Thursday, July 20, 2006

Gnawa Diffusion



















Si vous me demandez qui est mon groupe de musique préféré, je ne vous répondrai pas les "Rolling Stones" ou les "Beatles", je ne vous dirai pas les "Oasis". Non. Mon groupe préféré, celui que j'écoute tous les jours (ou presque), celui que je vais voir dès que possible en concert, c'est "Gnawa Diffusion". Euh, pardon ? Gnawa qui ? Gnawa Diffusion. Gnawa Diffusion. Retenez bien ce nom, parce que...vous n'en entendrez jamais parler à l'échelle mondiale, vous ne le verrez jamais au top 10 du top 50 d'un classement mondial ou Britannique ou Américain. Non. Jamais. Parce que de la bouche d'Amazigh (le leader, le chanteur..) sortent des mots qu'on ne veut pas entendre, qu'on voudrait étouffer. Parce que Gnawa Diffusion, c'est l'anarchie, le refus de baisser la tête, Gnawa Diffusion, c'est l'Afrique, l'Algérie, le Maroc, la France. Gnawa Diffusion, c'est une belle aventure qu'on espère, ne finira jamais.

D'abord, il y a Amazigh, fils de l'écrivain de renommée et d'expression française : Kateb Yacine. Un jongleur de mots. Et quels mots ! Je vous donne des exemples : "L'intifada appelle le monde mais ça sonne occupé", "Le tiers-monde est un nigaud, l'Amérique est un maquereau", "Je voudrais être un fauteuil/ Dans un salon de coiffure pour dames/ Pour que les fesses des belles âmes/ S'écrasent contre mon orgueil" et j'en passe. Un chanteur entier qui n'a pas hésité à chanter un poème d'Aragon (Gazel au fond de la nuit) à sa manière, ou reprendre (d'une manière très réussie) un classique arabe, vieux de plus d'un siècle (Chara’allah).
Ensuite, il y a les autres. Des Français, Marocain(s ?) et Algériens, qui visiblement aiment la musique, aiment les gens, aiment la fête.



J'ai assisté quatre fois à des concerts de Gnawa Diffusion. Je fus toujours envoûté. Même leur anti-Américanisme pur et dur ne m'a pas dérangé. (vous a-t-on déjà demandé de sauter haut et fort comme si vous sautiez sur la gueule de Bush lors d'un concert ?) Je ne l'ai pas déploré. Je le sais intelligent, parce que je connais Amazigh l'artiste et ses convictions. Je connais aussi et surtout les dérives de la politique Américaine. Alors, à quoi bon défendre le diable ?

J'ai assisté quatre fois à des concerts de Gnawa Diffusion. Et une fois à Amazigh et un autre membre de Gnawa Diffusion dans un petit bar de Montréal. Ce fut mémorable. Amazigh, grippé, arborant un t-shirt appelant à la "libération" de la Palestine, nous a livré une sorte d'Unplugged, chaud, intime, unique. Nous étions, mes amis et moi, au ciel. Mémorable. Une belle surprise.

Je suis allé les voir au Maroc, deux jours de suite. Meknès un Mardi et Fès un Mercredi. La foule a bien répondu. Amazigh était plus en forme le Mardi que le Mercredi. Le concert était d'ailleurs plus long. Et cette foule. Et ces jeunes. Fougueux. Aux rêves révolutionnaires qui se manifestent jusque dans leurs habits, jusque dans leurs cheveux, jusque dans leurs démarches. Cette foule est ma seule source d'espoir. Face à un Maroc de plus en plus divisé entre religieux qui prônent le retour aux traditions (et ce qui vient avec...), et jeunes (et moins jeunes) modernes (mais qu'est-ce que la modernité ?) et libres d'esprit qui prônent la..liberté ! Face à ce Maroc, j'ai un parti pris, j'ai un parti pris sans prix, je sais cependant que 2007 (élections législatives) sera peut-être une année fatidique dans l'histoire du Maroc, mais ça c'est une autre histoire...

Je voudrais que Gnawa Diffusion soient éternels. Je voudrais leur anarchie contagieuse. Je voudrais Amazigh toujours plus inspiré, toujours plus artiste. Je voudrais une belle révolution. Belle et calme. La liberté. Des peuples opprimés. Des peuples opprimés.

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At 22/7/06 9:19 AM , Blogger Jack said...

Merci Onassis de nous donner le goût de découvrir Gnawa. Est-ce un peu parent avec Manu Chao?

 
At 22/7/06 8:46 PM , Blogger Onassis said...

Ça me fait plaisir Jacques. Je dirai que le "combat" des deux artistes est très proche. La musique de Gnawa est un peu plus "diversifiée". Ils chantent en arabe, français, anglais. Ils font du reggae, du gnawa, du rap...J'aime beaucoup Manu Chao, pour ce qu'il est et ce qu'il représente...

 
At 24/7/06 1:35 PM , Anonymous Anonymous said...

C'est drôle Onassis, j'écoutais un docu sur Richard Desjardins ce weekend et ce que j'ai entendu sur lui est très sembable à ce que tu décris de Gnawa.

Je mettrai cela dans mes oreilles...

 
At 24/7/06 1:45 PM , Blogger Onassis said...

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At 24/7/06 1:46 PM , Blogger Onassis said...

Encore faut-il que tu les trouves. Parce qu'ici, au Québec, leurs Cds ne sont pas vendus. Mais à Paris où tu vas (ou y es-tu déjà ?), tu les trouveras à la Fnac.

Richard Desjardins. Je ne connais pas son oeuvre. Mais je connais l'homme et ses combats. J'ai des préjugés : il est intègre, honnête. Un artiste quoi !

 
At 25/7/06 1:07 PM , Anonymous Anonymous said...

"...nous avons traversé des continents, des océans sans fin, sur des radeaux tressés de rêve.
Et nous voici, devant, vivants, fils du soleil éblouissant, la vie dans le reflet d'un glaive.
America, America, ton dragon fou s'ennuie, amène-le que je l'achève... Gringo, t'auras rien de nous..."

Si cet extrait des Yankees ne te donne pas envie...tu me diras, je t'en donnerai d'autres!

 
At 25/7/06 3:02 PM , Blogger Onassis said...

Ça me donne vachement envie. Pourrais-tu me donner le nom de cette chanson, ainsi qu'un lien Internet pour les connaître un peu plus ? Merci d'avance.

 
At 27/7/06 2:06 PM , Anonymous Anonymous said...

Éliane, j'ai trouvé tout seul finalement. Je vais devoir m'y mettre à Desjardins !

 

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