Monday, June 04, 2007

Le destin a un maître



Dans « Demande à la poussière », quand Arturo Bandini, l’alter-ego de John Fante, écrit à son éditeur (qui n’a publié qu’une SEULE nouvelle de Bandini), lui parlant de ses émotions, de ses peurs, lui livrant sa pensée et ses déchirements, l’éditeur en question lui répond quelque chose du style : Avec votre permission, j’ai enlevé salamalecs et salutations et j’ai publié votre lettre. Très bon travail. Voici un chèque de ..$. Bien à vous.

Cette scène m’a longtemps fait rêver. Longtemps. Plus que de gagner à la loterie, être rémunéré pour mes mots m’a toujours semblé une fin en soi. Une récompense. Le montant importe peu. Recevoir quelque chose en échange de mes mots est, comme qui dirait, une reconnaissance de ma plume. Un aveu de mon talent. Une bénédiction du Dieu de la littérature.
Cette pensée m’a hanté depuis belle lurette. Pourtant, je ne courais pas les revues. Pourtant, je n’envoyais mes textes à personne. Pourtant, je n’écrivais pas activement. Comment gagner à la loterie quand on n’achète pas de billet ? Espoirs chimériques. Rêves sans lendemains. Irréalisme conscient. Puis il y eut le blogue. Et l’interaction. Et les commentaires. Et les idées partagées. Recevoir les commentaires des lecteurs est aussi une récompense. Mais suis-je un écrivain pour autant ? Négatif, monsieur le commissaire. Négatif.

Je ne crois pas au destin. Enfin, oui et non. Le destin existe sûrement. Mais on peut lui forcer la main. Mais on peut le convaincre de faire autrement. J’ai donc décidé de le forcer. Pour calmer ma soif de reconnaissance (littéraire, bien sûr). Du moins, jusqu’à ce que j’aie le temps d’écrire. Jusqu’à ce que je m’essaie vraiment.

J’ai mis des pubs sur mon blogue. Vous avez dû le remarquer. Juste en haut du dernier texte publié, il y a des liens vers des publicités. Si vous cliquez sur un lien, vous arrivez à une page de liens. Si vous cliquez de nouveau sur un de ces liens, je suis rémunéré. Cinq sous. Dix sous. Vingt sous. Ça varie. Ce n’est jamais pareil. Et je m’en fous.
Vous trouvez ça immoral ? Mercantile ? Moi aussi. Mais, encore une fois, je m’en fous. Je veux être rémunéré pour mes mots. C’est la seule façon honnête que j’ai trouvée pour arriver à mes fins. Et voilà que ce n’est plus immoral. Et voilà que c’est justifié. Et voilà que je me sens fier. La fin justifie les moyens. En autant que ce soit honnête et sans fâcheuses répercussions.

Je vais recevoir mon premier chèque de cent dollars bientôt. Le premier chèque engendré par l’écriture. Bien sûr mon premier éditeur ne s’appelle ni Grasset ni Gallimard. Bien sûr, mon éditeur ne m’appelle pas chaque semaine pour voir si j’ai avancé dans mon roman. Nous avons des rapports de courtoisie. J’écris. On clique. Il m’envoie mon chèque au bout de cent dollars. Google est un éditeur fiable et peu stressant. Je suis un blogueur fiable et assez prolifique (Moins dernièrement, mais vous savez pourquoi). Nous nous entendons bien.

Quand je recevrai mon chèque, je ne l’investirai pas dans la bourse. Je ne ferai pas mon marché. Je n’achèterai pas une chemise, ni des chaussures, ni même des livres.
Je le boirai, mon chèque. Je le boirai. Et du coin des lèvres, et du bout des yeux, je sourirai. Je lèverai mon verre à vous. Je lèverai mes yeux au ciel. Et je ferai la plus grande grimace de l’histoire de l’humanité.
Destin, tu ne m’auras pas. Destin, je suis ton maître.

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<$I18NNumpersonnes$>:

At 4/6/07 2:06 PM , Blogger Blanche said...

Comme tu as raison! (sauf pour la partie où tu bois les 100 dolles; moi à ta place je ferais du shopping; mais tu le sais, je suis une invétérée... Parisienne).

Moi aussi je vais boire à ta santé!
Et continue à nous écrire.

 
At 4/6/07 5:30 PM , Anonymous Anonymous said...

Hahahha, elle est bonne celle-là. Bonne façon de présenter la chose. Bonne beuverie!

 
At 5/6/07 4:54 AM , Anonymous Anonymous said...

Vivre de sa plume, toucher des "droits d'auteur", :-( quel joli rêve que celui-là... Et bien, en attendant "Tchin !" ! Pour moi, mon premier chèque tombera en août. En dollars, je ne sais pas combien cela fait, mais en euros et bien... c'est une tout petite somme, que je ne boirai pas, mais comme dit blanche, j'irai faire du shopping. Tout un après-midi à jouer de la carte bleue... SUPER ! ;-)

 
At 5/6/07 9:30 AM , Anonymous Anonymous said...

Blanche : Alors, tu nous l'écris ce livre ? Comme ça, tu fais du shopping..:)

Kennza : Merci.

Sarvane : Je pensais que tu avais déjà encaissé avant...surpris !

 
At 5/6/07 2:09 PM , Blogger Blanche said...

ben ouais, on ne se refait pas... ah la la la la...

 
At 5/6/07 3:35 PM , Anonymous Anonymous said...

Ben non ! comme j'ai lâché ma maison d'éd. précédente pour Pietra, elle me fait languir... mais pas grave, je suis très patiente ! Non, autrement, j'ai touché de l'argent pour rédaction d'articles divers. Mais ce ne sont pas des droits d'auteurs !

 
At 5/6/07 10:39 PM , Blogger Unknown said...

Bravo Onassis.. tu me diras où je dois cliquer !!lol. cheers.

 
At 6/6/07 7:32 AM , Blogger Jack said...

Connaissant cela, on va cliquer à tous les jours pour remplir tes vers de bonne prose!

 
At 6/6/07 11:18 AM , Blogger Reda said...

Lâche moi un coup de fil quand tu voudras les boire que je t'aide un peu :)

 
At 6/6/07 11:48 AM , Blogger Onassis said...

Sarvane : Courage :)

Bahija : juste en haut de la page, annonces google :)..merci

Jack : Pas obligé...mais si tu le fais, c'est cool.

Reda : will do :). Merci de m'offrir ton aide :)

 
At 14/6/07 11:39 PM , Anonymous Anonymous said...

Mais il n'y a rien de venale dans tout ça. Je dirai plutot que vis tellement les mots (les tiens et peut être ceux des autres) que tu aimerai en vivre. Cela est mon impression. Après tout les boire tous ces maudits mots ce n'est pas une si mauvaise idée. A la santé du Capital!

 

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