Thursday, March 12, 2009

C'est toujours comme ça

C'est toujours comme ça. Il suffit d'un semblant de rayon de soleil. Il suffit d'une simple odeur de fraîcheur matinale. Il suffit d'une seule image volée au coin d'une rue aux allures tiers-mondistes. Et je flanche. Madame nostalgie surgit de nulle part, envahissante, dictaturale. Subitement, j'ai la gorge qui fait des kilomètres de noeuds, le coeur qui galope à toute allure, les yeux qui clignotent sans arrêt. Subitement, j'ai 16 ans et c'est le Maroc, partout, partout.

Je ne parle plus français. Pas de A à Z en tout cas. Pas de bout-en-bout. Je parle franco-darija. Un dialecte mystérieusement fascinant, inventé au fil des ans, dans un pays mi-oriental mi-occidental, mi-cool mi-raoul, mi-n3na3 (menthe) mi-sorbet aux fraises.

Je ne parle plus français. Je ne parle plus anglais. Je ne parle plus espagnol. Je ne parle plus rien. Je parle avec les mains. Je gesticule (sans me remonter les testicules à chaque fin de phrase, quand même !). Je suis bavard, opiniâtre, enragé, vaguement engagé, énervé sans savoir pourquoi. J'ai une opinion sur tout. La guerre en Irak, la coupe du monde de foot, Barça-Real, Michael Jordan, la guerre en Afghanistan, le Tibet, les chinois, le prix des tomates, le prix de l'essence, l'huile d'argan, les français, les américains, Bob Marley, Maradona, Bruce Lee, Monica Belucci, le 11 septembre, la Palestine, Raja-Widad, Messi le messie, Michael Jackson, la saga Rihanna-Chris Brown, les français de Marrakech, DST, Mossad, FBI, NBA...

Je m'arrête au coin d'une rue, trop moderne, trop gratte-ciels, trop ça-sent-l'eau-de-javel et je veux un thé à la menthe. Ici, au milieu de tout ça, je voudrais vingt jeunes et moins jeunes testostéronés, six jeunes trop maquillées, trop parfumées, et des thés à la menthe, des cafés au lait (nss-nss), des jus-d'orange-de-banane à n'en plus finir. Et je sais. Ce serait ridicule. Et je sais. Ça ne passerait pas. Et je sais. Ce n'est pas si cool que ça. Mais il n'est pas question de raison ici. Il n'est pas question de logique ni de bon sens. C'est madame nostalgie qui frappe à la porte. Et je lui ouvre la porte les bras ouverts. Et c'est quatre chats qui dorment en dessous de vieilles voitures aux couleurs désormais indéfinissables, pour se réchauffer. Et c'est la médina au milieu de centaines de babouches et d'odeur insupportable de cuir et un cellulaire dernier cri, surgi de nulle part, qui émet une sonnerie folklorique. Et je veux qu'on me pince. Parce que c'est presque irréel. Parce que c'est presque incompréhensible. Si je n'étais né là-bas. Si je n'étais né ici. Si ce n'était les anachronismes qui pleuvaient depuis la naissance. Et c'est comme un vaccin à l'effet impérissable : ça reste pour toujours. Indélibile protection contre la surprise. Et on n'est jamais, mais plus jamais, bouche bée devant quoi que ce soit.

J'arrive au travail. Trop parfumé. Trop rasé. Trop after-shavé. Les cheveux trop gominés. Je prends le téléphone. Je change de message d'accueil. Et ça me réveille. Le 11 mars 2009. Vous avez bien joint la boîte vocale de...et non. On n'est pas en 1993. On n'est PLUS en 1993. On n'est pas au Maroc. On n'est pas à Rabat. Et personne, personne ce matin ne passera à côté en criant "MIYYYA. MIYYYA". Et personne, personne ce matin ne se bagarrera au coin de la rue. Et personne, personne ce matin n'essayera de te vendre le DVD du dernier Brad Pitt ou Angelina très-jolie à 10 DRHS. Et c'est comme ça. C'est ton choix Jean-Jacques. Ton choix.

Assume !

J'assume. Mais ma mémoire est là. Et je refuse de l'éteindre !


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Monday, March 09, 2009

Toujours là

Je suis toujours là. J'écris moins, c'est tout. Le travail. Le manque d'inspiration. L'hiver. Le sport (moins). Tout ça à la fois !

Je reviens très bientôt.

Le temps de perdre un peu de cette barriga qui "ne veut rien savoir" !

Qu'est-ce qu'il disait l'autre, déjà ? Avec le temps va, tout s'en va...

Pas vraiment. Il est des choses qui ne s'en vont pas.

Pas si facilement en tout cas !

À bientôt !

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