Tuesday, August 11, 2009

Sept jours et sept nuits

Il avait 22 ans et les cheveux longs. Elle avait 20 ans et des petites dents. Il avait les yeux noirs et la tête pleine d'espoir. Elle avait les mains longues et aimait sortir le soir, tous les soirs.
Ils sortaient.
Tous les soirs.

Un jour il lui dit : "M'épouserais-tu ?".
Elle lui répondit : "Ça dépend. Si sur tes épaules tu me levais et pendant sept jours tu marchais".
Il la mit sur ses épaules et pendant sept jours, il marcha.
Dans son village, dans leur village, tout le monde se moquait de lui, tout le monde le pointait du doigt. Il ne les regardait même pas. Son coeur frappait fort et peu importait le vent et peu importaient les cons, lui il l'avait sur ses épaules, lui il l'aimait. Eux ils allaient se marier. Eux, c'était pour toujours, pour tous les jours.

Sept jours passèrent et la sueur sur le front, il la déposa finalement devant chez elle, exténué mais amoureux, épuisé mais rêveur.
Elle lui sourit et lui dit : "M'épouserais-tu ?"
Il lui sourit et répondit : "Ça dépend. Si pendant sept jours, tu chantais pour moi, des poèmes sortis tout droit de ton esprit et pendant sept nuits tu me berçais, pleine d'amour et de bonne foi."

Et pendant sept jours, elle lui chanta les plus beaux poèmes jamais chantés et pendant sept nuits, elle le berça, dans ses bras enveloppants il se sentit maître et roi.
Dans son village, dans leur village, tout le monde se moquait d'elle, tout le monde la pointait du doigt. Elle ne les regardait même pas. Elle, elle l'aimait. Et son amour en soie allait braver tous les ricaneurs de ce monde. Et son don de soi allait défier toutes les règles et toutes les lois. Eux ils allaient se marier. Eux, c'était pour toujours, pour tous les jours.

Elle perdit la voix et il ne put plus jamais réentendre son doux chant récitant ces beaux poèmes que, d'amour, elle inventa.

Il perdit la foi. Car un tel destin, comment et pourquoi ?

Ils vécurent heureux. Elle muette. Lui incroyant. Elle d'un amour silencieux. Lui amoureux sans dieu.

Ils eurent treize enfants. Six chanteurs. Six coureurs. Et un enfant volage; que jamais on ne sut, si fille ou garçon, si humain ou mutant.

Il tomba malade la veille de ses soixante-dix ans et en sept jours et sept nuit, c'était fini.

Dans le lit de sa mort, il la regarda dans les yeux et lui demanda :"M'aimes-tu ?".
Elle lui sourit et lui dit "Oui. Depuis le premier jour. Depuis le premier regard."
Incrédule et mourant, il la regarda "Mais..tu parles !". Elle lui sourit et lui murmura "..." Il mourut, mi-heureux mi-confus, avant d'entendre ce qu'elle lui dit.

Depuis, chaque jour elle chante sur sa tombe mais jamais, jamais à un être humain, son mutisme volontaire elle n'expliqua.

Labels:

<$I18NNumpersonnes$>:

At 12/8/09 6:00 PM , Anonymous esteban said...

J'aime bien ton histoire toute douce, toute poétique.

 
At 12/8/09 9:17 PM , Blogger simo s no man land said...

une histoire que chacun de nous aurait aime vivre...une histoire pliene d humanite et de lyrisme... j adore.
thank s again

 
At 13/8/09 2:50 PM , Blogger Onassis said...

Esteban : Merci ! Ça faisait longtemps !

Simo : Merci de me lire !

 
At 14/8/09 9:25 AM , Anonymous Reda said...

Merci de partager :)
le rythme du récit m'a rappelé une chanson de Abdelmalek de son 1er album avec la même thématique (me rappelle pas du titre)

 
At 17/8/09 10:38 PM , Blogger Onassis said...

Reda : Merci d'avoir lu...je ne connais pas cette chanson. J'ai son deuxième album, mais du premier, je ne connais que "Gibraltar" !! Lequel est meilleur, le 1er ou le 2ème ?

 
At 18/8/09 9:13 AM , Anonymous Reda said...

Jai bcp plus aimé le premier. Ceci dit, ce n'est pas ecatement ce que j'écoute le plus comme genre de musique :) Mais je te le recommande.

 

Post a Comment

Subscribe to Post Comments [Atom]

<< Home