Monday, April 02, 2007

Le futur désert



Amine vient de m'en faire part et je suis détruit. Driss Chraïbi est mort. Hier, le 1er avril. Comme une dernière farce. Comme un poisson sous terre. Comme on disparaîtra tous.

Son livre le plus connu Le Passé Simple, publié en France en 1954, créa un tollé dans son pays d'origine, le Maroc. Je ne parlerai pas des raisons de ce tollé (suivi d'une longue censure) : c'est classique. Le livre, lui, était d'un verbe insolent, créatif, drôle, génial et souvent dur. Ce ne fut pas, pour moi, une lecture facile. Pas plus que ne le fut Nedjma de Yacine ou Le Pain Nu de Choukri. Mais ce fut le début d'une grande aventure. J'ai ensuite lu Vu, Lu, Entendu, Le Monde À Côté, L'inspecteur Ali; etc. Parfois, comme il arrive souvent avec les hommes de lettres, je m'essoufflais : les sujets revenaient, l'essence même de la pensée de l'écrivain réapparaissait et ce n'était plus la surprise du premier livre. Il y avait, cependant, toujours cet humour cinglant, audacieux, dont seuls sont capables les esprits libres de ce monde. Chraïbi était, à mes yeux, un esprit libre, un moqueur haut en couleur. Une sommité dans l'art de ne pas se prendre au sérieux, tout en évoquant des sujets très sérieux.

Au moment où je vous écris ces lignes, je suis vraiment ébranlé. Comme on l'est quand on perd un membre de sa famille. Comme on l'est quand une partie de nous-même s'en va, disparaît, s'envole. Parce que Chraïbi était, est une partie de moi.

Il me manquera.

Adieu Driss !


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At 2/4/07 5:06 PM , Anonymous Anonymous said...

Oui il nous manqueras, beaucoup de blogeurs lui rendent hommage aujourd'hui, il manqueras à beaucoup, il aura marqué beaucoup... mais n'est ce pas le destin d'un grand...

J'ai probablement eu la même expérience de cette littérature que toi, une littérature dure mais qui finis par nous emporter car elle est vrai et tant elle nous parle qu'elle parle de nous, le vrai nous ...

 
At 2/4/07 6:01 PM , Blogger Nina louVe said...

Naâm, je sais combien tu l'aimais. Et tu l'aimeras encore.

Mes douceurs pour ton chagrin

 
At 2/4/07 9:04 PM , Blogger Jack said...

Parlant de cette grande étoile du Maroc que je ne connaissais pas avant de te lire, comme tu parles bien de toi-même, malgré la tristesse et le manque, quand rejailli la liberté de la littérature, c'est-à-dire celle des artisans qui la font vibrer au-delà d'eux-mêmes.

 
At 3/4/07 7:24 AM , Anonymous Anonymous said...

Je ne connaissais pas. Je vais tâcher de combler mes lacunes...

 
At 3/4/07 10:32 AM , Blogger Onassis said...

Merci à vous tous pour vos beaux mots. Un grand homme nous a quittés !

 
At 3/4/07 6:49 PM , Blogger Nina louVe said...

Un grand homme reste

par

ses


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