Monday, July 24, 2006

Chez toi ou pas chez toi ?

Dimanche 23 Juillet. Ma blonde est née le 29 Juillet. Son frère et son père sont aussi nés fin Juillet. On fête tout le monde ensemble. Je travaille. Tu nous rejoindras. Oui, mais je ne connais pas le chemin. Je te fais un dessin et je t'explique. Le dessin est clair. Je serai capable. Je serai capable.
15h 00. Je sors du boulot hâtivement, le feu au cul. La liberté, c'est un mot qu'on ne saurait décrire, mais qu'on ressent de temps en temps. Au fond du coeur. On respire et c'est la liberté. Je me sentais libre, léger. Je démarre. 720 Ouest. 20 Ouest. Pas de traffic. Jusqu'ici tout va bien, comme dirait l'autre. Sortie "les cèdres - Saint-Lazare". Tourne à gauche. Prends la direction "les cèdres". Je prends la direction les cèdres. Je ne suis pas loin. Bientôt, la bière fraîche. Bientôt la pétanque. Bientôt le vin rouge et les discussions enflammées. Bientôt, on va me parler du Liban. Bientôt, je vais m'emporter encore, expliquant, citant des exemples, parlant des lobbys, des médias, du terrorisme et du dernier livre que j'ai lu. Bientôt, j'arriverai et le party commencera. Je vois un stop. Sur le dessin, on tourne à gauche sur un stop. Je tourne à gauche. Je me perds. Si près du but. Je me suis perdu. Je m'arrête. Heureusement qu'ils ont inventé le cellulaire. Heureusement. Sinon, je serai vraiment perdu. Tante M. m'explique le chemin. Je reprends la 20 Ouest, je refais tout. Mais le stop, ne t'arrête pas. C'est le prochain stop. Ma blonde veut m'expliquer. Je suis d'accord, mais c'est pas ça qu'il y a sur le dessin. J'arrive. Ça joue à la pétanque. Ça boit. Ça rit. Je sors le dessin. Je le brandis comme la preuve de mon innocence. Mais on est déjà venus ici milles fois. C'est pas moi qui conduisais. Oui, mais ton sens de l'orientation ? Je ne peux en avoir, je ne me situe pas. Je suis des indications. Oui, mais...Écoute, je ne suis pas chez moi, je n'ai pas su le chemin. Quand on va au Maroc, tu n'es pas chez toi, ici, tu n'es pas chez toi, tu es chez toi où, alors ? Et c'est là que le bât blesse. Je me raidis. Je grimace. B. me parle du Liban. Je suis essoufflé. Oui, oui, ils vont les massacrer. Je suis essoufflé B. Si tu savais où j'étais maintenant. Si tu savais où cette déclaration m'a envoyé, dans quelles ténèbres elle m'a enfouie. Tu es chez toi où ? Justement, je ne sais pas. Nulle part, je présume. L'éternel étranger. Tu connais Camus ? Meursault, c'est moi. Le nomade. Le perdu. Et puis, est-ce que j'existe vraiment ? Ne suis-je pas que le fruit de leur imagination ? Tu n'es chez toi nulle part. Et pourquoi pas tu es chez toi partout ? C'est plus romantique, plus beau, plus noble. Plus faux, surtout.
Je reste hébété quelques minutes. Abruti. Hagard, devant cette vérité troublante. Non, je ne t'en veux pas. Tu as raison. Tu fais toujours semblant d'être touite, mais tu n'en es pas. Je ne fais pas semblant. Crois-moi, si je pouvais trouver la place sans appeler, je l'aurais fait. Mais j'en ai été incapale. Je ne suis pas chez moi, ici, aux cèdres. Je suis un peu plus chez moi à Montréal. Un peu plus. Mais pas tant que ça. Un peu moins à Casablanca. Un peu plus à Grenade. Un peu moins ailleurs. Sais-tu quoi, je me serais probablement plus retrouvé à Tarragonne. Petite ville dont on fait le tour en quelques heures. C'est beau, Tarragonne. Mais la 20 Ouest, la 40, trois stops, un pont, le lac. Je ne sais pas moi. Je me perds. Je ne suis pas d'ici. Je n'existe pas. Mon esprit est ailleurs. Et si tu vas ailleurs, il sera plus loin qu'ailleurs.
La soirée fut belle quand même. Après mes 7 tasses de café (sic), je me suis bien entendu emporté, j'ai bien entendu parlé du Liban, des médias, du terrorisme et même des Grecs orthodoxes. Ça existe-tu ça des Grecs pas orthodoxes ? Alors, pourquoi la précision ? Orthodoxes Grecs, d'accord. Mais...enfin, passons. A. nous fit un bon repas. Le vin était bon. Je fis un don involontaire de sang aux multiples moustiques qui se régalèrent de mon sang exotique qui...ne vient pas d'ici. Puis, Montréal. Le pont Champlain. L'est de la ville. La rue Sherbrooke. Le centre-ville. Les nids de poule. Demain, c'est lundi. Le soleil brillera. L'université m'accueillera à bras ouverts. Je prendrai le vélo. Je saurai le chemin. Je n'appelerai personne. C'est chez moi ici. C'est chez moi...

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