Wednesday, March 28, 2007

J'ai quelques sujets comme ça

J'ai quelques sujets qui me tiennent à coeur. Quand j'en parle, j'ai le coeur qui bat fort. Je deviens rouge. Et je parle. Je ne le fais pas exprès. Je vis le sujet. Je le vis. Je le respire. Je le sens. Ce n'est plus le moi posé et timide. C'est le moi vivant et passionné. Parfois même, je m'emporte. Je m'énerve. Je suis hors de moi. Puis ça passe. Et je me calme.

J'ai quelques sujets comme ça.



La Palestine en est un. Certains me discréditent tout de suite : tu es arabe. Tu n'es pas objectif. Je suis presque d'accord. Presque. Car oui, je suis arabe. Du moins arabophone. La définition d'arabe étant un peu compliqué. Mais je ne ferai pas un Omar Aktouf de moi (dans une entrevue avec Foglia, il y a quelques années, répondant à sa première question "Alors, vous êtes Algérien ?", celui-ci aurait répondu "Non. Je suis Kabyle". Ceux qui connaissent Foglia auront deviné qu'il n'a pas raté ce pauvre Aktouf). Oui, je suis arabe. Dans le sens large du terme. Oui, ma langue maternelle est un dialecte de racine arabe (darija), truffé de mots français, espagnols et berbères. Passons à la deuxième affirmation : tu n'es pas objectif. Oui. Je ne suis pas objectif. La question est : qui l'est ? L'objectivité, existe-t-elle ? Est-ce qu'un Chinois peut être objectif quand il parle de l'horreur que les Japonais ont fait vivre aux Chinois ? Est-ce qu'un Japonais peut être objectif, quand il affirme que le Japon n'a rien fait à la Chine ? Et même quand il affirme le contraire et se veut objectif, l'est-il pour autant ? N'est-il pas poussé par cette rigueur qui le force à essayer d'être objectif, et par le fait même, fait en sorte qu'il ne l'est plus ? C'est une question philosophique. Je sais. Mais c'est une question éternelle. Éternelle et sans réponse. Alors, oui, peut-être que je ne suis pas objectif.

Cependant.

Cependant.

Je suis PRESQUE d'accord.

J'ai des objections votre honneur.

Primo, je ne fais pas partie de ceux qui nient l'existence d'Israël. C'est trop tard. Ils sont là. C'est fait. Il faut faire avec. Vous savez. La paix. La colombe blanche. Les mains qui se serrent. Toutes ces histoires. Oui. J'y crois. Enfin, je voudrais que ça arrive. Je le voudrais tellement.

Deusio, ç'aurait été le Chili que ça m'aurait énervé, cette histoire. Je veux dire. Une haine. Une deuxième guerre mondiale pleine d'horreurs. Un sentiment de culpabilité envers les juifs. Que fait-on ? On leur donne un bout de terre. Pour réparer l'injustice. Pour se sentir mieux. Moins coupables. Et alors ? Bein, c'est bien tout ça. C'est plein de bon sens. Sauf que...Sur ce bout de terre, vivait déjà un peuple. Depuis longtemps. Avec une histoire. Une culture. Une langue. Commence un long combat. Qui n'est toujours pas fini. Mais un combat injuste. Comme tous les combats, d'ailleurs. David et Goliath. Une armée des plus fortes au monde. Et des pauvres gens avec des pierres. Et puis, le terrorisme. Des bombes. Des suicides. Mais qu'est-ce que le terrorisme ? Quand Israël détruit des maisons (avec ses habitants), n'est-ce pas du terrorisme ? Quand on bombarde des populations entières, n'est-ce pas du terrorisme ? Et puis, je ne veux pas vous la jouer sentimental. Je ne veux pas vous écrire "enfants, femmes et vieux inclus". Pourquoi ? Parce que je m'en fous de ces histoires de vieux, d'enfants et de femmes. Un être humain est un être humain. Avec des droits. Peu importe son sexe et son âge. Il a des droits. Le droit à la dignité. Le droit au respect. Le droit à la vie, tout court. Pourquoi un Palestinien doit-il subir des humiliations chaque jour pour aller d'une ville à une autre ? Surtout qu'il est chez lui ? Pourquoi ? Au nom de quelle justice ? Pourquoi vivent-ils dans la misère, sans eau, sans accès aux choses élémentaires de la vie, à côté de riches secteurs juifs, protégés et prospères ? Au nom de quelle règle fait-on tout cela ? Y en a-t-il une, d'ailleurs ? S'il y en a une, dites-le moi. J'aimerais le savoir.

Tercio. Je m'en tiens aux faits. Voici ce que j'ai lu ce matin sur La Presse, dans un article titré "Le Canada refuse de recevoir un ministre Palestinien" : Le Canada avait été le premier pays, avant même les États-Unis, à suspendre en mars 2006 son aide financière. Ottawa avait annoncé à l'époque la suspension de son aide et de tout contact avec le gouvernement du Hamas, tant que le mouvement radical palestinien n'aurait pas renoncé à la violence et reconnu Israël.

Dites-moi une chose : est-ce qu'Israël a reconnu la Palestine ? Est-ce qu'Israël a renoncé à la violence ? Rappelez-vous ce qui s'est passé au Liban cet été. Rappelez-vous de la déclaration de Harper : "Une réponse mesurée". Mesurée ! Non, mais. On bombarde des villes, un aéroport, des autoroutes. Et on appelle ça, mesuré ! Prenez le dictionnaire Mr Harper, mesuré : Qui témoigne de modération, de retenue. Je n'ai vu aucune modération cet été, moi. Je n'en ai même jamais vu, concernant Israël.

Parce que fort d'un lobby puissant, parce que soutenu par les États-Unis (et les deux choses sont liées), et donc par le Canada (depuis qu'on a un gouvernement conservateur pro-Bush), parce qu'il sort à chaque bout de champs la carte "si vous me critiquez, vous êtes antisémites", parce que les médias sont extrêmement biaisés (toujours à cause du même lobby) Israël continue à jouer aux cowboys dans ce monde.
Sans loi. Mais avec une foi. Sans loi. Mais avec une foi. La foi que les Palestiniens ne valent rien. Qu'ils sont moins que des êtres humains. La foi que cette terre leur appartient. Ils en ont la preuve : C'est écrit. Et ils feraient tout pour la récupérer. La foi qu'avec la force, on gagne.

Avec la force, on ne gagne pas. On perd. Parce que l'injustice crée des fous. Et les fous font mal. Ils font mal à tout le monde. À eux. Aux autres. Et les autres, c'est nous. Et nous n'en voulons pas. Nous ne voulons pas de morts. Nous ne voulons pas de sang. Nous ne voulons pas de fous. Nous ne voulons pas deux poids, deux mesures.Nous voulons la paix.

Nous voulons la paix.

Je veux la paix.

La Palestine a le droit d'exister.

L'injustice doit arrêter.


Si on demande à La Palestine de reconnaître Israël, il faudrait demander aussi à Israël de reconnaître La Palestine.


J'ai quelques sujets comme ça.

Mais rassurez-vous. Je n'en parlerai pas tout le temps.

Le prochain texte traitera de la propension exagérée des phoques à parler pendant leur sommeil.


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At 29/3/07 1:52 AM , Anonymous Anonymous said...

Effectivement, tu soulèves un sujet douloureux auquel aucune réponse ne peut être donnée. Je suis effarée de voir l'homme s'entêter pour un bout de terre, fut-il israélien ou palestinien. Tous veulent la paix mais personne ne la signe ! n'est-il pas possible d'admettre que les uns et les autres vivent ensemble, autant sur le territoire des uns que celui des autres ? Mais l'intolérance est partout... Au nom d'une religion ou d'une couleur de peau, l'homme fait couler le sang. Cela dure depuis la nuit des temps. Les faits s'accumulent dans nos livres d'histoire, on dit "plus jamais ça" et c'est reparti de + belle. Bon, j'arrête là, autrement je vais en écrire autant que toi sur le même thème douloureux, auquel nulle réponse ne sera apportée...

 
At 29/3/07 8:56 AM , Blogger Reda said...

Quote : 'Quand j'en parle, j'ai le coeur qui bat fort. Je deviens rouge. Et je parle. Je ne le fais pas exprès.'

C'est vrai, la dernière fois tu m'avais rabroué pour avoir dit que cette histoire de Palestiniens je commençais à m'en lasser :)

Au fait, ça te branche un blogmeeting arabe (vu que t'en ai un) demain avec Loula, Houssein et qq autres ?

 
At 29/3/07 10:03 AM , Anonymous Anonymous said...

J'ai beaucoup aimé ton texte. C'est un sujet sensible mais tu as bien expliqué un point de vue que je partage. Souhaitons que ton texte sera lu et sensibilisera des gens.

 
At 29/3/07 11:45 PM , Blogger Onassis said...

Sarvane : Écris, écris. Fais comme chez toi :)

Reda : Ne redis plus jamais ça. Je suis rouge, là :)

Sam : Bienvenue. Je n'ai pas expliqué "longtemps". La note à donner est : Peut faire mieux. Mais pour un blogue et pour le temps que j'ai, j'estime que c'est suffisant...Espérons tous que plus de gens seront sensibilisés à cette situation. Car, heureusement, il y en a plus qu'on pense.

 

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