Wednesday, August 22, 2007

La maïeutique n'est jamais fortuite



Avertissement : L'auteur de ce petit texte ne veut en aucun cas vexer ou titiller la sensibilité de qui que ce soit. Il se pose des questions. Il cherche des réponses. En avez-vous ?

C'est une question qui me trotte depuis longtemps dans la tête.

Je regarde autour de moi. Je regarde les nouvelles. Je lis les journaux. Et c'est toujours la même chose : Quand est-ce que j'entends parler de problèmes avec les femmes voilées ? De problèmes d'intégration des immigrants ? Quand est-ce que les principes de laïcité sont évoqués à tort et à travers ?

Réponse : Dans les milieux francophones. France. Belgique. Québec.

Aux États-Unis, pays secoué par les attentats du 11 Septembre, les minorités vivent bien leur minoritisme (Ce sont les "autres" qui en bavent. Mais ça, c'est une autre histoire). En Grande-Bretagne, il n'y a jamais eu question, malgré plusieurs attentats islamistes et une certaine peur de l'endoctrinement de "certains" citoyens, d'obliger des femmes à se "dévoiler", à empêcher qui que ce soit de respecter un culte, etc. Ici au Canada, le Québec, toujours enclin à regarder la France et la suivre dans ses erreurs, est le seul à parler d'empêcher les femmes voilées de porter leur voile dans la fonction publique. Pas en Ontario. Pas en Colombie-Britannique. Pas même au Yukon (bizarre, non ?).

La France a une longue et tumultueuse histoire avec les Arabes musulmans. Leurs rapports conflictuels ne peuvent être étrangers au peu d'intégration de cette communauté en France (même analyse pour les Africains noirs. Il y a un rapport de colonisateur - colonisé qui fout tout en l'air...).

Pourquoi la Belgique ? Pourquoi le Québec (À part cette fâcheuse manie de la plupart des intellectuels québécois à lire des auteurs français peu recommandables comme son éminence BHL, sa majesté Glucksmann et d'autres bouffons médiatiques drôles malgré eux, et les citer comme si c'étaient les Saintes Écritures. On n'est pas en France ici ! On est en Amérique du Nord. Notre réalité est différente, bon dieu !) ?

Serait-ce la littérature francophone ? Serait-ce Tintin ? Seraient-ce Descartes, Camus, Rabelais ? Seraient-ce Zidane et Thierry Henry ? Serait-ce De Gaulle ? Serait-ce Ophélie Winter ? Arielle Dombasle ?

Éclairez-moi. Car parfois, souvent même, je n'y comprends rien.

PS : Les raccourcis paresseux sont à proscrire.

Merci d'avance.


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<$I18NNumpersonnes$>:

At 23/8/07 6:07 AM , Anonymous Anonymous said...

Je reviens juste de vacances et hop là, je tombe sur ce texte. Prise de tête, prise de conscience, et je crois bien que je m'y perds autant que toi :-(

 
At 23/8/07 2:51 PM , Anonymous Anonymous said...

Loin de moi l'idée de gâcher ton retour des vacance chère Sarvane. Mais la question se pose, n'est-ce pas ?

J'espère que tu t'es bien reposée...

 
At 24/8/07 12:48 AM , Anonymous Anonymous said...

Je crois que c'est d'abord une question de moeurs. Aux moeurs d'un pays ou d'une culture donnés correspond une méthode d'intégration des immigrants.

Aux États-Unis, c'est le melting pot ou assimilation, avec pour objectif de rendre homogène l'hétérogène en rassemblant les masses autour d'une idée commune : le rêve américain. C'est la politique intérieure des États-uniens, mais c'est aussi leur politique étrangère : rendre le monde homogène avec l'idée de démocratie.

En France, la tendance a longtemps été au communautarisme puisque les minorités ne pouvaient revendiquer leur droit à la différence dans une société prônant des idéaux républicains, égalitaires et laïcs. Ici aussi, la politique intérieure française est (était) convexe à sa politique étrangère. Dans les pays qu'elle colonisait, l'autochtone n'était pas intégré aux sphères du pouvoir. Il y avait les quartiers français et les autres.

En Angleterre, on a adopté le modèle du multiculturalisme. On croit que "les enfants d'immigrés se sentiront davantage chez-eux si l'environnement dans lequel il évolue est propice à l'expression des différences culturelles" (Wiki). Encore une fois, politiques intérieure et étrangère se confondent. Pendant leurs vagues de colonisation, les British avaient l'habitude d'intégrer les "autochtones" au pouvoir.

Au Canada anglophone, on a hérité du modèle anglais anglais, que l'on appelle ici la mosaïque culturelle. Au Québec, on a adopté le modèle british, mais en l'adaptant à la française.

Bon, voilà, je crois que j'ai assez fait étalage de ma culture en socio :-)

 
At 24/8/07 9:14 AM , Anonymous Anonymous said...

Oui, cher Onassis, la question se pose, malheureusement ! L'intolérance ne devrait pas exister.
Autrement, je suis bien reposée, et toi ?

 
At 24/8/07 9:16 AM , Anonymous Anonymous said...

Redactrice : Tu nous donnes des explications mais pas les raisons : Pourquoi la France, Dans les pays qu'elle colonisait, l'autochtone n'était pas intégré aux sphères du pouvoir. Il y avait les quartiers français et les autres ?

Il y a ce qu'on sait et ce qu'on comprend (ou pas);)

 
At 24/8/07 11:47 AM , Anonymous Anonymous said...

Sarvane : Bien reposé, mais un peu dans le jus en ce moment.

Merci de demander...

 
At 24/8/07 12:47 PM , Blogger Reda said...

J'en parlai justement avec Leaticia Casta l'autre jour et c'est ce qui nous sautait aux yeux : Un tel débat ne pourrait jamais avoir en Ontario par exemple.
Les raisons ? I dont know. Peut-être c'est reliée à la langue :) On ne réfléchit pas et donc on ne réagit pas de la même manière selon la langue dans laquelle on fait cet exercice.
Il y a d'autres raisons que je me garde de mettre ici pour rester politically correct.

 
At 24/8/07 1:12 PM , Anonymous Anonymous said...

Je veux entendre ces raisons moi Reda! À quand le prochain souper? haha

Je parlais justement de ces différences hier soir au resto avec deux copines. Nous en sommes restées à la réflexion. Toujours pas de réponse, du moins, que des ébauches.

 
At 25/8/07 6:44 PM , Blogger Jack said...

This comment has been removed by the author.

 
At 25/8/07 7:05 PM , Blogger Jack said...

Voyons! voyons! En Ontario, il y a eu le débat sur la charia, débat qui a inspiré une pétition internationale et loin d'être supportée que par les seuls francophones! Le problème est à mon sens très mal posé. Par exemple, entre le Québec et la France, il y a des kilomètres de différences (loi sur la laïcité, l'inscription de la res republica dans les institutions alors que le Québec a des institutions de type britaniques tout en étant une société profondément chrétienne et ce, malgré les prétentions de la révolution tranquille... et un profond refoulement sur le plan spirituel. Maintenant qu'en est-il en Suisse? En Haïti? En Louisiane? Qu'en est-il en campagne versus la grande ville? Qu'en est-il des médias versus le monde de tous les jours? Je prends quotidiennement ma pause avec une collègue algérienne voilée. Je ne la vois plus! Mais lorsque j'ai vu dans le fin fond de l'Île-du-Prince-Édouard une grappe de femmes en noir de pied en cap avec juste une petite fenêtre pour respirer, j'avoue que j'ai été surpris. Tout comme il était, j'imagine, surprenant pour des femmes chinoises de voir une occidentale début 1970. Ma belle-mère fit le voyage à cette époque et dans la rue, les femmes l'arrêtaient, voulaient la toucher... Tout comme ce collègue étudiant originaire du Rwanda qui un jour tomba en panne à Amqui! Tout l'après-mide, il a dû attendre son auto et s'est baladé dans le village avec sa marmaille. Que pensez-vous? Que ces noirauds ont passé inapperçus? Les gens en auto s'arrêtaient pour leur parler...

Réduire ces phénomènes humains et éthiques complexes (soit le vivre ensemble dans un monde de différences, à commencer par la différence homme/femme)à un groupe culturel en particulier ou une nation (ici les «francophones» et même certains francophones»)ne me semble pas porteur de sens éclairant et ne participe pas à la co-construction du dialogue.

Parlant de dialogue, la commission dont j'ignore le nom ne donnera ne débouchera pas sur un ciel pavé mur à mur! Mais préfère-t-on que les gérants d'estrades des lignes ouvertes ou encore les opportunistes à la Dumont occupent tout l'espace de la discussion publique? Il se trouve chez les commissaires l'un des philosophes les plus en demande au monde (Taylor)... Pensez-vous vraiment que ces intellectuels établis parmi les plus rigoureux du monde universitaire ont intérêt à se discréditer? Laissons donc ouverte les possibilités de co-construction du sens(nécessairement collective) quand l'intention est manifestement bien intentionnée.

 
At 26/8/07 8:49 AM , Anonymous Anonymous said...

Jack : Je ne parle pas des cas de "touristes" (cas de l'occidentale en Chine et du Rwandais...). Je parle de citoyens. En Ontario, le debat a commence parce qu'il y eut demande de changement de loi (ou plutot d'implnater celle de la Charia). Et c'est legitime. Au Quebec, beaucoup de gens parlent des femmes voilees, de leur "misere", alors qu'elles n'ont rien demande. Elles ne demandent qu'a vivre et qu'on les laisse tranquilles. Me semble que si une personne a envie de se mettre un fichu sur la tete, elle a le droit ! Eh bien, ce genre de debats n'existe que dans les pays francophones et, precision que j'ai omise, "occidentales". Haiti a d'autres chats a fouetter...C'est toujours dans une envie de "sauver l'autre"....
Quant a la commission, je suis pour...(clavier anglais)

 
At 26/8/07 11:21 AM , Blogger Blanche said...

Une piste d'explication pour les Etats-Unis: lors de mon récent séjour aux Etats Unis, j'ai été très suprise de voir aussi peu de femmes voilées (par rapport à l'Europe). Deux raisons possibles à cela: l'assimilation 'gomme' les traits distinctifs d'appartenance à une religion, ou bien les musulmans ont tellement peur d'être stigmatisés depuis le 11-Septembre qu'ils se font discrets.
Qu'en penses-tu, Onassis?
(Sorry, au lieu de répondre, je pose encore plus de questions...)

 
At 26/8/07 2:41 PM , Blogger Jack said...

Un jeune stagiaire étudiant en médecine français que nous avons reçu cet été a remarqué qu'ici les femmes voilées pouvaient travailler à l'hôpital, ce qui n'est pas le cas en France. À mon travail, il y a, mais c'est nouveau, au moins trois filles qui portent le voile. A ma connaissance, personne n'a soulevé quoi que ce soit de négatif à cet égard. Des visages interrogateurs, si, bien sûr. D'où la question «touristique» qui renvoie à mon sens à la notion de l'étranger. Un étranger fait peur ou bien encore renouvelle la vue que l'on avait du monde. Toute l'histoire de l'humanité est une énorme boîte à fleurs de touristes qui parfois se verse là et prend racines et poussent de vieux arbres, comme c'est le cas pour les Québécois depuis plus de 400 ans. Mais l'étrangeté est loin, loin d'être réglée! Une femme voilée ne me dérange pas, et j'en suis convaincu, indiffère la majorité. Un homme qui porte des plumes non plus. Mais un homme qui refuse de se faire soigner par une femme médecin ou arrêter par une femme policière et dont on associerait cette «valeur» à un droit individuel respectable parce que religieux, cela pose évidemment un conflit de valeurs dans une société qui vient de passer 100 ans à digérer l'égalité des hommes et des femmes. Ce n'est qu'on exemple. Pour sortir de l'argument fallacieux de la langue ou de l'ethnie... La France est un carrefour de population depuis des siècles. Mais au sortir de la décolonisation, la manière de parquer les immigrants dans les cités constitue une faillite monumentale et qui me peine profondément. Par ailleurs, le Québec, minuscule société tricotée serrée est différent de l'Ontario. Toronto a explosé démographiquement avec l'apport d'immigrants et l'intégration sociale est à l'américaine, c'est-à-dire que tout le monde parle anglais. La société québécoise est différente, non pas parce qu'elle est en majorité francophone, mais d'abord parce que ce fut une société colonisée, considérée comme arriérée et ce jusque dans les années soixante. Le racisme, l'ostracisme, cela a existé et existe encore. Cela a donné une société extrêment fermée et dirigée pendant plus de 100 ans (1840 -1960) par une oligarchie Église-État+ capital anglais. Malgré tous ses défauts, je crois que le Québécois, en tous les cas les Montréalais d'aujourd'hui sont ouverts sur le monde, aiment les gens venus de tous les horizons et s'identifient au visage «mondialisé» de leur culture. Sur le plan des idées, je crois qu'on trouve ici des choses intéressantes et originales en arts, en philosophie et même en économie. La floraison d'artistes de toutes origines montre bien que le public dans sa très vaste majorité est friand de beauté et d'authenticité. Qu'ils s'en trouve des plus chatouilleux en ce qui concerne des signes religieux (dont pas grand monde explique la signification), cela peut se comprendre par la bataille énorme qui s'est livrée ici - sans qu'une seule goutte de sang ne soit versée!! - en vue de se débarrasser d'un pouvoir rappetissant.

Qu'il s'en trouve d'autres intolérants, bouchés, qui lancent des pierres, cela m'attriste comme a chaque fois que je réalise qu'une personne devant moi ne m'aime pas «juste à me voir la bine»! Jamais on aura tout le monde de notre côté. Celui du respect, de la liberté. La liberté se construit aussi collectivement. Le fait est que dans la société canadienne, depuis 1982, les droits et libertés
sont presque exclusivement interprétés par la lorgnette des droits individuels (jugement sur la langue, le kirpan, etc.) Cette conception libérale présuppose que l'individu est le centre le la société, qu'il est comme une île déserte, indépendant de tout. Où est le vivre ensemble? Où sont les points faibles qu'il faudrait consolidés? Quelle niaiserie héritée de Pierre Trudeau qui ne voyait dans sa lunette de juriste que le droit ne règle pas tous les conflits. Tout le monde est invité à la table. Voilà le seul principe humain qui me tient à coeur.

(je ne me relis pas...)

 
At 26/8/07 6:29 PM , Anonymous Anonymous said...

Êtes-vous allé en Angleterre? On réalise maintenant que cette entreprise qu'est le multiculturalisme ne fonctionne pas et la même réflexion commence à se faire en Ontario.

Je vais régulièrement aux USA pour le travail. On ne porte pas le voile là-bas parce qu'on n'ose pas le faire. Tout simplement.

Que dire de ce qui se passe en Australie? En Hollande ou deux meurtres de personalités à caractères religieux ont fait du pays le plus ouvert au monde un pays de plus en plus intransigeant avec les musulmans.

Tous les pays ayant eu affaire à une immigration importante connaissent des problèmes. Je ne connais pas d'exceptions.

Avant de se montrer "ouvert", chaque pays a d'abord la responsabilité d'assurer que les religions à la mode ne viennent pas modifier les moeurs locaux car des conflits s'en suivront.

Quand on change de pays, on adopte les moeurs locaux, on apprend l'histoire locale et la langue locale. On ne laisse pas tout tomber mais socialement l'immigrant a le devoir de s'intégrer le mieux possible au pays d'acceuil tout en apportant des éléments pouvant enrichir ce pays. Au lieu de cela, certains nouveaux arrivants, heureusement il s'agit d'une minorité, utilisent nos lois pour modifier des habitudes locales, habitudes qui caractérisent chaque pays et pour créer des précédents (charia et tout le reste).

La chose m'apparaît très simple.

Accent Grave

 
At 27/8/07 10:49 AM , Anonymous Anonymous said...

Chers amis, merci d'avoir participé à ce "débat". Je suis content d'avoir poussé à la réflexion. Nous sommes loin de créer un consensus autour d'une seule idée/explication. Toutes les opinions/questions posées ont été à la hauteur de la problématique.
L'avenir nous dira ce qu'il en sera de notre cher Québec et des autres pays/provinces de ce monde.

La vérité n'existe pas après tout.

Merci.

 
At 28/8/07 12:04 PM , Blogger Leguepard said...

Voici 2 éléments de réponse, parmi tant d'autres:
- la tradition révolutionnaire et universaliste française, qui veut que tout le monde se ressemble, et que tout ce qui est différent est mal. La France révolutionnaire a mis à feu et à sang l'Europe pour se conformer à cet idéal...
- la tradition rationaliste, cartésienne, de la pensée française versus la tradition empirique des anglo-saxons (Hume & co). Dans le 1er cas, on construit des schémas intellectuels et on s'efforce de faire entrer la réalité dans ce cadre. Dans le 2eme, on résout les problèmes au cas par cas, sans poser de questions de principe à propos de tout.

Maintenant, je ne connais pas le Canada, et je n'ai aucune idée de l'influence de ces idées sur les mentalités.

 
At 28/8/07 12:07 PM , Anonymous Anonymous said...

Leguepard : Très intéressant ! Le Canada ? Monarchie britannique honorifique. Influence britannique. Le Québec se "distingue" car francophone...

 

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