Wednesday, November 01, 2006

L'insignifiance du quotidien

Il y a un peu de vaisselle qui traîne. Une machine à laver qui tourne. Le début d’un cyclone peut-être. Il y a cette fenêtre dans cette cuisine. Et quelques feuilles d’arbres jaunis qui me font de l’œil. Ils avancent et reculent au gré du vent, le Dieu des caprices. Je suis là. Sur mon trône. Roi oisif d’une propriété sans âme. Je suis là. Mes pensées raisonnent mais ne font pas de bruit. Mes pensées frappent le mur, l’horloge bavarde, le poêle orphelin. Elles rebondissent vers moi. Elles tentent de rentrer dans mon cerveau. Je n’en veux pas. Je viens de les penser. Elles ne m’appartiennent plus. Je les brasse un peu et les revomis. Elles ne reviendront plus cette fois. Étourdies, elles s’échoiront par terre. Ou dans le bac de recyclage. Ou dans le frigidaire. Ce qui en fera des pensées froides ou gelées, ou encore recyclables. Je reste sans pensées. Et je regarde le soleil. Et je guette le bruit des voitures qui passent. L’horloge continue son bavardage. Elle est sans répit, ambitieuse et pleine de volonté. Toutes les qualités que je n’ai pas. Je ne l’aime pas. Je la tolère. Sugar-Crisp Jumbo sourit. Un sourire heureux. L’air de dire qu’un bol de céréales c’est bien, mais que deux c’est mieux. Je ne lui rends pas son sourire. De sourires, je suis économe. Quelques bouteilles de vin me guettent. Elles me montrent toutes leurs têtes. Tête rouge, tête noire, tête boisée. Vous ne perdez rien à attendre. Votre tour viendra. La machine à laver s’arrête. Le cyclone n’aura pas lieu. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. L’horloge a maintenant le monopole du bruit. Le frigidaire lui empoigne le pas. Les feuilles des arbres dansent. Le ciel nous regarde. Je m’avance vers la-machine-qui-tournait. Opération chirurgicale. Membres internes amputés. Étendus sur une corde. À sécher. Routine. Machine-qui-tournait habituée. Chirurgien habitué. Je retourne sur mon trône. Le clavier m’attend. Nous partons pour une autre randonnée. Ainsi va la vie. Ainsi va la vie.

<$I18NNumpersonnes$>:

At 1/11/06 11:05 PM , Blogger Nina louVe said...

Ouais! Ainsi va la vie. Tics tocs d'horloge et pensées redondantes ou lancinantes. L'âme se cherche, l'âme s'évide. Ainsi va la vie là.

 
At 2/11/06 8:13 AM , Blogger Titif said...

La routine est certes déconcertante, l'ennui est certes dégoûtant mais tes mots en font un art enivrant.

 
At 2/11/06 10:59 AM , Anonymous Anonymous said...

Tu as si bien décrit la routine qu'elle en est devenue belle et endurable ;-)
Sors Onassis et braves le vent et les feuilles qui te narguent. C'est le temps des ballades fraîches et des rues mi-désertes... juste des feuilles, juste du vent et quelques badauds comme nous …

 
At 2/11/06 10:59 AM , Blogger Onassis said...

Titif : Merci !

 
At 2/11/06 11:41 AM , Blogger Onassis said...

voisineDuLab : Je remercie mes parents, mon chat(que je n'ai pas), le livreur du dépanneur, la gardienne de bébés (que je n'ai pas), le fleuve St-Laurent, Le Canadien de Montréal et Robert De Niro..:)

Une personne encore marquée par l'Adisq..:)

 
At 2/11/06 12:53 PM , Anonymous Anonymous said...

Le quotidien peut avoir aussi du bon. Le tout, c'est de ne pas s'y enliser en fermant nos écoutilles. Et de toi, rien à craindre ! Allez, on se reprend...

 
At 2/11/06 1:43 PM , Blogger Onassis said...

On se reprend Isabelle...

 

Post a Comment

Subscribe to Post Comments [Atom]

<< Home