Zidane. Ou la tête a ses raisons que la raison ne connaît pas.
J'ai lu une multitude d'articles là-dessus. Des journalistes qui prédisaient l'avenir. D'autres qui traitaient tous les curieux (comme moi) de cons et de parfaits navets humains. D'autres encore qui cassaient l'image de Zidane ou au mieux l'analysaient. Zidane a voulu briser cette image de surhumain qu'on faisait de lui. Zidane a voulu se suicider footballistiquement parlant. Zidane, Zidane. Je ne voulais pas dire un mot sur ça. Parce que je sais que je ne serai pas objectif. Parce que je sais que Zidane le footballeur, je l'admire. Et l'homme ? Je m'en fous, je ne le connais pas. Et je ne compte pas l'inviter à dîner. Le footballeur est un génie, un cerveau, une poésie. Et le reste m'importe peu. La morale ? Je m'en fous comme de mes premières chaussettes. Et les enfants qui ont vu leur idôle frapper un joueur d'un coup de tête ? Et les milliers de leçons qu'on leur a faites, leur expliquant que la violence, que les coups de tête ou de poings...? Eh bien, chers amis, c'est le moment de leur dire que dans la vie, il y a la théorie et la pratique. Que la violence, c'est pas bien, mais que se faire marcher dessus, c'est pas bien non plus. Bien sûr que j'ai eu le même réflexe que tout le monde au début. Bien sûr que j'ai pensé que Zidane a été con de faire ça. Dernier match de sa carrière. Finale de la coupe du monde. À quelques minutes du sacre. À quelques minutes de la sortie-la-tête-haute. Et tu fais ça Zinedine ? Devant toutes ces caméras ? Devant le président de ta république ? Devant tes joueurs qui t'ont appuyé jusqu'à la fin ? Putain que tu es con. Mais après. Avec du recul. Après mûre réflexion. Je crois que j'aurais fait pareil. (C'est bien la première fois que le recul mène à la violence !). Oui, je l'aurais frappé. Peut-être pas avec la tête. Peut-être pas à la manière du bouc. Mais j'aurais répondu à ces interminables provocations. D'une manière ou d'une autre. Je lui aurais baissé son short. Je l'aurais tâclé et j'aurais pris un carton jaune. J'aurais fait quelque chose. À un moment donné, c'est assez. Mais analysons (quand même) les faits. Qui a vu Zidane faire le bouc ? Aucun arbitre. Ou peut-être le quatrième arbitre. Et depuis quand le quatrième arbitre a son mot à dire dans cette coupe du monde ? C'est bien la première fois. Alors, qui ? La reprise vidéo. Oh. La reprise vidéo. Cette "chose" que la Fifa refuse d'implanter depuis des années. Alors, pourquoi l'utiliser maintenant ? Pourquoi pas quand l'Italie a bénificié d'un penalty inexistant contre l'Australie à la dernière minute du match ? Pourquoi pas quand la France a marqué son deuxième but contre la Corée ? Pourquoi pas quand Le Brésil a marqué un deuxième but contre le Ghana en position d'hors-jeu ? Non. Toutes ces fois-ci, on a fermé les yeux et blâmé l'arbitre. Le pauvre arbitre qui n'a qu'une tête et deux yeux. Il ne peut pas tout voir l'arbitre. Ni ses collègues de touche. La preuve. Le monde entier a vu Zidane faire le bouc. Sauf l'arbitre. Qui a dû voir ça une fois chez lui, douché et stressé par une finale aussi folle. Alors ? Alors, la Fifa a créé un précédent qu'elle devra assumer maintenant. Alors, Zidane mérite son carton rouge. Si l'arbitre l'avait vu. Ou si la Fifa acceptait la reprise vidéo. Tout ça n'est pas clair. Attention, je ne parle pas de conspiration. Il ne peut pas y en avoir. C'est faire preuve de mauvaise foi. Je parle de bourde énorme de la Fifa. Je parle d'un système fragile qui ne sait que faire, ni quand le faire.
Tout le monde a parlé de la violence physique de Zidane. Tout le monde l'a pointé du doigt. Ça ne se fait pas. Et les insultes de Materazzi ? Et la violence verbale, est-elle excusable ? Est-ce parce que c'est monnaie courante qu'on doit l'accepter ? Et les enfants qui regardent par milliers la finale ? Ne leur a-ton pas (aussi) dit qu'il ne fallait pas insulter son prochain ? Materazzi ne devrait-il pas aussi s'excuser ?
Maintenant que Zidane n'a pas voulu nous dire ce que Materazzi lui a dit, conseillé par une équipe énorme de marketteurs, psychologues, psychopathes, businessmans verreux et spécialistes en quoi-dire-au-lendemain-d'un-coup-de-tête-en-plein-poitrine-de-l'adversaire, nous devons aller de l'avant. Vivre avec notre frustration. Vivre avec cette question qui trotte dans ma tête depuis la finale : et s'il ne l'avait pas frappé ? Trezeguet aurait-il tiré ? Si oui, aurait-il raté ? Et puis, pourquoi faire tirer Trezeguet, lui qui n'a joué qu'un match et quelques minutes de toute la coupe du monde ? Était-ce un bon choix monsieur Domenech ? Oui, je sais vous êtes arrivés en finale. Mais, tactiquement parlant, vous en avez fait des bourdes. La finale n'excuse rien. La finale, ce fut un incident collectif. Autour d'un joueur exceptionnel qui jouait chaque jour son dernier match. Autour d'un des 4 ou 5 génies que le football a connus. Autour d'un Zidane, intègre, timide et diseur de peu de mots. Il parlait avec le ballon, Zidane. Il ne parlera plus maintenant. Hasta siempre capitàn !