Persepolis - Les 9 raisons

- Parce que Marjane, c’est vous et moi, c’est tous les exilés du monde.

- Parce que l’Iran finalement, c’est aussi Cuba et compagnie. C’est toutes ces révolutions qu’on attendait impatiemment et qui se sont avérées (presque) aussi immondes que les dictatures qui les avaient précédées.

- Parce que des grand-mères comme celles de Marjane, ça devrait être obligatoire dans chaque famille.

- Parce que c’est tellement drôle et tellement émouvant.

- Parce que le minimalisme des couleurs et des dessins, on trouve ça magique.

- Parce que Chiara Mastroianni qui chante (faux) Eye of the Tiger, on trouve ça très magique.

- Parce qu’une vulgarisation si divertissante de l’histoire, ça ne se refuse jamais.

Mais surtout, surtout...parce qu’on kiffe grave chaque instant du film.

Ne faites pas la vaisselle. Délaissez vos conjoints. Faites fi du -40. Ne mangez pas. Ne buvez pas. Annulez tous vos rendez-vous. Mettez tous vos (méga importants) projets en suspens. Il y a plus important. Il y a Persepolis.

Marjane, je t'aime !

Maldito calendario

Après les fêtes, c'est le calme plat. Pendant toute l'année, on s'ignore, on se parle à peine, parfois même on s'évite. Et puis vient décembre. Et c'est les guirlandes, les lumières, les cadeaux, le vin rouge, le stress, le coiffeur, les soldes, le boxing-day, le réveillon, la dinde, le rôti, le mousseux, les accolades, je t'aime, tu m'as manqué, je t'aime aussi. Et puis plus rien. Le vent. Le silence. Janvier c'est comme le désert après trente jours de pluies diluviennes. C'est le plat. Le plat mois, pas le plat pays. Walou. Si seulement il faisait beau. Si seulement les oiseaux chantaient. Si seulement les arbres avaient meilleure mine. Non. Il fait gris. Il pleut. Il neige. Le soleil se fait timide et capricieux. Les oiseaux ont déserté. Les arbres sont chauves. Et c'est la chute libre et l'atterrissage qui fait mal.



Je vous entends me crier : Que veux-tu qu'on y fasse Jean-Jacques ?



Des guirlandes, des lumières, des cadeaux...en janvier aussi.



Des soupers en janvier aussi. Une multitude de soupers.



Je t'aime, tu m'as manqué, je t'aime aussi, en janvier aussi.



Il ne faut pas se laisser avoir par le calendrier.

Ce n'est pas joyeux mon amour

Ça commence bien. Elle avait 89 ans et hier matin, elle ne s’est pas réveillée. Elle, c’est la tante du père de mon ex. J’ai joué aux cartes chez elle. J’ai ri chez elle. J’ai mangé chez elle. Elle faisait un rôti de bœuf du tonnerre. Elle faisait des gâteaux à s’en lécher les doigts. Et je suis gourmand. Très gourmand. Elle était alerte, vivante, autonome à son âge. Je l’admirais. Je la taquinais aussi. Tante G., vous avez quel âge, là, 60 ans ? Elle me répondait, toute fière : 85 ans. 86 ans. 87 ans.

Et puis, je ne l’ai plus revue.

C’est la vie.

Et voilà qu’elle me le dit en majuscules, par ce début d’année enneigé. Ce n’est pas la vie, mon petit, c’est la mort.

Le fouet aurait été mieux.

Alors, je fais une prière avant de dormir. Et j’essaye d’imaginer son visage au ciel. Mais le ciel est noir : il fait nuit.

C’est la vie.

Alors, j’irai à l’enterrement samedi prochain. Et peut-être mettrais-je le front par terre quelques fois, à sa mémoire. Et peut-être réciterais-je quelques versets qui s’envoleront vers le ciel, colombes blanches aux ailes qui flottent, prophètes austères d’une vie nouvelle. Et sûrement des larmes feront orage sur un visage honteux d’être encore en bas.

Je n’ai plus de classe. Je ne suis plus dans la retenue. Je me lève, je sors la langue et je le dis tout haut : à bas la mort. Va voir ailleurs si nous y sommes.