Thursday, October 12, 2006

Songes d'automne dans le mont Sutton



Un samedi à midi. Un soleil insolent. Un été indien. Les Cantons de l’est. Le mont Sutton. La féerie. Les arbres rouges. Les feuilles mortes, mais pleines d’espoir. Les bons-vivants. L’amitié. La brise montagneuse. Et le soleil. Et le soleil. Et les sourires. Et la camaraderie dépourvue de tout protocole. Nous sommes montés. Moi, la panse vide. C., la panse pas si vide. Mais qu’importe. Quand la magie se présente, quand la magie s’invite et nous invite, on croque à pleines dents. Et on monte. J’ai été, le temps d’une escalade, le pèlerin de Compostelle. J’ai été le pécheur qui cherche la vérité. J’ai été le martyr de ces hauteurs. J’ai respiré ces airs purs d’une nature qui résiste encore et toujours aux assauts de l’homme. J’en ai fait le plein dans mes poumons. Et ça fait une semaine que je ne respire plus. J’ai respiré. Et ce fut le bon vieux temps. J’ai respiré la pureté. J’ai respiré la poésie. J’ai respiré la musique du vent. J’ai respiré les sirènes déguisées en feuilles. Je ne peux plus respirer. Après le rêve, rien. Après l’extase, l’abstinence. Je te veux, ô Dieu de la beauté, toujours aussi présent, toujours aussi inspiré, toujours aussi artiste. Je te veux. Ne me déçois pas. Et nous sommes descendus. Et le téléphérique. Et nous planions. Et nous volions. Et les sourires ne pouvaient s’évanouir, tellement le bonheur était palpable, tellement la beauté était manifeste. J’ai été, le temps d’un envol, l’arrogant voyageur, l’insolent heureux, le naïf marin des airs. J’ai rêvé les yeux ouverts que je n’étais plus un homme, que je n’étais pas un vulgaire oiseau, que je n’étais pas un simple vivant. J’ai rêvé les yeux ouverts que la vie n’était qu’un mirage. J’ai rêvé que j’étais le feu et le vent, la mer et ses poissons, le ciel et ses nuages. J’ai rêvé que nous étions tous frères et que la mer, salée et ô qu’accueillante, serait notre dernier royaume. J’ai tellement rêvé. J’ai tellement vécu. Le temps d’un après-midi. Le temps d’une féerie. Le temps d’une fantasmagorie réelle. Le temps d’une vague infinie. Le temps d’un songe d’automne.

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At 13/10/06 7:10 AM , Anonymous Anonymous said...

Ce sont après des moments d'une telle intensité que l'on apprécie encore + la vie...

 
At 13/10/06 8:03 AM , Blogger Jack said...

Entendre parler de si belle manière de son pays, les Cantons-de-l'Est, il y a matière à devenir chaud vin! Malgré la pleine lune de la semaine dernière, j'espère toutefois que ce n'était pas encore l'été Indien, qu'il se pointera pour les nomades imaginaires, après un gel et avant le début de l'enfer blanc. Quant à ce dernier repos que tu esquisses dans la mer, dis-moi de quel feu il faut être baptisé pour le mériter.

 
At 13/10/06 11:05 AM , Blogger Onassis said...

Jack : J'aime le "chaud vin"...quant au feu, je suis de ceux qui croient que peu importe le feu, la langue, la confession, quand on est bon et fou, reveur et grand coeur, on ira tous a la meme place, a la meme mer..

(je n'ai pas d'accents sur mon clavier)

 
At 13/10/06 11:00 PM , Blogger Jack said...

Je crois bien être un fou allié, en effet, rêveur mur à mur et mon coeur est un hypo tam tam. Mais va-t-on m'accepter dans ce Jardin marin, dans les bras de la mère des mers? Je ne sais pas très bien nager et je risque de faire partir les sirènes.

 
At 14/10/06 11:15 AM , Anonymous Anonymous said...

ça me donne envie...je vais à la fin du mois au quebec voir ma fille à montréal: verrais-je encore l'été indien ? et ses couleurs pourpres ?

 
At 14/10/06 3:22 PM , Blogger Nina louVe said...

Et moi lectrice du même siècle, je suis allée entre vos mots, renifler les effluves de l'automne. Et le ciel est entré dans mon ventre.

L'encre noir épouse la lumière de l'iris

Je ne ferme pas les paupières ici

 
At 15/10/06 10:17 AM , Blogger Onassis said...

lesYeux : Vous risquez...ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89t%C3%A9_indien, ils donnent une idée de la période de l'été indien.
Bienvenue au Québec.

Jack : Je ne sais pas nager non plus, mais peut-être apprendra-t-on ?

Nina : je crois que le ciel est encore dans votre ventre. Car aujourd'hui, il est si bas qu'il faudrait lui pardonner :)

 
At 15/10/06 1:45 PM , Blogger Jack said...

Onassis, Nina, à moi de partir à rire! Le raccourci du ciel qui se ramasse dans le ventre lumineux de l'une - on entend lune - et la réplique taillée comme une flèche de l'autre vont faire ma semaine. Le surréalisme n'est pas mort!

 
At 15/10/06 1:52 PM , Blogger Onassis said...

Le surréalisme n'est, effectivement, point mort. Et c'est Nina qui lui donne ses lettres de noblesse...Onassis, lui, fait le bouffon et rit à pleines dents.

 
At 16/10/06 10:26 PM , Blogger Nina louVe said...

Le songe est resté. Et votre sourire à pleines dents ne fait que l'animer. Le ciel monte jusqu'à ma tête... Cyan l'horizon.

 

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