Monday, September 01, 2008

Ramadan ouvre ses bras

Premier jour du ramadan. C’est férié : on fête les travailleurs en Amérique du nord. Le reste du monde les fête le 1er mai. Mais nous sommes spéciaux. Nous sommes américains (du nord).

Il fait très beau. Je prends mon vélo et roule sur la rue Hochelaga. Métro Préfontaine, je tourne à droite et je continue jusqu’à la rue Ontario. Je vire à gauche. C’est une longue rue qui traverse une bonne partie de Montréal. Mais elle a des allures de ruelle dans ce quartier. Des gens assis sur des chaises devant un magasin. Une petite pharmacie. Un magasin « tout à un dollar ». Je sens la moindre odeur de bouffe. PFK, McDonald, Pizzéria. Rien ne m’échappe. J’ai faim. Mais pas si faim que ça. C’est psychologique. Enfin, c’est ce dont je me convaincs.

Un boucher arabe. Je rentre. Ça sent la Harira. Cette fois-ci, j’ai vraiment faim, point d’illusion. « Elle sera prête vers 15h00 », me lâche-t-il. Il a l’œil jaune et les cheveux légèrement gras. J’achète trois ou quatre petites bricoles et je lui promets de revenir pour la soupe. Avec une casserole. Il faut se ravitailler. Je reprends mon vélo et me dandine dans la rue. Quelle belle journée. Pourquoi n’a-t-il pas fait aussi beau pendant tout l’été ? La vie est injuste.

J’ai toujours faim. Et je me dis toujours que c’est psychologique. Dans la rue, quelques ventes de garage. Je m’arrête de temps en temps, deux ou trois minutes. Je cherche quelque chose à acheter pour les encourager, ou simplement pour faire une petite jasette. Mais je ne trouve rien à acheter : ils ne vendent rien qui se mange !

Quand je rentre chez moi, il est à peu près 14h. Je suis en sueur. Je jette un coup d’œil sur mes courriels. Rien à signaler. La presse. Rien à signaler. Skype, il n’y a personne. Je me mets devant la télé et regarde un match de tennis. Vénus Williams se balade contre une adversaire que je ne connais pas. Je devrais me mettre à jour côté tennis. Lendl ne joue plus, Sampras a pris sa retraite et Federer n’est plus numéro un mondial. J’ai du pain sur la planche.

Je reviens chez le boucher vers 16h00. Je suis en vélo. « Heureusement que tu arrives maintenant. Elle n’était pas prête à 15h00 ». Je souris. Je ne vais quand même pas lui dire que je savais. Je savais que 15h00 marocaine (il est marocain) est à peu près 16h00 canadienne. Pas de hasard, juste des statistiques.

J’ai une cocotte-minute remplie de Harira dans une main et l’autre main conduit, tant bien que mal, le vélo. Je me rends rapidement compte que monter une pente avec une cocotte-minute de Harira, devrait être déclarée discipline olympique. Je me trouve drôle, ridicule. J’aime cette sensation de ridicule. J’imagine les passants qui doivent rire à pleine gorge de moi. Je me trouve encore plus drôle.

Le coucher du soleil est à 19h 32. J’attends.

Il est 19h 45. J’ai déjà englouti un bol de Harira, deux dattes, deux chbbakias, un verre de jus et la moitié d’une assiette de Spaghettis. Qui dit mieux ?

Bon Ramadan !

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At 2/9/08 10:31 PM , Anonymous Anonymous said...

Bon ramadan, cher Onassis!
La harira était-elle bonne, au moins ?

Blanche

 
At 3/9/08 4:37 PM , Blogger Onassis said...

Merci Blanche. Oui, assez bonne...

 
At 4/9/08 10:21 AM , Blogger Houdac said...

ça m'a fait vraiment rigoler le fait de t'imagniner (de dos ;)) conduire le vélo avec ta cocotte...ça fait générique de film je ne sais pourquoi...

 
At 7/9/08 11:50 PM , Blogger Jack said...

(pas d'accent)

Harira, ca l'air comique
c'est quoi au juste cette soupe
(aux alphabets qui content des jokes?)

jd, Cuba. P.Q.

 
At 9/9/08 8:53 AM , Blogger Onassis said...

Houdac : Crois-moi, c'etait encore plus drole "live".

Jack : Une soupe marocaine. Mon grand-pere qui ne parlait pas francais disait toujours : Harira bien qui harira le dernier !

 

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