avais lu des entrevues. Il disait aimer Brel. Alors, je l'ai aimé. Il mettait un casque d'aviateur sur scène. Alors, je l'ai aimé. Il sautait et dansait folkloriquement sur scène. Il était vrai ce Dédé. Alors, je l'ai aimé. Il s'est mis un poignard en pleine poitrine. Alors, on l'a perdu. Mais je l'aime encore. Dédé. Ah, Dédé ! Et si tu étais resté ? Sans toi, je fais comment pour écouter de la musique Québécoise, moi ? Si seulement tu avais pensé à moi Dédé. Avant de te poignarder.
Puis, ce fut le néant. Daniel Boucher ? Non. Je n'aimais pas sa langue. Boom Desjardins. Pfff. Peu pour moi. Je l'ai bien dit. Ce fut le néant. Un matin, j'écoute la radio. Et plouf ! Comme un petit caillou au milieu du lac. Plouf ! Pierre Lapointe. J'achète son premier CD. Il ne sort plus du lecteur de la voiture. Il m'intéresse ce mec. Il est un peu Bison Ravi sur les bords. Il est un tantinet moqueur. Il se la pète légèrement. Il ne se prend pas au sérieux. Deuxième album. Je l'achète. Bon aussi. Je préfère le premier. Mais il est bon aussi. Pas de déception pour l'instant. Mais, il en faut plus. Alors, j'attends. Plus, toujours plus.
Mais qu'en est-il des autres ? Les aînés ?
On me parle de Desjardins. Je le connais. Mais pas assez. Je connais son combat Boréal. Mais le chanteur, je ne sais pas. Et puis, le patois, ça ne me touche pas. Pas encore. Du moins, c'est ce que je me dis. Jusqu'à ce que j'écoute ça. Patois ? Peu importe. La musique est universelle. Ça me rappelle "La promesse de l'aube". Ça me rappelle la mère de Romain Gary qui se signe. Et Romain de dire "Ma mère est juive, mais avec Dieu peu importe les langues".
Il avait raison Gary. Avec Dieu peu importe les langues. Avec la musique aussi, peu importe les langues. Peu importe la langue.
Avec la musique, peu importe la langue.

Desjardins, ton effet Lisa me fait de l'effet.

Quand on me parle
je ne vois que des lèvres
qui bougent
vainement, vainement.

Sa nébuleuse est venue me happy.
Elle fait sauter mon échelle Richter.

Kamikaze-papillon dans l'fanal
fatal de l'amour.
Foule en moi, full beauté.
Para Lisa.

En prison dans l'frisson,
en Bœing dans l'armoire.
C'est quoi ça, l'univers ?

Roger, Roger, 10 - 4.
C'pas des yeux, c'est des lacs.
C'est toi qui es là.
Je me terre
et toi tu soleilles.

Non mais, non mais,
l'effet que tu me fais.

Si t'es mariée, mois je suis next,
si t'es gaie, moi j'change de sexe.
Oui vraiment,
oui vraiment.

T'es un rayon et moi j'suis une craque.
Maint'nant j'vois clair dans mon pauvre shack.

Ma pourvoirie est ruinée, mon cœur clenché
au piège d'amour.
You are so beauté folle .
Gare au cougar.

Oui, j'avoue l'obsession
à confesse, flambant nu.
On me donne l'absolu.

Où ont-ils mis le port ?
Ma rivière, elle déborde.
Niagara.
Que c'est doux
l'endos d'un nuage.

J'mouille pour le vrai.
L'effet que tu me fais.

<$I18NNumpersonnes$>:

At 7/9/06 5:25 PM , Anonymous Anonymous said...

Si on prend les mots des textes de Desjardins hors de leur contexte, ils sont peu recherchés en effet. Mais la façon dont il les allie, sa façon de dire les choses est magnifique.

 
At 7/9/06 5:48 PM , Blogger Onassis said...

Oh que oui ! Sa manière de chanter, son piano, sont poétiques. Et puis, moi, "si t'es mariée, moi je suis next", je trouve ça très beau, très subtil.

 
At 8/9/06 3:54 PM , Anonymous Anonymous said...

Contrairement à l'or, je trouve que les mots de Desjardins font partie de ces mots des chanteurs dont on pourrait publier les textes comme des recueils de poésie. Mi-Hochelaga/Maisonneuve, mi-Nowhere Land.

Attends d'avoir entendu-lu Nataq...

Je te suggère aussi Daniel Bélanger, un des premiers à avoir donné le goût aux jeunes d'écrire (il a travaillé avec Leloup en début de carrière...); Dumas est aussi brillant à mon avis. Je le préfère à Pierre Lapointe.

 
At 9/9/06 11:58 AM , Blogger Jack said...

Dédé Fortin : une grande perte en effet. Un créateur naturel, un gars dévasté, hélas. Dehors Novembre est un classique de la chanson québécoise que j'ai usé de bord en bord. Leclerc, Jean, il revient à son patronyme, à sa peau première car c'est ainsi qu'il a commencé sa carrière fin 1970 - bien avant sa participation à Starmania. Toujours un peu sale, génial, parfois répétitif. Un de mes préférés. J'ai entendu un show de Lapointe à la radio bien avant qu'il enregistre et soit connu du grand public. J'avais été saisi par autant de talent déployé si jeune, plume, théâtre, voix, audace. Il est flanqué de musiciens de haut vol comme le guitariste Brault (fils de Jacques). Écriture au-dessus de la moyenne, superbe, un brin codée, toutefois, pour ses proches, on dirait. L'émotion brille, mais reste parfois dans sa cour. Mon meilleur show québécois à vie : Desjardins et son Kanasuta vu au Spectrum! Pas le meilleur chanteur au monde comme Dylan d'ailleurs. Dans certaines pièces, les accents de ces deux-là se confondent. Mais Desjardins connaît la poésie, ses figures, ses tours. Il a fréquenté l'Amérique du Sud où l'écriture populaire est beaucoup plus délurée qu'ici. Sa langue, certes, n'est pas celle de Vigneault avec ses mots classiques du dimanche. C'est une question de génération. Mais quelle précision ciselée à petites lampées de haïku. Et on a rien dit de son jeu au piano, de ses mélodies, de son fond de rock (Abbitibbi), de son sens de la scène...

«Va-t'en pas
Dehors y a des orgies d'ennui
Jusqu'au fond des batteries
Va-t'en pas
Dehors j'ai vu un ciel si dur
Que tombaient les oiseaux

Tu sais que je lis
Sous les robes du temps
Et dans les lignes du ciment
Toi tu as des yeux
Qui trahissent le sort
Tu mérites l'amour

Maintenant que tu vois
Tout ce qui n'existe pas
Et si tu veux venir
Neptune me guide
Où j'ai semé des larmes
Mes armes sont en fleurs»

Comme Éliane, Dumas me rejoint immédiatement. Dans mon radar, un nouveau qui vient l'Ontario : Robitaille. À suivre. Côté groupe, les Cowboys se sont inspirés avec bonheur de Paul Piché (un excellent faiseur de chansons avec Lelièvre) et amènent un grand vent de fraîcheur teintée de ballades tristes comme l'automne... Et on repense parfois à Dédé, rue Rachel.

 
At 9/9/06 1:16 PM , Blogger Jack said...

Kanasuta, disons que c'est mon numéro un en termes d'aujour'hui... Car au cours de ma préhistoire, j'ai vu de mes yeux vus Le Loup, le Renard, le Lièvre sur les Plaines d'Abraham, à la Super FrancoFête... Félix Leclerc, Vigneault et Charlebois clôturant ensemble le show devant 100 000 personnes avec Quand les hommes vivront d'amour... C'est une espèce de «grand'moment» de la chanson québécoise. Presque idem pour le premier show délirant de la St-Jean sur le Mont-Royal. J'étions là aussi, Un peu plus haut, un peu plus loin avec la Reno, Harmonium... Presque idem malgré le son pourri au stade olympique avec Diane Dufresne et son complice Jacques Higelin... Et dire que mon «chansonnier» préféré à 13 ans - Jean-Pierre Ferland - roulera des airs jusqu'au Centre Bell cet automne, mais pour signer la fin.
Onasssis,si ce n'est déjà fait, il te faut faire tourner Jaune au moins une fois...

 
At 9/9/06 1:30 PM , Blogger Onassis said...

Jacques, est-ce ce Samedi gris ? Est-ce le maigre petit-dejeuner que j'ai pris ? Je n'en sais rien, mais je ne comprends pas ceci :

Onasssis,si ce n'est déjà fait, il te faut faire tourner Jaune , au moins une fois...

Merci de m'expliquer. Je comprends vite, mais il faut m'expliquer longtemps :)

 
At 9/9/06 1:48 PM , Blogger Jack said...

«Jaune» ainsi que «Soleil» (excellent aussi)sont simplement des albums célèbres de J.P. Ferland. Jaune date de 1970 et a été remasterisé en 2005. La chanson Sing Sing, entre autres, est géniale. Ce disque marque un tournant dans la production de l'époque. Mais les arrangements n'ont pas vieillis. Ferland est beaucoup plus qu'un chanteur de pommes, crois-moi.

 
At 9/9/06 2:58 PM , Blogger Onassis said...

Ok. Alors, je te confirme, ce n'est pas encore fait...

 
At 10/9/06 10:33 AM , Blogger Jack said...

Autre note supplémentaire en «back ground»... J'ai fait référence plus haut au spectacle exceptionnel qui a réunit le 13 août 1974 les trois bonzes de la chanson québécoise (Félix Leclerc, Vigneault, Charlebois) sous le titre «J'ai vu le loup, le renard, le lièvre». Ce fut un triomphe denant une assistance internationale et une affirmation québécoise devant le gratin politique de l'époque (Trudeau, Bourrassa...) Jean «Leloup» qui n'avait que 15 ans à l'époque et qui vivait en Algérie n'est en rien impliqué dans cette appellation tirée en fait d'une chanson traditionnelle. Un album live de cette soirée fut publié en 1975. C'est sans doute maintenant sur cd, probablement disponible à la Grande Bibliothèque.

Leclerc, le roi heureux, comme tu le sais, fut un chef de file de la chanson francophone au début des années 50. Ce troubadour qui voulait être auteur de théâtre fut très populaire en Europe et n'est pas sans avoir influencé directement les très grands Brel et Brassens. Ici, il a carrément ouvert le chemin aux auteurs-compositeurs. Ses camarades étaient les Lévesque, Blanchet, Vigneault, Léveillé, Ferland, DesRochers; ses enfants : Gauthier, Charlebois, Lelièvre... Ses petits et arrières-petits se comptent aujourd'hui par centaines à qui l'on remet, annuellement, les trophés Félix...

 
At 10/9/06 8:20 PM , Blogger Onassis said...

Continue à nous documenter Jacques. Tu es une mine d'or...

 
At 12/9/06 8:30 AM , Anonymous Anonymous said...

Jack et Onassis...

C'était "J'ai vu le loup, le renard, le lion". Show des Francofêtes en 1972 ou 73... Une version cd remasterisée est sortie il y a quelques années pour en fêter le 25e. Mes parents avaient le vinyle, il sautait sur Lindbergh... Nostalgie.

Un grand, grand classique -comme Jaune d'ailleurs- et on cadeau à offrir dans la pochette de bienvenue de tous les immigrants au Québec.

 
At 12/9/06 8:34 AM , Blogger Onassis said...

J'attends toujours cette pochette de bienvenue :)

 
At 16/9/06 12:50 PM , Blogger Jack said...

Éliane, à mon grand étonnement, c'est un lion, en effet, un non un lièvre! J'ai le vynile original en campagne, je vais revérifier, car je n'en crois pas mes yeux. Drôle comme parfois on lit ce qu'on veut voir. Le show était bien en 2004.

Le cd Jaune original est disponible en coffret seulement. Il ne faut pas confondre avec le Jaune revisité (les pistes originales revues par Minière, Loco Locass, etc.= rap/techno). Enfin, oui, Éliane, il faudrait accueillir les personnes qui arrivent avec les plus beaux fruits du verger.

 

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