Maintenant, j'ai honte.

Avant je n’avais pas honte.
D’abord, il y eut Chrétien. Maladroit. Seul humain à avoir deux deuxièmes langues et aucune maternelle. Je n’avais pas pour autant honte. Je me disais que le prochain ne pouvait être pire. J’en suis même venu à espérer l’arrivée de Paul Martin. Il me semblait qu’il ne serait pas mauvais, pas si pire. Il me semblait qu’il s’en sortirait bien. Et Paul Martin est venu. Et le scandale des commandites éclata. Et Paul Martin a commencé à bégayer. Et Paul Martin a commencé à (mal) se défendre. Et Paul Martin est reparti aussi vite qu’il était venu. Arriva Harper. Harper et ses troupes en Afghanistan. Harper et son refus d’aider la Palestine. Harper et son conservatisme puant. Harper et l’avortement. Harper et l’environnement. Harper et les homosexuels. Harper et sa coupe de cheveux de bon élève. Harper et les Américains. Dis-moi Stephen, es-tu premier ministre du Canada ou d’un autre état Américain ? Dis-moi Stephen, qui t’a élu ? Ne sais-tu donc pas qu’ils ont voté pour toi pour ne pas voter pour les autres ? Pourquoi tu ne te tiens pas à carreau et tu nous laisses tranquilles ? Paisibles Canadiens d’un petit pays, qui n’a aucune ambition que de vivre en paix et de promouvoir la paix. Promouvoir la paix. Pas promouvoir les intérêts américains.
Maintenant, j’ai honte.
Quand je voyageais et qu’on me demandait d’où je venais, je répondais tranquillement : « Je suis né à….. Je vis présentement au Canada ». Je répondais Tranquillement. Sans aucune trace d’agitation, d’excitation ou de nervosité. J’étais bien. Si j’étais avec ma blonde et que je parlais français, on me demandait pourquoi on parlait français. « Vous savez le Canada est un pays bilingue.. ». Je savais au fond de moi que ceci n’était pas vrai. Le Canada n’est pas bilingue. Il l’est de temps en temps. Ça dépend où, ça dépend qui. Allez en Alberta, dans un dépanneur du coin et essayez de vous faire servir en français. Je vous souhaite bonne chance. Beaucoup de chance. Je savais, donc, que ce n’était pas vrai. Mais il y a le Québec, les franco Ontariens, les Acadiens…et je ne peux que leur faire honneur. Je vis au Canada. Dans une province qui se veut un pays, mais qui a du mal à se décider. Je vis au Québec. Belle place que le Québec. Mais là aussi, j’ai honte. Parce qu’il y a une tâche au Québec. Un certain Charest. Un bouffon de première. Un bouffon qui a coûté cher aux Québécois. Mais ça c’est une autre histoire…
Maintenant j’aurais honte.
Je dirai que je vis au Canada. Puis j’éternuerai. J’ai des allergies en été, moi. J’éternuerai. Et je parlerai du beau temps, de la pluie, de n’importe quoi. Peut-être même que la personne qui me le demandera ne saura pas où se trouve le Canada. Ou qui est Harper. J’espère. Parce que sinon, je me ferais tout petit. Il n’y a pas de quoi être fier. Il n’y a pas de quoi se vanter.
Quand la femme de mon oncle (qui est Française) me dira encore : pour nous, vous êtes un pays annexé. C’est comme ça qu’on vous voit. Je m’énerverai peut-être. Mais je m’énerverai moins. Parce que je n’aurai pas d’arguments. Elle aura finalement raison. Même si ça fait mal quand ça vient des autres. Mais n’est-ce pas vrai ? N’est-ce pas que le Canada n’a plus aucune crédibilité mondialement ?
Maintenant, j’ai honte. Très honte. Vivement le prochain gouvernement. Je préfère les scandales internes qu’externes. Je préfère les commandites à l’Afghanistan. Je préfère un Canada fragile et qui fait rire de lui à un Canada dangereux et qui fait pleurer les autres.